La confirmation de Kodjo pousse Kabila à rompre le silence

Vendredi 8 avril 2016 - 10:59
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Après ses consultations aussi bien à Kinshasa qu’à l’étranger, le Togolais Edem Kodjo vient d’obtenir officiellement le mandat de l’Union africaine pour la facilitation du dialogue politique national inclusif appelé de tous ses vœux par le chef de l’Etat. La mise en place du comité préparatoire du dialogue et la convocation de ce forum ne devaient plus tarder. La machine du dialogue est donc relancée, obligeant, de ce fait, Joseph Kabila à rompre le silence.

 

Voilà six mois que le chef de l’Etat, Joseph Kabila, a signé une ordonnance convoquant le dialogue politique. Six mois pendant lesquels ce forum a battu de l’aile au point que l’opinion nationale n’y croyait plus. Et pour cause. De nombreuses divergences au sein de la classe politique. Sans se faire prier, la Commission de l’Union africaine décidera de s’impliquer en déléguant à Kinshasa le Togolais Edem Kodjo en vue de mener des consultations entre les différentes parties au dialogue.

 

Edem Kodjo, qui a pu s’entretenir avec tous les acteurs politiques et sociaux congolais, dont Etienne Tshisekedi à partir de son séjour bruxellois, est reparti de Kinshasa avec une idée précise du dialogue proposé par Joseph Kabila. Toutefois, beaucoup d’eau a coulé sous le pont depuis le départ de l’émissaire de l’Union africaine. Le Togolais s’était presqu’évanoui dans la nature.

 

Nenni! En réalité, Edem Kodjo travaillait à l’ombre, tentant sous les ordres de sa patronne, la présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, de rassembler tous tes éléments du puzzle pour trouver une issue au dialogue politique en RDC. Depuis e 6 avril 2016, l’Union africaine semble avoir levé une option. Elle a confirmé Edem Kodjo dans ses fonctions de facilitateur du dialogue politique en RDC.

 

Dans un communiqué, publié le mercredi 6 avril 2016 sur son site, l’Union africaine indique que cette nomination « vise à aider à la con vocation d’un dialogue global en vue de régler les problèmes liés aux prochaines élections » en RDC. Le communiqué mentionne également que « cette nomination est conforme à l’engagement souligné dans le communiqué conjoint de l’union africaine, des Nations unies (ONU), de l’union européenne (UE) et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) du 16 février 2016 pour continuer d’aider le République démocratique du Congo dans cette entreprise ».

 

L’on se rappelle que, dans ce communiqué conjoint du 16 février 2016, les quatre organisations internationales, à savoir l’ONU, l’UA, l’UE et l’OIF, invitaient les acteurs politiques congolais - tout en insistant sur le respect de la Constitution - à se retrouver autour d’une table pour assurer la poursuite du processus électoral dans un climat apaisé.

 

Dans le communiqué confirmant la nomination d’Edem Kodjo comme facilitateur du dialogue, la présidente de la Commission de l’UA invite toutes les parties prenantes à apporter tout leur soutien au facilitateur désigné.

 

Soulagement dans la MP, retenue dans l’opposition

La confirmation d’Edem Kodjo comme facilitateur du dialogue a été accueilli favorablement dans la Majorité présidentielle. Sur son compte twitter, Aubin Minaku, secrétaire général de la MP, s’en réjouit en ces termes « C’est parti, le facilitateur du dialogue national inclusif, Eden Kodjo, officiellement désigne... ».

 

Même son de cloche du côté du gouvernement où son porte-parole, joint au téléphone, a abondé dans le même sens. « Nous adhérons naturellement à cette confirmation», a réagi d’un ton sec Lambert Mende, promettant d’éclaircir la position du gouvernement, ce vendredi, avec son collègue des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda.

 

Pendant ce temps, dans l’Opposition, la confirmation d’Edem Kodjo ne suscite pas de réactions spontanées. Un cadre du G7, plate-forme de l’Opposition non acquise à la tenue du dialogue, s’est montré plutôt réservé, préférant prendre plus de temps. « C’est trop tôt de réagir. Nous allons sûrement en débattre au cours de notre prochaine réunion du présidium du G7», a-t-il dit sous le sceau de l’anonymat.

 

KABILA DOIT BRISER LA GLACE

 

Dans tous les cas, nombre d’observateurs pensent que la confirmation d’Edem Kodjo aux fonctions de facilitateur de l’UA au dialogue politique inclusif est une bonne chose, dans la mesure où elle devait pousser le chef de l’Etat, initiateur de ce forum, à quitter la tour d’ivoire dans laquelle il s’est enfermé depuis plusieurs mois. Il devra désormais sortir du bois et rompre le silence. Cela en dévoilant clairement ses vraies intentions. En effet, 1’UA ayant finalement opté pour l’accompagnement du dialogue politique, Joseph Kabila n’a plus de raisons de continuer à entretenir le mystère autour de ce forum.

 

En clair, on attend de Joseph Kabila qu’il accélère la mise en place du comité préparatoire au dialogue par la désignation de ses animateurs. Là aussi, ce n’est pas acquis d’avance. Au préalable, le chef de l’Etat doit obtenir l’adhésion de toutes les parties, en faisant notamment fléchir les parties réticentes au dialogue qui se recrutent essentiellement dans l’opposition. On voit très mal le chef de l’Etat nommer un comité préparatoire au dialogue monolithique avec une forte représentativité de la Majorité présidentielle.

 

Dans la logique d’un dialogue apaisé et consensuel, ce comité est censé être à équilibre entre la MP et l’Opposition, comme cela est formulé dans l’ordonnance du 28 novembre 2015. L’autre point sur lequel on attend Kabila est la fixation de la date du dialogue. Les difficultés qu’il a rencontrées avaient tendance à vider de tout son contenu cette ordonnance.

 

Avec la confirmation d’Edem Kodjo, l’on devait sûrement se mettre d’accord sur la relance du processus électoral. Car, dans tous les cas, le dialogue ne doit pas servir de prétexte pour torpiller le processus électoral. Edem Kodjo le sait. On le lui a d’ailleurs rappelé pendant toutes ses consultations, aussi bien à Kinshasa qu’ailleurs. L’émissaire de l‘Union africaine ferait mieux de rester sur cette ligne en cherchant par tous les moyens à imposer les délais constitutionnels dans l’organisation.

 

C’est la seule et unique voie de préserver la RDC d’une éventuelle crise qui naîtrait d’un vide juridique au sommet de l’Etat après le 20 décembre 2016.

 

Par LE POTENTIEL

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