Dans le monde actuel, nos dirigeants nous imposent souvent leur idéologie et usent leur temps à prêcher pour des broutilles, alors qu'il serait plus utile d'aider le peuple à relever la tête.
Beaucoup de cœurs saignent en voyant la dignité humaine piétinée et le patriotisme jeté en pâture. Parmi ces derniers, figure Dominique Mpundu Bolalia Botuli qui a publié récemment « Les yeux des jours tristes », préfacé par Henri Kamande Nzuzi.
Les six nouvelles de ce livre renvoient inéluctablement le lecteur à la fois dans son passé et dans son quotidien. C'est par l’histoire de Dovi et Mélanie, mariés depuis dix ans et vivant de galères, que débute ce recueil de nouvelles. Le sort qui s'acharne sur eux va prendre fin de manière dramatique. Dovi sera finalement embauché au CICR parce qu'il avait été renversé par un chauffeur de cette institution. Bigre !
Des péripatéticiennes entrent ensuite en scène, puis nous retrouvons Baba Pekato, un directeur d'école, ainsi que son fils Junior, enfin la belle Moune ou encore l'intriguant Mopepe Ya Kaina. Il en ressort un véritable scanner de la société congolaise. Auteur de plusieurs pièces de théâtre ainsi que d'autres nouvelles, Dominique Mpundu Bolalia Botuli nous offre une œuvre poignante et interpellatrice.
Nous devons veiller aux vertus
Cet auteur est triple lauréat, en septembre 2009 ainsi qu'en mars et juin 2010, du prix Mark Twain de l'ambassade des États-Unis d’Amérique en République Démocratique du Congo notamment pour « L'épine de Pekato ». Il lance ici un cri d’alarme sur une société en danger et évoque une indépendance à concrétiser, une société dans laquelle l’honnêteté est un vice puisque : « Le voyage au pays de la vertu ne présente plus aucun attrait pour le congolais ordinaire. »
Le narrateur de ce recueil positionne avec merveille les personnages face à leur choix de décision : le Bien ou le Mal, l'indépendance ou l'asservissement. Ainsi par intérêt personnel, le pasteur Lola « prêchait un Évangile de son propre cru ». Le choix à effectuer est tellement cornélien que même Junior Pékato oublie son devoir conjugal alors que son épouse Rachel est dotée : « d’une poitrine que l'âge et les multiples allaitements ne sont pas parvenus à assujettir ».
Ces nouvelles, dépourvues de poncif ou de simplisme, nous rappellent que nous devons veiller aux vertus, par exemple l'intégrité, sans lesquelles nous irions au suicide collectif. Une manière intelligente de lutter contre les antivaleurs et contre l'oppression.