Le stade Omnisport

Dimanche 28 juin 2015 - 13:05

Stade omnisport, stade de la Révolution, aujourd’hui stade Massamba-Débat, du nom de son initiateur, est un monument emblématique de la ville de Brazzaville. Il a succédé au stade Marchand et au mythique stade Félix Éboué.

C’est le 20 février 1964 que le président Massamba-Débat procéda à la pose de la première pierre de cet imposant édifice dans ce que l’on appelait la forêt de la Patte d’Oie. Ce grand complexe sportif, achevé après près de 15 mois de travaux, comprend une arène dont les gradins peuvent recevoir de 30 à 50.000 spectateurs assis. Le terrain de football de 100m x 65m est cerclé par la piste d’athlétisme de 400m et des installations nécessaires aux différents types de saut (hauteur, longueur, triple saut, etc.) Relié au stade principal par une galerie, le stade annexe est aménagé pour de nombreuses disciplines sportives (basket-ball, hand-ball, volley-ball, tennis, football, athlétisme). À quelques mètres de cette enceinte, la piscine olympique avec son bassin de 50m x 20m et ses gradins pouvant accueillir près d’un millier de spectateurs.

Ce complexe sportif est le fruit des efforts du peuple congolais qui a réussi à se doter de cet édifice et dont le coût est évalué à 700 millions de francs Cfa auxquels il faut ajouter la somme de 100 millions francs Cfa, apportée par la France pour la construction de la piscine olympique.

Le stade Omnisport fut inauguré le 20 juin 1965, un mois, quasiment, avant l’ouverture des Premiers Jeux africains. À cette occasion, un match opposa l’équipe congolaise à celle de la Guinée Conakry. Pour la Guinée, Camara, Konde, Abubakar (capitaine), Bangoura Pierre, Camara Daki, Sako, Sagna, Sherif, Dubate, Sylla et Tiani ; pour le Congo, Tandou, Makosso, Mumpala, Nzau, Amoyen, Gavo, Bikouri, Ondjolet, Mbono, Foundoux (puis Jadot) Pena (puis Samba Ndjo-Lea). C’est Ndalla Graille qui donna le coup d’envoi de cette rencontre, en présence du chef de l’État et du président de l’Assemblée nationale, Léon Angor. Cette rencontre se solda par la défaite de l’équipe congolaise sur le score de 2 à 1. Le but congolais fut marqué par Bikouri. C’est le premier buteur du stade Omnisport. Les Guinéens revinrent au score quelques minutes après par Sylla et Sagna. Trois arbitres, Angaud épaulé par Nkounkou (Congo) et Haidara pour la Guinée, officièrent lors de cette rencontre. Mulélé, sévèrement touché (c’est le premier blessé du stade Omnisport) n’a pu terminer le match.

À quelques jours de l’ouverture des Jeux africains, cette défaite de l’équipe nationale congolaise suscita de nombreux commentaires. Des insuffisances ont été relevées par les observateurs, notamment les lacunes de l’attaque qui se révéla improductive alors qu’elle bénéficia, au cours de la rencontre, de multiples occasions de buts. À l’époque, On racontait que pour exorciser cet échec, les différents chefs de quartier de Brazzaville furent conviés à participer à une libation pour solliciter le soutien des mânes de nos ancêtres à l’équipe nationale. Cette demande d’intercession produisit, semble-t-il, ses effets. Le dimanche suivant, 27 juin 1965, le Dahomey (actuel Benin) subit une hécatombe sur le même stade Omnisports. 6 Buts à 1 en faveur de l’équipe du Congo qui redora, par cette victoire, son blason terni par les Guinéens. À une ou deux exceptions près, le Congo aligna l’équipe battue par la Guinée : Tandou, Moumpala, Nzau, Samba Félix, Gavo, Amoyen, Ondjolet, Miéré, Foundoux, Pena, Bikouri. Le Dahomey de son côté, comptait dans ses rangs, Clovis, Naka, Odourou, Matey, Latifou, Inoussi, Honou, Soubirou, Koréa, Locco, Decponow, etc.

Lors des matchs ultérieurs de préparation, la sélection congolaise sut, à chaque occasion, tirer son épingle du jeu. Avant le coup d’envoi officiel des Jeux africains, ce fut de bon augure pour la suite, comme le confirma la victoire remportée par les footballeurs congolais, lors de la finale des Premiers Jeux africains, face à l’équipe du Mali. Grâce à ce succès, ils remportèrent la médaille d’or. Pour finir, il faut revenir sur le nom de ce stade. Dès sa construction, il fut baptisé Stade de la Révolution. Mais, quelques mois avant le début des Jeux africains, la politique fit irruption dans le sport. La tension entre Léopoldville et Brazzaville, due d’une part, à l’expulsion des Congolais installés sur l’autre rive du fleuve en août 1964 et, d’autre part, l’évasion, au mois de mars 1965, de l’ancien président Youlou, réfugié dans la ville voisine, eurent pour conséquence d’envenimer la situation entre les deux rives. Houphouët Boigny, très proche du président déchu, joignit sa voix à celle de Kasa-Vubu, le président de la République démocratique du Congo, et menaça de retirer son pays des jeux. Pour arrêter cette escalade et sauver les jeux, les autorités congolaises décidèrent de renommer cette enceinte : Stade de la Révolution.

MFUMU

 

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