Le Collectif des Cadres et agents des Lignes Aériennes Congolaises (LAC-Sarl) sont indignés et scandalisés par les mesures de « liquidation politique » de leur entreprise, décidées en catimini au cours d’une Assemblée générale extraordinaire, tenue le 12 septembre 2014. Une liquidation qui n’est ni judiciaire, ni économique et qui foule aux pieds toutes les procédures légales en la matière, ainsi que les droits socioéconomiques des travailleurs. Une situation qui provoque dans les rangs des travailleurs une vive indignation et un profond sentiment de trahison de la part de certains fils-maison placés à la tête de leur société en pleine transformation et qui a été dénoncé lors d’une Tribune-libre organisé par la Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV), le vendredi, 26 décembre 2014, dans la grande salle de réunions de son siège, dans la commune de Ngaliema. A cette occasion, Dolly Ibefo, directeur exécutif de la VSV a introduit MiltoniBangu A., directeur technique du LAC et Léonard Kinsembe, secrétaire général de l’ong D.A.C. des LAC (Défense des droits des agents et cadres des LAC). Les deux hôtes de la VSV ont expliqué en long et en large un document qui s’intitule : « Non à la liquidation politique des Lignes Aériennes Congolaises, LAC-Sarl » et qu’ils ont élaboré depuis que les travailleurs de cette entreprise sont chassés comme des « vulgaires malfrats » de leurs bureaux, à Kinshasa.
D’après ce document, les agents et cadres de cette entreprises sont objet de traitements inhumains, cruels et dégradants de la part de l’Administrateur délégué (A.D.) à l’affût de la moindre opportunité pour ne pas honorer ses engagements de payer ne fût-ce que les salaires du dernier trimestre de cette année 2014. Sur une simple communication verbale faite aux mandataires vendredi 05 décembre 2014 par le Cabinet de la ministre du Portefeuille, dont le conseiller Teddy Kabeya en tête et sans une quelconque notification officielle, l’AD a interdit tout accès aux installations de la Compagnie aux membres du Personnel. Une escouade de policiers armés jusqu’aux dents s’est chargée de cette sale besogne dès 04 heures du matin de mercredi 10 décembre 2014. Le seul document brandi par l’AD est la copie du procès-verbal d’une Assemblée générale extraordinaire, tenue en catimini pendant 55 minutes, le 12 septembres 2014, et à laquelle ont assisté la Ministre du Portefeuille, un délégué de la Primature, un délégué de la Vice-primature et ministre du Budget et un délégué du ministère des Transports et Voies de Communication. Selon le document, ce sont ces quatre personnes – auxquelles s’est ajouté le président du Conseil d’Administration des LAC – qui ont pris le gros risque de précipiter la dissolution des LAC-Sarl, sa mise en liquidation ainsi que la mise en place d’un comité de liquidation composé de sept membres dont les trois mandataires sortants.
L.A.C. : une entreprise viable dont le patrimoine attise les convoitises
Les travailleurs ont souligné le fait que la mesure de dissolution est restée cachée pendant trois mois pour être brandie à l’avènement du nouveau gouvernement dit de « cohésion nationale ». Ils disent aussi ne rien comprendre à cet acharnement à liquider une entreprise dont les conclusions des experts neutres, des audits des inspecteurs de Finances et des experts du Conseil Supérieur du Portefeuille démontrent à suffisance la viabilité. Plus de 30.000 personnes, travailleurs et leurs familles seront au chômage. Et pourtant, l’assainissement de ses états financiers lui donne un solde positif de plus de 35.000.000 USD. Le LAC est donc solvable et son actif peut facilement couvrir son passif ; et les représentant des travailleurs ont balayé d’un revers de la main le fameux argument de « passif toxique » qui ne tient pas la route. Le gouvernement (Etat) doit aux LAC environ 30 millions USD. Par ailleurs, les entreprises protégées par l’Etat, telles que Scibe-Airlift ; Shabair, Hewa-Bora, doivent également plus de 25 millions USD. Par contre, il est facilement établi par les mêmes experts qu’avec 20 ou 25 millions USD, on peut facilement relancer les LAC. L’obstacle réside visiblement, selon les travailleurs, dans l’absence d’une volonté politique.
MiltoniBangu et Léonard Kinsembe ont souligné que l’imposant patrimoine matériel et immatériel de l’entreprise a été évalué à environ 100 millions USD, suffisant pour attiser les convoitises des prédateurs et vautours de tous bords qui oublient même que la RDC est un Etat de droit et qu’une loi (votée par le Parlement et promulguée par le Président de la République) sur la transformation de certaines entreprises du Portefeuille en sociétés commerciales – et c’est le cas des LAC-Sarl – accorde à ces entreprises un moratoire de 36 mois, allant du 31 décembre 2012 au 31 décembre 2015 pour réussir totalement leur transformation. D’où vient-il que les LAC soient liquidée avant même cette échéance? Devant cet acharnement, les travailleurs ont noté que dans le cas où la Ministre du Portefeuille voudrait absolument faire un passage en force, qu’elle respecte les droits socioéconomique des agents ; tout en sachant qu’à l’époque du Premier ministre Kengo-wa-Dondo, une étude sur la dissolution des LAC (Air Zaïre à l’époque) avait montré que la dissolution de la Compagnie aérienne nationale était plus onéreuse que sa relance.
SAKAZ