L’Afrique francophone, une opportunité pour le cinéma français
mardi 10 février 2015
Il ne faut pas rater le train !, a insisté devant la presse le producteur Eric Névé, rapporteur du groupe francophonie d’Unifrance, puisqu’actuellement ajoute-t-il, beaucoup de pays d’Afrique francophone ont une structuration claire de leur filière cinématographique.
Ce rapport rappelle que selon des chiffres officiels, plus de 8 francophones sur 10 devraient être africains d’ici 2050 et le PIB de la zone multiplié par 15. Aujourd’hui, note-t-il, l’émergence d’une classe moyenne avide de distraction se conjugue avec celle des centres commerciaux et des multiplexes. Des salles équipées en numérique ont éclos à Dakar, Abidjan, N’Djamena ou Bamako et à Kigali un multiplexe de 8 salles s’est également ouvert. Les cinéphiles africains passent à la vidéo à la demande ou par abonnement alors que de grands opérateurs ont investi dans la région comme le Français Orange ou le sud-Africain MTN. Canal+ attend également la généralisation de la 4G pour lancer un service de SVOD.
En Afrique, le cinéma français n’attire pas
Côté télévision, Canal+ Afrique devrait atteindre le million d’abonnés sur le continent tandis que TV5 monde Afrique est reçue par plus de 10 millions de foyers. En revanche la distribution, maillon essentiel pour la vie d’un film, a quasiment disparu, faute de revenus suffisants. La production se limite à moins d’une dizaine de films par an pour une population totale de 100 millions d’Africains francophones.
Le cinéma français est toujours solide quelque part quand à cet endroit existe un cinéma local dynamique. On sera bien quand il y aura au Sénégal 30 films en wolof et autant au Mali en bambara, a encore dit M. Névé. Pour travailler intelligemment en Afrique, les professionnels suggèrent un rapport gagnant-gagnant dans l’idée de participer à la structuration d’un système favorable à la diffusion de films francophones.
Le rapport propose aussi de Premières Rencontres du cinéma francophone rassemblant professionnels et pouvoirs publics à l’occasion du sommet de la francophonie de novembre prochain à Dakar. Un Festival du film francophone itinérant pourrait aussi être organisé là où s’ouvrent de nouvelles salles numériques. Il y a urgence, selon M. Névé, car le cinéma américain se sert de la langue française pour assécher le marché. Quant aux Chinois, ils font venir par avion des acteurs sénégalais à Pékin pour doubler des séries en wolof qu’ils donnent ensuite gratuitement aux télés sénégalaises !
Onassis Mutombo