Le secteur bancaire congolais tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme

Jeudi 1 octobre 2015 - 10:33

Les milieux financiers congolais sont en émoi avec la résurgence de l’épidémie de braquages et autres attaques en série qui, depuis plus de trois ans, émaillent la vie du secteur bancaire. Dimanche 27 septembre 2015, un convoi de transport de fonds constitué de deux jeeps 4 X 4 dont l’une avait à son bord, treize éléments militaires de l’escorte, et l’autre avec des agents de la TMB sécurisant une mallette contenant 40.000 dollars, a été attaqué à la hauteur de la localité de  Nyakandongo, en territoire d’Uvira, province du Sud-Kivu. Bilan effroyable : 13 morts et 5 blessés graves. Sur le lieu de ce carnage, les bandits ont emporté pour butin, la somme de 40.000 dollars destinée à la paie des enseignants des Moyens et Hauts-plateaux de Lemera pour le mois de septembre, ainsi que des armes AKA 47, et autres téléphones appartenant aux victimes. 

Selon des informations en provenance de cette province, les deux véhicules ont quitté la succursale de la TMB sans incident particulier et ont pu traverser le petit pont, avant de s’engager sur la route escarpée dans la localité de Nyakandongo. Cachés dans la broussaille et derrière de grosses pierres, les malfaiteurs, identifiés plus tard comme étant des membres du célèbre et ténébreux groupe armé Maï-Maï Simuzizi, se sont signalés par le jet d’une grenade sur l’engin des militaires. Forte déflagration. Déséquilibré, l’engin s’est aussitôt renversé. Il s’en est suivi aussitôt plusieurs tirs de roquettes. Le bilan est effroyable : 13 éléments des Fardc de l’escorte tués sur le champ, cinq autres personnes dont des agents de la TMB sont grièvement blessés. Aux dernières nouvelles, leur état de santé est toujours préoccupant.

Alors que les obsèques de 13 éléments d’escorte militaires  suscitaient l’indignation des habitants d’Uvira, les équipes des enquêteurs, eux de leur côté, lançaient des investigations pour traquer les criminels en fuite. Et au moment où l’on s’y attendait le moins, une autre attaque ciblant une fourgonnette de la TMB avec à bord plus de 44.000 dollars, était enregistrée mardi 29 septembre, dans la ville de Lubumbashi. Chose curieuse, c’était dans l’enceinte d’un établissement hôtelier abritant un distributeur automatique des billets de banque où les malfaiteurs dont on ignore le nombre exact, ont pu opérer en tirant plusieurs coups de feu et disparaître ensuite, sans laisser des traces.

Eradiquer le climat d’insécurité et sécuriser le secteur bancaire congolais

  Les bandits, vraisemblablement des éléments incontrôlés, ont entrepris depuis des lustres, des attaques des convois de fonds, des succursales de banques, des agences de transfert de fonds, et des maisons de change. Aujourd’hui, la panique a gagné le secteur. Les dirigeants des établissements de crédit se morfondent, les responsables des agences de transfert des fonds maugréent et les changeurs de monnaie ne savent plus à quel saint se vouer.

            Si à TMB, comme dans les autres établissements bancaires, ces attaques causent de graves préjudices, au point de pousser les opérateurs financiers au découragement. Pour les dirigeants, l’heure est venue pour revoir tout le dispositif sécuritaire afin de le renforcer davantage. Car, il ne suffisait pas seulement de sécuriser les sièges et les succursales, mais aussi les convois de transport de fonds.

            A l’Association congolaise de banques, ces affaires d’attaques et de braquages font grand bruit. Ce vent d’insécurité, aux yeux des dirigeants de cette organisation, risque de démotiver les investisseurs attirés par les conditions propices au développement de leurs affaires dans notre pays.

            Tout en dénonçant cette unième attaque de convois de fonds dans les milieux bancaires, l’ACB exhorte le gouvernement à tout mettre en œuvre pour éradiquer ce climat d’insécurité qui a ciblé le secteur bancaire depuis des lustres. Malgré ses multiples interpellations des autorités compétentes, les défis sécuritaires et logistiques constituent des obstacles sérieux aux efforts de déploiement des banques dans les zones reculées du pays, réputées zones à risques, note l’ACB.

            C’est pour cette structure, l’occasion d’appeler les autorités à livrer une guerre impitoyable à ce banditisme qui devient récurrent dans les grandes villes et même dans les districts et territoires où les succursales de banques rendent de précieux services aux enseignants et agents de l’Etat, dans le cadre de la bancarisation de leur paie.

Pour l’opinion nationale bouleversée, la police devrait bénéficier de la logistique nécessaire pour livrer une guerre impitoyable à ces bandes de malfaiteurs, dont les membres encore en cavale après l’arrestation des ténors, courent les rues, reconstituant de nouveaux groupes et se lançant dans de nouvelles attaques.

            Cette race des bandits mériterait d’être suivie à la loupe, aussi bien pendant que certains récidivistes croupissent dans les prisons, ou pendant que des attaques et autres braquages sont enregistrés au quotidien dans notre pays.

J.R.T.