Les accidents s’enchaînent sur le réseau de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC). En même temps, le plan de relance de l’entreprise semble faire l’impasse sur l’entretien de cette infrastructure qui date de l’époque coloniale.
Le 28 septembre à Kipukwe, dans le Katanga, un nouveau déraillement a fait deux morts et une dizaine de blessés. Cet accident vient s’ajouter à bien d’autres qui sont régulièrement déplorés sur les chemins de fer congolais. Le plus mortel est survenu le 22 avril dernier à environ 65 kilomètres au nord de Kamina, et a causé la mort d’une centaine de personnes. Du coup, prendre le train est devenu synonyme de risquer gros. Cette situation soulève la question de l’état des infrastructures ferroviaires gérées par la SNCC. Pour relancer ses activités, presque au point mort depuis plusieurs années, le gouvernement accorde la priorité à l’acquisition de nouvelles locomotives. Depuis le début de l’année, la SNCC a déjà reçu 28 nouveaux engins dont dix financés par le gouvernement et les dix-huit autres par la Banque mondiale. Dix nouvelles locomotives sont attendues. Le 26 septembre, un contrat a été signé à Kinshasa, à cet effet, entre les responsables de la SNCC et le consortium chinois Yuan Helie. L’achat de ce matériel sera financé par le gouvernement à hauteur de 6, 984 millions de dollars.
La priorité des priorités
Mais les efforts du gouvernement pour la réhabilitation du réseau ferroviaire risquent de se révéler vains si le mauvais état des rails n’est pas pris en compte. La voie ferrée, identifiée comme l’une des causes de ces accidents à répétition, ne bénéficie pas encore d’une attention particulière. Les nouvelles locomotives devront donc rouler sur des voies défectueuses qui remontent à l’époque coloniale, avec tous les dangers que cela représente. La priorité des priorités, pour d’aucuns, serait la remise à neuf des rails aujourd’hui négligés. La société civile du Katanga s’alarme, depuis, contre l’endommagement du tronçon Kinsenda-Kisanfu et Tenke, long d’une vingtaine de kilomètres sur la ligne Kolwezi-Likasi, par des personnes à la recherche de concentrés de cuivre, creusant en même temps la voie au risque de causer des déraillements.
Difficile redressement
La SNCC gère un réseau de chemin de fer qui s’étend sur 3 641 km de lignes principales, d’Ilebo, au Kasaï-Occidental, à Lubumbashi et Sakania, au Katanga. Une grande partie de ce réseau est en mauvais état. Selon les experts de la SNCC, la réhabilitation d’un kilomètre de la voie ferrée nécessite 300 000 dollars. Transformée en société commerciale, l’entreprise, qui est en butte à d’énormes difficultés de fonctionnement, espère s’ouvrir aux capitaux privés pour entamer les travaux de renouvellement de son outil d’exploitation. Sa bonne santé est d’une grande importance économique pour le pays. La SNCC peut faciliter, à travers le réseau qu’elle exploite, une fluidité commerciale dans cette partie du territoire. Dans le cadre du Projet de transport multimodal (PTM), le gouvernement, en partenariat avec la Banque mondiale, vise sa relance en mettant en œuvre un plan de gouvernance et de financement de ses activités. Les tensions sociales très régulières sont telles que les salariés font souvent grève : ils comptent une trentaine de mois d’arriérés de salaires.