« A douze mois du délai constitutionnel, il est toujours possible d’organiser des élections crédibles, justes et transparentes, qui prennent en compte le défi majeur de l’inclusion des jeunes de 18 à 22 ans non enrôlés. Ainsi, le consensus électoral en demeure une condition sine qua non ». C’est en ces termes que les animateurs de la plate-forme « Agir pour les Elections Transparentes et Apaisées» (AETA), ont introduit la conférence de presse animée le samedi 19 décembre 2015 au Centre interdiocésain de Kinshasa, à Gombe. Au milieu de ses pairs, le Secrétaire permanent de cette structure et également président de la Linelit, Jérôme Bonso, a livré à l’opinion les quatre préalables majeurs sans la conjonction desquels la faisabilité, la réussite et l’efficacité de tout calendrier actualisé ne peuvent se traduire en une réalité. Il s’agit notamment de la volonté politique raisonnée; de l’adhésion et l’engagement consensuels des acteurs-clé ; de la disponibilisation de fonds nécessaires assortie d’un planning contraignant de décaissement et de suivi-contrôle; du strict respect de l’indépendance et l’autonomie totale de la CENI et, enfin, de l’ouverture responsable aux et/ou des Partenaires Techniques et Financiers.
A cet effet, l’AETA en appelle à tous les acteurs-clé de l’univers politique national à libérer, d’abord, totalement le processus électoral en le mettant à l’abri des divers laboratoires et calculettes « démocraticides» sars âme nationaliste ni patriotique.
Ensuite, dans le contexte actuel d’urgence et de contingence électorale, refaire pleine confiance à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) dont l’indépendance et l’autonomie ainsi que la confiance doivent, du reste, être respectivement préservées et consolidées.
Enfin, à reconstruire, grâce à l’ouverture communicationnelle franche et véridique, la cohésion et l’unité nationales, gage de la paix post-électorale et de la consolidation de la démocratie. « Nous recommandons à tous les acteurs- clé de mettre fin aux spectacles de la gué-guerre dominant actuellement, lesquels retardent -heure après heure, jour après jour, le processus électoral, jusqu’à pousser la République à violer de justesse la disposition constitutionnelle de soutènement de la démocratie congolaise. Vous êtes appelés à reconstruire de toute urgence le consensus électoral à travers un mécanisme participatif de pourparlers véridique et légitime », a martelé Jérôme Bonso, qui du reste a indiqué que l’AETA lance ainsi à ce jour, des actions d’information-sensibilisation et de mobilisation de l’adhésion citoyenne autour de la nécessité d’un calendrier électoral constitutionnel, en vue de mettre la population congolaise en éveil permanent face à tous les enjeux liés au processus électoral.
Le calendrier alternatif à deux hypothèses
Il convient de noter, à la suite du constat fait par l’AETA, que depuis le mois de septembre dernier, l’espace socio-politique congolais continue à enregistrer à récurrence des événements déterminants tant pour l’avenir de notre démocratie que pour l destin du pays lui-même. « Nous avons scruté avec objectivité, réalisme et rigueur tous ces événements dans leur succession. Il découle de cette analyse le constat global que le processus électoral congolais enclenché depuis 36 mois s’en trouve profondément entravé, totalement inopérant et, de ce fait, engouffré dans la caverne politicienne » a souligné le président de la Linelit.
A l’en croire, l’AETA relève également que l’environnement de la période préélectorale en cours est caractérisé par des antagonismes, des querelles et des confusions politiciens qui ont débouché sur des attitudes et pratiques d’intolérance, de violences physiques et psychologiques diverses ainsi que des intimidations ayant comme conséquences majeures la restriction de l’espace citoyen et politique et ainsi que l’instauration de la peur du lendemain.
Faisant par ailleurs observer qu’au lieu de rassurer la paix et la quiétude à la population, les discours et messages des différents acteurs-clé du processus électoral immergent les populations dans la frustration et les encagent dans une angoisse totale qui risquerait d’exploser au travers des actes de violences citoyennes et intercommunautaires ignobles.
« Le peuple congolais se demande instamment s’il n’a pas eu tort de s’engager dans le schéma de la démocratie », a soutenu Jérôme Bonso. Selon lui, au-delà des débats confusionnistes, obscurantistes et anachroniques sur la pertinence de la participation ou la non-participation des uns et des autres au dialogue politique national, les experts indépendants en élections restent hantés par le questionnement permanent de la possibilité et de l’opportunité d’organiser des élections crédibles, justes et respectueuses des règles constitutionnelles dans les 12 mois qui nous séparent de la date fatidique du 20 décembre 2016. « Cette question centrale semble éludée par les principales parties prenantes du processus électoral alors qu’elle doit être posée en ce temps et ne pourra guère être posée après ce temps».
Pour eux, l’analyse con6tructive du calendrier électoral global du 12 février 2015 faite par l’AETA l’amène à conclure avec conviction qu’il est possible de résoudre la crise démocratique qui se profile à l’horizon par l’organisation en priorité des élections combinées provinciales, législatives et présidentielle dans les douze mois de l’intervalle du délai constitutionnel sans contradiction avec l’exigence de l’inclusion des nouveaux majeurs.
D’où la proposition d’un calendrier alternatif référentiel à deux hypothèses dont les opérations sont strictement comprises entre janvier à décembre 2016. Ce calendrier, soulignent les concepteurs, concerne les trois scrutins précités verrouillés par la Constitution et prend en compte l’opération d’identification et d’enrôlement des jeunes de 18 à 22 ans non encore inscrits au rôle d’électeur pour la première hypothèse ; alors que la seconde postule l’éventualité du retardement de l’enrôlement des nouveaux majeurs pour utiliser en revanche le fichier électoral disponible. Ledit calendrier planifie également les élections urbaines, municipales et locales en les post-posant à partir de 2017. Cela suppose que l’année 2016 marquera à la fois la fin du cycle électoral 2011-2016 et le début effectif du cycle électoral 2017-2021 avec les élections de base.
Par TSHIEKE BUKASA