Les faits donnent raison au MSR

Lundi 26 janvier 2015 - 10:35

Le Mouvement social pour le renouveau apparaît ainsi comme un parti clairvoyant parce que réaliste et avant-gardiste au sein de la Majorité présidentielle

La disposition lacunaire à la base des incidents enregistrés la semaine dernière à Kinshasa et dans certaines provinces de la RDC a finalement été élaguée hier à l’Assemblée nationale, après avoir été modifiée au Sénat. Voilà qui a fait baisser la tension dans l’opinion là où l’on craignait que d’autres manifestations surviennent encore. Les Congolais peuvent désormais vaquer librement à leurs occupations sans craindre d’autres pillages et dégâts consécutifs au mécontentement autour de l’alinéa 3 de l’article 8 du projet de révision de la loi électorale. Mais, à y regarder de près, le ton donné par le Mouvement social pour le renouveau, lors du débat sur la révision constitutionnelle, était révélateur des obstacles à éviter pour que la situation politique ne dégénère pas en RD Congo.

A l’époque, lorsque le MSR avait mis un bémol sur le débat autour de la révision constitutionnelle, il avait été traité de tous les maux. Les membres de ce parti membre de la Majorité présidentielle avaient été presque qualifiés de traîtres par ceux qui pensaient que la démocratie pouvait se réaliser sans tenir compte des données réelles sur le terrain. Aujourd’hui, les faits, concluent les observateurs avertis, donnent raison à la formation politique chère à Pierre Lumbi. Face à une initiative mal digérée par les Congolais, la RDC a été victime des actes de vandalisme qu’elle ne méritait pas. Pourtant, en sa qualité de parti réaliste et donc avant-gardiste de la Majorité présidentielle, le MSR avait tiré la sonnette d’alarme pour préserver le pays des actes que tout le monde déplore aujourd’hui.

LA LIGNE DURE COURBE L’ECHINE DEVANT CELLE MODEREE
Au sein de la Majorité présidentielle, comme au bon vieux temps de la Mouvance présidentielle sous le régime de Mobutu, il y a la ligne dure et celle des modérés. En d’autres termes, il y a le camp des faucons et celui des colombes. La ligne dure misait sur la révision constitutionnelle et ensuite la révision de la loi électorale sans tenir compte des conséquences que leur initiative allait engendrer dans l’opinion. C’est dans la ligne modérée que se retrouvent le MSR et bien d’autres partis qui n’ont pas suivi la démarche de la ligne dure. Le MSR avait d’ailleurs haussé le ton contre la révision constitutionnelle et lors de l’adoption du projet de loi portant révision de la loi électorale, les députés de ce parti, y compris le rapporteur de l’Assemblée nationale ont tous voté abstention.
Finalement, au regard de l’alinéa 3 de l’article 8 du projet de loi électorale finalement élagué à l’Assemblée nationale après avoir été modifié au Sénat, les faits donnent raison au Mouvement social pour le renouveau. Car, la loi électorale adoptée a finalement été amputée de l’article querellé. Mais, dans ce combat, le MSR n’a pas été seul parce qu’il y a eu des pressions de la rue, de l’Eglise catholique, de l’Opposition. Dans le camp des partis de la Majorité, en dehors du MSR, il y a également eu l’UNAFEC de Gabriel Kyungu, l’ARC d’Olivier Kamitatu... Chacun de ces partis de la Majorité présidentielle a agi à sa manière et le résultat de la conjonction de toutes ces forces est là aujourd’hui. Cette lutte a surtout contribué à éviter au pays de sombrer dans le chaos.

QUEL AVENIR POUR LA MAJORITE EN PREVISION DU CAP 2016 ?
Tirant les leçons de ce qui vient de se passer, il revient à la Majorité présidentielle de s’orienter face à la nécessité de consolider cette famille politique. Quel avenir pour la Majorité après la tentative de révision constitutionnelle au rythme d’une démarche politique visant simplement à contourner la révision constitutionnelle tant souhaitée ? Les observateurs se demandent si les groupes ayant, chaque parti à sa manière, contribué à éviter le chaos au pays, vont-ils se muer en courant au sein de la Majorité présidentielle. Car, il ne s’agit plus de sujet tabou, mais toutes les questions doivent être débattues sans ambages au sein de la famille politique. Fallait-il vraiment compter des morts ou enregistrer des dégâts pour se rendre compte de la réalité sur le terrain en voyant le peuple dans la rue ?
Que va faire le président de la République désormais face au problème de la fin de son mandat ? Il faut donc un débat de fond à l’interne au sein de la Majorité présidentielle pour préparer les élections et même l’alternance. Ill faut également ressortir clairement ce qui s’est passé, en tirer des leçons et le résultat des combats menés jusqu’ici. Il faut donc, en un mot comme en mille, se regarder en face à travers un langage de vérité plutôt que de considérer comme des traîtres tous ceux qui émettent un point de vue contraire. Mais, au centre de tout, il faut ressouder la majorité présidentielle après les sons de cloche discordants enregistrés. Car, en cherchant à imposer ses vues, la ligne dure a étalé ses limites sur la place publique et n’a pas pu obtenir gain de cause face à l’opinion.

VIVEMENT LE DEBAT AU SEIN DE LA MAJORITE PRESIDENTIELLE
Les leçons à tirer face à la tentative qui vient d’échouer, il faut un débat interne, un vrai débat alors, au sein de la Majorité présidentielle en vue de permettre à la famille politique à laquelle appartient le chef de l’Etat d’aller de l’avant et que la diabolisation, en cas de divergence des vues, n’ait pas droit de cité. Car, si à l’époque, le MSR était considéré comme le parti des traîtres, mais aujourd’hui, comme on s’en rend vite compte, c’est ce parti qui avait raison sur toute la ligne et qui n’avait pas été écouté. Or, le MSR n’est pas du tout seul. Voilà qui consolide l’idée d’un débat interne au sein de la Majorité présidentielle pour éviter de naviguer à contrecourant de l’histoire. M. M.