Le sémillant Mende : «On ne démocratise pas les pays africains pour faire plaisir à M. Hollande !»

Lundi 6 juillet 2015 - 10:18

Répondant à une question d’un journaliste au cours du point de presse qu’il a tenu vendredi dernier, le porte-parole du gouvernement a eu des mots justes pour livrer son point de vue sur les propos du président français, François Hollande, lors de sa récente visite éclair au Bénin. La France n’a pas à donner «de bons points ou de mauvais points» aux dirigeants africains, a déclaré le porte-parole du gouvernement de la République démocratique du Congo, Lambert Mende.
Il réagissait aux propos du président François Hollande qui jeudi à Cotonou, a élevé le Bénin au rang de «référence» démocratique sur le continent. «Le président Hollande n’a pas de bons points ou de mauvais points à donner à des présidents africains», a lancé M. Mende lors d’une conférence de presse, en réponse à une question sur les déclarations du chef de l’État français à Cotonou.
«On n’a pas de leçons à recevoir, on ne démocratise pas les pays africains pour faire plaisir à M. Hollande, au gouvernement français ou à je ne sais quelle opinion publique en France. Nous ne tolérons plus ce genre d’attitude paternaliste 55 ans après l’indépendance», a insisté le porte- parole du gouvernement de la République démocratique du Congo.
«Je me garde de commenter la réaction des Béninois (aux propos de M. Hollande), je constate simplement que dans un autre pays, on parle seulement économie», a ajouté M. Mende, dans une allusion aux contrats signés vendredi par des entreprises françaises à l’occasion de la visite de M. Hollande en Angola.
En visite à Cotonou jeudi, première étape d’une tournée africaine éclair, M. Hollande a déclaré que le Bénin était «une référence sur le plan démocratique» après avoir rencontré son homologue Thomas Boni Yayi.
Le président béninois e récemment annoncé qu’il ne briguerait pas de troisième mandat, conformément à la Constitution.
«Si je suis ici, c’est pour montrer qu’il y a des exemples à donner», a ajouté M. Hollandes
Revenant sur les appels de Washington pressant M. Kabila d’abandonner le pouvoir fin 2016, M. Mende, s’est attardé sur le cas du président Franklin Delano Roosevelt, mort en 1945, quelques mois après avoir entamé son quatrième mandat.
«Même les Américains n’ont pas respecté ce principe des deux mandats. (...) Ils ont violé eux-mêmes cette règle parce qu’ils avaient un bon président», a-t4l déclaré.
«Ce qu’on retient, c’est ce que le chef de l’État fait pour son pays et non pas le nombre de mandats», a dit M. Mende, faisant référencé à l’héritage de Roosevelt. «Il faut laisser les Congolais, qui ne sont pas des Américains, faire les choses comme ils l’entendent».
Dans lignes qui suivent, nous vous présentons l’intégralité du texte du sémillant Mende Omalanga...

POINT DE PRESSE DU PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT DE LA RDC 03 JUILLET 2015

Mesdames et Messieurs, Ces derniers jours, l’actualité reste dominée par le débat sur le dialogue national inclusif soutenu par la grande majorité des composantes de notre société dont les représentants ont été reçus jusqu’à présent pour consultation par le Président de la République. Comme de coutume, quelques éléments du microcosme politique de la capitale se sont bruyamment inscrits en faux contre l’éventualité de ce dialogue. Ainsi va la vie démocratique.

Etant donné que ce débat, qui suscite a juste titre un grand intérêt dans l’ensemble des forces sociales et politiques de notre pays va dans tous les sens au risque d’égarer beaucoup de nos compatriotes qui, en marge des calculs partisans, souhaitent comme le Président, sauvegarder cc qui nous est cher, à savoir: la paix, la stabilité de notre pays ainsi que l’unité et la cohésion nationales, une remise en perspective s’impose.

La première chose à dire a ce sujet est que jusqu’au moment où nous parlons, le Président de la République Joseph Kabila na pas encore fini avec les consultations des différentes composantes de la vie nationale. De sorte qu’il est quelque peu prématuré d’affirmer, comme d’aucuns n’hésitent pas ale faire, que cc dialogue aura Lieu.

A cet égard, je suis autorisé à recommander une approche nuancée aux uns et aux autres sur la question. En d’autres mots, il faut attendre que le Président ait terminé les consultations qu’il a entreprises pour savoir s’il aura dialogue national ou non. Et c’est lui seul qui l’annoncera dans ses conclusions desdites consultations.

Sur les réactions enregistrées ici et là avant et après le message à la Nation du Chef de l’Etat à la faveur du 55eme anniversaire de l’indépendance, reconnaissons d’entrée de jeu qu’il y a un fond commun aux différentes acceptions du dialogue national inclusif défendu par ceux qui dans la Majorité ou l’Opposition en acceptent le principe.

C’est notamment la conviction que pour résoudre les divergences persistantes autour du cycle électoral déjà engage, il importe de privilégier une approche consensuelle afin d’éviter la répétition des actes de violences post électorales et électorales qui avaient entaché tes consultations de 2006 et 2011. Il y a toutefois quelques malentendus et même quelques égarements qu’il sied de recadrer pour ne pas semer la confusion dans les esprits.

Ainsi que l’a rappelé le Chef de l’Etat dans son discours du 30juin 2015, les raisons qui militent pour un éventuel dialogue et les objectifs qu’il faut lui assigner ne peuvent pas objectivement conduire à considérer cette initiative en gestation comme un copié – collé des concertations nationales de 2013.

Il s’agit de prendre en compte des défis importants advenus postérieurement auxdites concertations nationales, notamment celui des besoins budgétaires exorbitants pour l’organisation réussie des élections de 2015 et 2016 qui n’étaient pas a l’ordre du jour en 2013.

Pour mémoire, ces besoins ont été évalués a un milliard deux cent millions de dollars américains après le vote et la promulgation du budget 2015, lequel n’a pu dégager que neuf milliards de dollars américains pour l’ensemble des besoins de l’Etat.

Il y a donc des problématiques sérieuses qui dépassent les seules compétences de la Commission Electorale Nationale Indépendante à laquelle une approche a courte vue proposé de les abandonner, comme notamment le calendrier électoral globaj.qui aussitôt publié par cette dernière a été chahuté par l’opposition qui le revendiquait auparavant, le financement du processus électoral qui relève du Gouvernement et de l’impératif de la sécurisation du processus électoral que le Gouvernement ne saurait garantir avec efficience que si et seulement si la classe politique dans son ensemble prenait la résolution de changer d’attitude et de comportement pour éviter au pays les dérapages sanglants enregistrés pendant et après les scrutins de 2006 et 2011.

Sur les causes et les objectifs du dialogue, il y a un foisonnement désordonné de positions divergentes les unes des autres. Les uns trouvent le Calendrier global, naguère exigé a cor et a cri, trop global et plaident soudainement pour le retour a un calendrier partiel qu’ils avaient véhémentement contesté auparavant.

En récusant la perspective de la tenue des élections locales et provinciales avant l’élection présidentielle apparemment au seul motif qu’une telle perspective accorderait plus d’espace a l’actuelle majorité au pouvoir dont us reconnaissent la prégnance dans le tissu sociopolitique national. De telles motivations sont pour le moins illégitimes et contraires à l’ordonnancement juridique en vigueur dans notre pays.

Oui, ii y a bel et bien des élections qui, au regard de nos lois, auraient dû se tenir les unes en 2006, les autres en 2011 et qui ne se sont pas tenues. Le respect que nous devons à la loi justifie amplement que nous les organisions avant celles qui n’ont souffert d’aucun retard. C’est ce que la CENI a appelé les arriérés électoraux. Il est pour le moins surprenant qu’une force sociale théoriquement neutre comme la Conférence des Evêques catholiques et certains partenaires de la communauté internationale se soient joints aux défenseurs de cette démarche purement politicienne pour appuyer eux aussi un nouveau renvoi aux calendes grecques de la tenue de tout ou partie de ces élections que nous considérons comme aussi importantes que les législatives et la présidentielle et qui en plus permettent de donner a notre jeune démocratie la chance de se consolider à la base. C’est le lieu de rappeler que pour le Gouvernement et la Majorité dont il est issu, il n’existe pas d’élections plus importantes que d’autres car elles sont toutes commandées et organisées par la constitution et les lois de la République.

Autant nous sommes d’accord avec ceux qui exigent que l’ordre constitutionnel de notre pays soit respecté, autant nous nous inscrivons en faux contre toute tentative de contourner l’ordre légal qui en découle. Mépriser ou minimiser le prescrit des lois en prétendant défendre le respect de la constitution c’est vouloir une chose et son contraire.

C’est malheureusement ce que font tous ceux qui voudraient coûte que coûte voir les élections législatives et présidentielle auxquelles eux-mêmes ou leurs affidés vont concourir être organisées aux dépens de celles qui intéressent la majorité des Congolais. Le Gouvernement dont le devoir est de faire respecter les principes définis dans la constitution et d’appliquer les lois de la République sans exception ne peut en aucune manière accepter une pareil le approche. Il en est de même de la mise en œuvre de la loi de programmation de la création des nouvelles provinces en exécution de l’article 2 de la constitution qui a fait passer depuis 2006 le nombre de nos provinces de 11 à 26 dont des voix s’élèvent pour demander une remise en cause ou un moratoire. Il n’en est pas question pour le Gouvernement qui estime de son devoir d’appliquer les prescrits légaux. Le léger retard observe dans cette mise en œuvre n’a pas eu pour conséquence de changer la substance de la loi qui sera appliquée comme prévu.

Pour d’autres membres de la classe politique, le dialogue, si dialogue il y a, ne devrait servir qu’à légitimer les prétentions de leur leader lors de la procédure de règlement d’un vieux contentieux électoral qui avait déjà été pris en charge en son temps par les instances habilitées par la constitution et les lois de la République pour dire le droit en l’espèce, à savoir les cours et tribunaux de l’ordre judiciaire. Une façon comme une autre de revenir à des pratiques de non droit contre lesquelles le dialogue se veut justement être un remède.

Certains se sont laissés aller à invoquer la qualité de la personne devant prendre l’initiative du dialogue et du médiateur attitré en s’entremêlant les pinceaux avec la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations Unies dont ils dénaturent délibérément le contenu en prétendant qu’elle prévoit que la convocation du dialogue en question devait être exclusivement le fait d’un médiateur désigné par la Communauté internationale que serait Monsieur Martin Kobler. Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’Onu en RDC invite instamment par un parti non représenté au parlement à « ne pas se dérober à ses obligations définies clans les Résolutions 2 1 47 (point 5 alinéa b). 2211 (point 14 et 15) et 2098 (point 14) ». Toutes ces considérations méritent une mise au point.

Il a de toute évidence un quiproquo dans la lecture et l’interprétation des Résolutions susmentionnées du Conseil de Sécurité convoquées à l’appui de la thèse scion laquelle le Représentant de Secrétaire Général des Nations Unies en République Démocratique du Congo serait le médiateur désigné par la communauté internationale pour le dialogue entre Congolais. Ces Résolutions stipulent en réalité pour cc fonctionnaire international une « mission de bons offices » consistant expressifs verdis, à encourager et promouvoir le dialogue et non le convoquer et encore moins y jouer un rôle de médiateur.

Il faut en effet rappeler qu’il existe, du point de vue du droit international coutumier, une différence de nature entre une mission de bons offices et la médiation. Le rôle de la personne chargée de bons offices est de rapprocher les parties en conflit (encore que dans le cas qui nous concerne, ii ne s’agit pas de conflit, mais de divergences de vues), d’établir un contact entre cites ou lé rétablir s’il a été rompu.

Le chargé de bons offices ne propose pas de solutions, pas plus qu’il ne prend part aux discussions qui ne concernent que les parties divergentes. Sa tâche s’achève au moment où les parties acceptent de se rencontrer à dessein de négocier.

Le médiateur par contre propose des bases de négociation et intervient dans le déroulement de celle-ci afin de rapprocher « sur la table » les points de vue des parties en litige. Tels sont les classiques du droit et des pratiques diplomatiques en la matière.

Il ne faut donc pas faire dire aux Résolutions onusiennes 2098,2147 et 22l1 ce quelles ne disent pas. La Résolution 2098 est particulièrement mal interprétée, sans doute inconsciemment, sinon il y aurait volonté de falsification. Dans son point 4 cette Résolution « invite 1 Envoyée Spéciale du Secrétaire Général de l’ONU dans la Région des Grands Lacs » (la mention femme dans le texte désignant ainsi clairement Madame Mary Robinson qui à l’époque de l’adoption de la Résolution exerçait cette fonction avant d’être remplacée aujourd’hui par Monsieur Said Djinnit) « à conduire un processus global ouvert à toutes les parties prenantes en rue de remédier aux causes profondes du conflit, l’évidence, le processus global ouvert dont il s’agit en ce point de la Résolution 2098 n’est pas le processus interne à la République Démocratique du Congo, mais bien le processus régional qui constitue le théâtre des compétences de l’Envoyé Spectacle du Secrétaire Général pour la Région des Grands Lacs, les parties prenantes n’étant autres que les pays « de la région (C’IRGL) et non les acteurs politiques congolais.

Dire que ledit processus est celui interne à la RDC et que celui qui est chargé de le conduire serait Monsieur Kobler, Représentant Spécial du Secrétaire Général pour la RDC, est donc sans équivoque une interprétation erronée.

Quoiqu’il en soit, du point de vue moral et sociologique, ce serait une grande honte pour des Congolais que n’oppose aucun conflit armé que 55 ans après l’indépendance de notre pays. Ils en soient à recourir à des médiateurs étrangers pour se parler entre eux. Aussi est-ce avec sagesse que la majorité des forces politiques et sociales consultées par le Président de la République ont émis le vœu que le dialogue, si dialogue ii y aura, « soit mené sans ingérence étrangère, à travers un nombre limité des participants et pour une durée relativement courte ».

Ceci étant dit, je nous invité donc a un peu de patience pour avoir une idée sur la position que prendra le Président Joseph Kabila Kabange, Président de la République et Chef de l’Etat incontestable et incontesté à ce jour et dont il va falloir attendre qu’il nous fixe sur la tenue au non du dialogue national inclusif.

Je vous remercie.

LAMBERT MENDE OMALANGA

MINISTRE DE LA COMMUNICATION ET MEDIAS
PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT

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