Lambert Osango : « Kimbembe, c’est un vent nouveau, nous sommes agréablement surpris, mais…»

Vendredi 10 avril 2015 - 15:14

Combien a coûté la réhabilitation de l’ITB Kokolo? Va-t-il falloir mener un audit sur les derniers engagements financiers de la Société congolaise des transports et des ports, SCTP ? En tout cas, de l’avis de Lambert Osango, la gestion du staff Tito Umba a été sujette à caution. Quant au tout nouveau venu le DG, Kimbembe Mazunga, il jouit encore d’un délai de grâce. Alors que l’ambassadeur de France Luc Hallade a fait part à Matata de l’intérêt d’une firme française sur le Chemin de fer Matadi-Kinshasa. Saucissonnage en perspectives de l’ex-ONATRA. Ci-après l’interview accordée à POLD LEVI par Lambert Osango, leader de la mouvance syndicale à la SCTP.
La SCPT était en grève lorsqu’a eu lieu la nouvelle mise en place au sein de l’entreprise. Depuis, tout le monde est revenu au travail. Est-ce l’effet Kimbembe ou les agents ont-ils trouvé satisfaction à leurs doléances ?
La principale cause de cette grève était l’incertitude qui avait gagné la quasi-totalité des travailleurs au regard du niveau très avancé de la dégradation des infrastructures et des matériels de la SCTP, au regard des conditions sociales c’est-à-dire du pouvoir d’achat des agents, des salaires qui ne sont pas versés aux échéances conventionnelles…des arriérés des salaires 2 mois à Kinshasa, 4 mois dans le Chemin de fer et 5 mois pour les retraités. Tout pose problème, les soins de santé, l’hospitalisation …jusqu’aux frais funéraires. En outre, la gestion en interne ne rassurait plus personne, alors que les réalisations se chiffraient dans des montants qui dépassaient tout entendement, les ressources étaient affectées de manière désordonnée, alors qu’on pouvait mieux agencer les priorités. Fort heureusement, le Chef de l’Etat a compris notre cri de détresse. L’autorité a, en toute objectivité, tranché en procédant au remplacement des concernés par des personnalités qui sont, certes, connues dans l’opinion mais pas dans l’entreprise. Cependant, une sagesse bantoue recommande qu’on fasse bon accueil à un nouveau venu. Nous avons suspendu la grève pour permettre à la nouvelle équipe de se faire une idée sur l’état des lieux de la SCTP et de l’accompagner avec des propositions objectives.
Une entrevue entre le tout nouveau DG Kimbembe et le bureau syndical a-t-il déjà eu lieu ?
Oui, trois fois déjà. C’est un vent nouveau que nous saluons. Nous sommes agréablement surpris au titre des promesses fermes, je dis bien les promesses, qui vont dans le sens du versement des arriérés des salaires dans les prochains jours, une conjonction des vues entre la nouvelle équipe dirigeante et les ententes des travailleurs en termes de redressement de la SCTP, de l’amélioration des conditions de travailleurs en tant que ressources privilégiées.
L’ambassadeur de France, Luc Hallade, a confié au sortir d’un récent entretien avec le Premier ministre Matata qu’une firme française est positionnée pour reprendre le chemin de fer Matadi-Kinshasa. Voilà qui repose de nouveau la question du saucissonnage de la SCPT…
En toute franchise, sur la transformation de l’ex-ONATRA, beaucoup de choses ont été fait et beaucoup des choses ont été mal faits! Il y a eu des travaux à divers niveaux, mais les acteurs que sont les syndicats ont été by-passés. Or le syndicat a un rôle primordial de veiller à la sauvegarde des emplois et de l’amélioration des conditions sociales des travailleurs. Après moult sollicitations, nous avons eu deux séances de travail avec le ministère du Portefeuille, qui malheureusement n’ont pas abouti. Mme la ministre [Louise Munga], nous a renvoyé au COPIREP. Toutefois nous sommes dans l’attente d’une suite favorable du Premier ministre pour une séance de travail réellement constructive. Et là, nous aurons à donner notre version des problèmes qui plombent la SCTP. Qui est parmi les rares sociétés qui comptent bon nombre d’experts en interne. [L’option définitive de la transformation de la SCTP, ndlr], c’est quelque-chose qu’il faut analyser froidement. C’est des choses qui ne se décrètent pas d’autorité. Il faut toujours tenir compte de l’environnement. Pourquoi en 1935, les mêmes capitalistes qui poussent à saucissonner l’ONATRA aujourd’hui avaient opté pour la fusion de tous les départements pour en faire une société telle qu’elle se présente aujourd’hui. L’environnement actuel marqué par les velléités de la balkanisation de la RDC devrait plutôt nous inciter à cimenter la cohésion à l’interne. Et l’ONATRA, dans sa forme actuelle, se pose en un instrument de cohésion nationale. Il va de Banana à Kisangani et relie 7 des 11 anciennes provinces de la RDC. La SCPT véhicule des valeurs culturelles d’une province vers une autre. Et vice versa. Nous ne comprenons donc pas les choses dans la version du COPIREP. Si les Français prennent le Chemin de fer… et qui prendront les ports fluviaux, et les ports maritimes ? Aucune décision ne sera considérée sans que les syndicats n’y soient associés. Juridiquement, les syndicats sont censés engager les travailleurs notamment sur la question de la transformation de la SCPT.
Ne redoutez-vous pas d’être mis devant un fait accompli…
Si on aime son pays, si on s’aime soi-même, on doit éviter de surprendre. Une surprise désagréable peut toujours conduire à des inattendus.
Propos recueillis par POLD LEVI

 

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