Les Cadres de Lac éventrent le boa

Mercredi 13 mai 2015 - 11:43

Faisant suite à la réponse de la ministre du Portefeuille lundi 11 mai 2015 à la question orale avec débat du sénateur Flore Musendu Flungu, relative au transport aérien en RDC, les Cadres de Lignes aériennes congolaises, LAC-Sarl, viennent d’adresser un mémo à la Chambre haute du Parlement, en vue d’éclairer la religion des Sénateurs et rétablir la vérité dans les faits.

De la liste noire de l’Union Européenne

En réalité, c’est la RDC en tant que pays qui est placée sur la liste noire de l’Union Européenne tant que l’autorité de supervision de la sécurité aérienne, en l’occurrence l’Autorité de l’Aviation Civile AAC/RDC ne répondra pas favorablement aux exigences de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale, OACI en la matière. Ainsi, toutes les compagnies aériennes battant pavillon congolais sont automatiquement placées sur cette liste noire. Korongo Airlines, société subsidiaire de Brussels Airlines en a fait les frais. Il en sera ainsi dans deux ans avec Congo Airways quand elle aura terminé sa phase de maturation si les choses demeurent en l’état.

Il sied de noter que pendant plusieurs décennies, LAC qui, au demeurant, fait partie de diverses organisations professionnelles telles que l’IATA (Association internationale du transport aérien), KSSU (KLM, SWISSAIR, SAS, UTA) et/ou ATLAS (Air France, Lufthansa, Alitalia, Sabena), servait de bouclier à la RDC en matière d’évaluation du respect des normes aéronautiques. LAC a toujours opéré dans le strict respect des normes.

De l’acquisition de la flotte et des équipements

A sa création, Air Congo avait récupéré les aéronefs de Sabena Afrique qu’elle avait dû racheter complètement de 1961 à 1965. Par la suite, Air Congo a acquis sur fonds propres et financement de ses banquiers, notamment la Socobanque, 02 Caravelles-11R, 08 Fokker-27, 02 DC-8-33 (ex Panam) et 02 DC-8-F63.

En 1972, Air Congo avait renforcé sa flotte avec l’acquisition de 03 Boeing 737-200 et 02 DC-10-30 sur financement d’Exim Bank of America avec la garantie souveraine de l’Etat congolais. Ce crédit a été complètement remboursé par Air Zaïre en 1978 sans une quelconque intervention du Trésor.

En 2009, LAC a acquis, grâce aux sacrifices des Agents, Cadres et Mandataires et sans l’appui de l’Etat propriétaire, un Boeing 737-2L9 advanced. Ce financement avait été totalement apuré par les propres efforts du personnel. En clair, l’Etat congolais n’est jamais intervenu financièrement dans l’acquisition des aéronefs de la flotte de LAC. C’est plutôt un appui institutionnel de l’Etat congolais à sa compagnie aérienne nationale sous la forme de garantie souveraine quand il s’agit d’un prêt d’Etat à Etat (Exim Bank).

Tout récemment, LAC a signé avec la société chinoise chargée de la promotion et de la commercialisation des équipements aéronautiques chinois, dénommée Avic International Holding Corporation, un mémorandum d’entente portant sur l’acquisition par LAC des avions de fabrication chinoise grâce au financement de la China Exim Bank dans le cadre d’un prêt d’Etats entre la Chine et la RDC évalué à USD 165 millions au taux concessionnel.

Entraves à la modernisation de la compagnie

Ce programme d’investissements s’articulait autour de : a) l’acquisition par achat de 08 avions de type MA60 et 02 autres de type Y12 ; b) l’acquisition des rechanges, outillages et équipements (ground support equipment) et le financement des services y afférents ; c) la formation du personnel (mécaniciens au sol et pilotes) ; d) la création d’un grand centre de maintenance des avions chinois opérationnels sur le continent africain.

Malgré l’appui au sommet de l’Etat, le ministre en charge de la question s’est interposé par un refus catégorique de la signature de l’acte de garantie souveraine de l’Etat congolais sous le prétexte de la restructuration préalable de LAC. En ce qui concerne les matériels de servitude ou les équipements d’assistance au sol des avions, ils ont depuis toujours été acquis directement par la compagnie aérienne nationale sans un décaissement des fonds du Gouvernement.

Ainsi LAC a doté tous les aéroports du pays de ces équipements. De plus, plusieurs installations pétrolières des aéroports de l’intérieur du pays sont la propriété de LAC. Pour la modernisation desdits matériels, LAC a sollicité un crédit de plus de Usd 2,5 millions auprès d’une banque congolaise de la place en s’appuyant sur un business plan approprié. La tutelle technique s’est interposée pour enjoindre la tutelle administrative et financière de refuser d’accorder l’autorisation règlementaire requise.

De l’amenuisement de la flotte

Sur ordre du Gouvernement :

– Cession de tous les avions rachetés de Sabena Afrique à la Force aérienne congolaise ;

– Cession de tous les petits porteurs à la compagnie COGEAIR :

– Cession de l’acompte versé à Fokker pour l’acquisition de 04 avions complémentaires à Scibe Airlift (plus de Usd 04 millions) ;

– Vente d’un DC-10-30 pour renflouer les caisses de l’Etat ;

– Démantèlement, sans contrepartie pour LAC, du second DC-10-30 par Israel Aircraft Industry, IAI à Tel Aviv ;

– Perte à l’entraînement de 02 Fokker-27 et d’un Boeing 737-200 ;

– Vente de 02 DC-8-63F par les mandataires avec l’appui de la hiérarchie. Il convient de souligner que toutes les ventes ci-énumérées n’ont rien amené dans la caisse de l’Entreprise.

Des états financiers

Des conclusions des travaux d’assainissement des états financiers 2012 assainis de LAC-Sarl pilotés par l’organe technique attitré du ministère du Portefeuille, à savoir le Conseil Supérieur du Portefeuille, la commission d’assainissement mixte CSP/LAC-Sarl avait fixé le capital social définitif de la manière suivante :

– Actif net avec valeur d’expertise assainie Cdf 97.963.688.054,72 ;

– Dettes assainies : Cdf 65.218.315.937,84 ;

– Soit capital social définitif Cdf 32.745.372.116,88 équivalent à USD 35.696.715,90.

– A titre indicatif, avant leur liquidation, Air Afrique avait une dette de plus de USD 650 millions et Nigeria Airways plus de USD 580 millions. Air France a récemment déclaré un déficit de plus de Euros 6,5 millions, etc.

Des études sur la problématique de la compagnie aérienne nationale

Les études menées depuis l’aube de la décennie 1990 sur la problématique de la compagnie aérienne nationale qui est implantée dans toutes les provinces de la RDC, en Afrique, en Europe et aux Etats Unis d’Amérique, ont toujours démontré que la dissolution de cet instrument désigné de la RDC est plus onéreuse que sa relance en termes de coûts social, politique, économique, financier, etc.

Les conclusions de la Commission multidisciplinaire instituée en 1996 regroupant les ministères du Portefeuille, des Transports et Communications, le Conseil supérieur du portefeuille CSP, le Conseil permanent de la comptabilité au Congo CPCC, le Groupe d’études des transports GET, l’Association nationale des Entreprises du Zaïre ANEZA, l’Université de Kinshasa UNIKIN, les Centrales syndicales du Congo et Air Zaïre en font foi. Leurs résolutions ont tranché en faveur de la réhabilitation et la relance d’Air Zaïre.

Plus près de nous, la Commission parlementaire de l’Assemblée nationale conduite par l’honorable Charles Bofassa Djema en 2008 dit en substance dans ses conclusions : « Notre compagnie aérienne nationale qui n’a jamais tué personne a été méchamment tuée par nous-mêmes Congolais, particulièrement les anciens ministres du Portefeuille et des Transports et Communications ainsi que les mandataires qui se sont illustrés par une mégestion caractérisée ainsi qu’une mauvaise prise des décisions » (P.60). Elle a farouchement défendu la relance de la compagnie aérienne nationale en joint-venture avec un partenaire étranger.

L’Inspectorat des Finances et les experts du Gouvernement, des audits extérieurs venus du Congo Brazzaville, du Sénégal et du Cameroun diligentés par l’Organe exécutif ont abouti aux mêmes conclusions et ces documents peuvent être consultés à tout moment.

Du sort du Personnel

Il n’est un secret pour personne, même au crépuscule de leur carrière, les Agents et Cadres de LAC continuent de détenir toujours le secret des meilleurs feux d’artifices du continent dans le domaine du transport aérien. Pour rendre leur compagnie attrayante aux investisseurs potentiels qui pullulent dans le secteur, ils ont posé un acte hautement patriotique à nul autre pareil en acceptant de renoncer à 85% de leurs arriérés de salaires (plus de Usd 120 millions).

De plus, s’agissant d’un secteur de haute technicité où l’aventure n’est nullement permise, dirigeants et membres du personnel LAC ont convenu de retenir les majors éligibles à la retraite légale et extra-légale. Pendant une période n’excédant pas deux à trois ans, ces derniers ont l’obligation d’inculquer leur savoir, savoir faire et savoir être à la jeunesse issue des écoles techniques du pays et de préparer correctement la relève en vue de maintenir la barre haute en matière de sûreté et de sécurité dans l’exploitation des aéronefs.

A ce jour, toutes les compagnies nationales ou étrangères qui exploitent le marché de la RDC ne cessent de recourir à l’expertise de ces perles rares de LAC. (A suivre).

Ya’EBENDE

 

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