L’artiste peintre Marie-Hélène Goral est « une éternelle amoureuse des arts, de la nature et du continent africain » et qui a « toujours aimé expérimenter différentes techniques plastiques, manier divers outils et supports, à la recherche de nouveaux effets et d’une nouvelle clé plastique ».
« Je ne m’adresse pas à un public spécifique mais ceux qui aiment l’Afrique trouveront dans mes œuvres un éclat particulier car j’aime associer des symboles, mêler tradition et modernité », dit celle qui « crayonne depuis (sa) plus tendre enfance » et qui s’est « familiarisée très tôt avec la gouache ». Entretien.
Marie-Hélène Goral, comment pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis une éternelle amoureuse des arts, de la nature et du continent africain. J’ai enseigné les arts plastiques au lycée français de Kinshasa, mais ma formation est au départ scientifique. J’ai un DESS de biologie des organismes et des populations. J’ai toujours aimé expérimenter différentes techniques plastiques, manier divers outils et supports, à la recherche de nouveaux effets et d’une nouvelle clé plastique.
J’utilise les techniques de l’aquarelle, du pastel, des encres, l’huile et l’acrylique. Je pense que la recherche artistique doit être permanente. Je me destinais à faire de la recherche en biologie mais ma passion m’a conduit à m’orienter vers les arts.
Dans quel genre classeriez-vous votre peinture ?
Je n’aime pas le mot classement même s’il est fondamental en biologie. Je préfère plutôt le terme interaction. Une œuvre artistique ne peut pas se réduire à un simple genre mais je m’inscris avec la laque dans un esprit contemporain.
Le dénominateur commun à mes œuvres a pour point départ l’observation et la recherche, dans le but de communiquer et d’apprendre sur soi-même comme sur les autres. Mes huiles et mes pastels peuvent également traduire une aventure symbolique, ethnique recentrée sur le continent africain où j’ai résidé pendant des années.
Êtes-vous née un pinceau à la main ou c'est venu avec le temps ?
Je crayonne depuis ma plus tendre enfance et je me suis familiarisée très tôt avec la gouache. Pour mes sept ans, j’ai reçu une superbe boîte de gouaches et tout est parti de là. Je consacrais tout mon temps libre à peindre et à dessiner.
Au cours de mon cursus universitaire, mes observations à la loupe binoculaire ou au microscope optique étaient retranscrites avec précision. J’ai gardé ce souci du détail et de la précision du geste.
A quel public s'adresse vos toiles ?
Je ne m’adresse pas à un public spécifique mais ceux qui aiment l’Afrique trouveront dans mes œuvres un éclat particulier car j’aime associer des symboles, mêler tradition et modernité.
En ce qui concerne les laques contemporaines, elles sont encore peu connues du grand public mais sont appréciées en raison de leur originalité, de leur modernité. Elles s’adressent à tous ceux qui sont curieux et désireux de découvrir une autre façon de peindre.
Quelles sont vos sources d'inspiration ?
Je suis fortement influencée par l’environnement dans lequel j’évolue. Lors de mon séjour au Niger, j’ai organisé une exposition sur le monde Touareg. Dès mon arrivée à Kinshasa en 2002, mon intérêt s’est porté sur les objets traditionnels et les masques du Congo.
Séduite par les lignes Luba et les motifs Kuba, je me suis immergée dans le monde artistique Kinois. Les artistes peintres y ont l’esprit particulièrement créatif. Dès mon arrivée au Cameroun en 2008, les parures et les traditions du peuple Bamoun ont particulièrement touché ma sensibilité.
J’ai eu l’honneur d’exposer mes photographies et mes acryliques au palais de sa majesté le sultan Ibrahim Mbombo Njoya au cours des cérémonies du Nguon. Mais la nature reste aussi une source sans limite d’inspiration. Je réalise notamment à la feuille d’or des compositions à partir de ces merveilleuses lianes de la forêt équatoriale.
La peinture chez vous, c'est une affaire de famille ou bien vous êtes une particularité ?
Ma mère copiait des tableaux de maître et j’ai été très tôt entourée d’objets d’art du monde entier. Mes parents vivaient en Afrique et m’ont transmis le goût du voyage et la curiosité de découvrir les richesses du monde. Il est incontestable que cela a eu une influence.
Vous faites partie des peintres qui travaillent à l'instinct ou avec au préalable une minutieuse préparation ?
Mes œuvres sont le résultat d’un cheminement intellectuel et plastique à partir d’une image ou d’un objet qui suscite en moi une émotion. Les idées plastiques naissent souvent au fil de l’œuvre et complètent un croquis rapide ou s’en éloignent avec la logique de la toile.
La technique de la laque exige une plus grande rigueur. C’est un processus très long et complexe. Il faut y consacrer beaucoup de temps, des heures de patience et une grande méthodologie.
En général, combien de temps prenez-vous pour peindre un tableau ?
Il n’y a pas de règles. Cela dépend des techniques de peinture utilisées. Les peintures utilisant la technique des glacis à l’ancienne, le travail à la tempéra ou à la feuille d’or imposent énormément de temps.
Concernant les laques, le temps ne compte plus car elles imposent une superposition d’une dizaine de couches fines, sans compter les temps de séchage, de ponçage et de lustrage. Peu de gens imaginent le temps qu’il faut y consacrer.
Combien avez-vous d'enfants et y en a-t-il qui ont suivi vos traces professionnelles ?
J’ai trois enfants qui tiennent une part importante de mon existence. Aucun jusqu’ici ne se destine à une carrière artistique mais l’avenir est rempli de surprises.
Vous venez d'illustrer le livre de contes d’Émilie Flore Faignond qui vient d'être publié et dont la présentation a eu lieu dernièrement à Bruxelles où vous étiez, belle expérience ?
Oui, c’est en effet une merveilleuse expérience avec une personne que j’apprécie tout particulièrement. Nous nous sommes rencontrées au Congo Kinshasa et avons beaucoup de points communs. Elle avait choisi une de mes aquarelles en page de couverture de son livre Miji l’Hybride des Rives et m’a proposé d’illustrer des contes qui chantent l’âme de l’Afrique.
J’ai été immédiatement séduite par cette nouvelle aventure qui devrait se renouveler. La présentation de ce livre m’a également permis à Bruxelles d’aller à la rencontre des lecteurs d’Émilie et de revivre un court instant la chaleureuse atmosphère du Congo.
Comment sont intitulées vos dernières toiles ?
Les dernières œuvres sont des laques et s’intitulent Abysse, Sable d’or (diptyque), Vibrations.
Où peut-on admirer votre travail et se procurer vos oeuvres sur lesquelles vous avez l'habitude de signer « Mathegui » ?
J’ai exposé mes œuvres dans plusieurs galeries parisiennes, mais j’ai de nouveaux projets car je vais créer mon propre atelier en Charente dans quelques mois. Et mon site web sera prochainement mis à jour.
Les personnes intéressées peuvent le consulter et prendre contact avec moi par mail à l’adresse suivante : http://mh-mathegui.wix.com/arts; Mail : [email protected]