La Majorité présidenti¬elle (MP) s’efforce, sans y parvenir, de donner à l’opinion une image d’elle d’une famille poli¬tique rassemblée ayant gommé les disparités idéologiques et poli¬tiques qui la divisent. Ses membres les plus éminents ne sont pas d’accord sur une kyri¬elle de sujets politiques comme l’avenir politique de Kabila, le découpage territorial, la rétroces¬sion et le processus électoral.
La MP a multiplié ces der¬niers temps les réunions politiques notamment à Kingakati pour essayer de faire taire les divergences qui ont éclatées
au grand jour en son sein. Malgré cela, les respon¬sables de cette plateforme politique n’y sont pas par¬venus. Un échec de Minaku qui apersonnellement pré¬sidé toutes les réunions. Mais à l’une d’elles, la pre¬mière, Kabila y est appa¬rue furtivement. Après donc deux réunions ouvertes à l’ensemble des membres à Kingakati, ferme présiden¬tielle située dans la banli¬eue est, les ténors de la MP n’arrive toujours pas à ac¬corder leurs violons.
Eh bien dans ce concert de désaveux de la ligne poli¬tique de Joseph Kabila, toutes les voix n’ont pas la même portée. Une est plus
bruyante que d’autres en raison notamment de la per¬sonnalité qui l’émet. C’est celle de Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, président de l’assemblée provinciale du Katanga et président de l’UNAFEC. Les résolutions de son Congrès, dont une visant la présentation d’un
candidat à la présidentielle, a fait des vagues au sein de sa famille politique. Au lendemain de la deuxième réunion de Kingakati de la MP, Kabila a demandé à le voir en personne pour tirer les choses au clair. Surtout que Kyungu passe pour être le frondeur le plus virulent de tous. Personne n’a d’autorité sur lui à part Joseph Kabila. Et c’est une autorité rela¬tive qui s’apparente plus à de l’influence nous confie un cadre de la MP. D’après nos sources, les deux hommes se sont rencontrés le lundi 13 avril, un jour après la messe politique de Kingaka¬ti. Selon les mêmes sources le tête-à-tête entre les deux
personnalités s’est très mal passé. Aucun compromis n’a été trouvé sur tous les sujets qui fâchent : découp¬age, calendrier électoral ou possible mandat de Kabila. Gabriel Kyungu Wa Kum¬wanza, un vieux routier de la politique a tenu tête à Kabila.
Il n’a cédé sur rien. Il dit qu’il va revenir sur dé¬coupage après deux ans. Il maintient le respect de la Constitution. Et veut que les élections locales soi¬ent renvoyées en 2017. Et la cerise sur le gâteau, son parti, n’a pas entendu une consigne de la MP, pour dire qu’il va présenter des candi¬dats à tous les échelons de la compétition électorale, y compris à la présidentielle de 2016. Au lendemain de cette entrevue Kyungu a remué le couteau dans la plaie en réaffirmant toutes les résolutions de son par¬ti. S’amusant même à dire que ça l’amuse à donner des migraines à ses parte¬naires politiques de la MP. Kabila a essayé de le rai¬sonner en vain. Après cette rencontre Kyungu, a dit lors d’une émission télé « qu’il n’est pas Kabiliste » mais qu’il fait partie de sa famille politique la MP. Kyungu a profité de cette tribune pour taxer les hommes politiques de la Majorité de « crasse politique ». Il en a rajouté une couche en les qualifi¬ant « d’hypocrites ». Son franc-parler est une de ses marques de fabrique. Il y a deux semaines, à la pre¬mière réunion de Kingakati qui a avait fini en queue de poisson, Kyungu avait déjà, en réaction aux ac¬cusations portées contre lui de traîtrise, dit tout le mal qu’il pensait de ses parte¬naires politiques. La sec¬onde réunion de Kingakati suivie du face à face avec Kabila n’y a rien changé. Kyungu tient à rappeler qu’il n’est pas le produit de Kabila. Au contraire lui et Katumbi peuvent légitime¬ment revendiquer leur part de la victoire électorale de Kabila en 2011. Avec leur sou, ils ont contribué large¬ment à la victoire de Kabila contrairement aux politic¬ailleurs de Kinshasa. Con¬séquence de ces profondes divergences, la MP a en¬courager et créer de toutes pièces une dissidence dans son parti l’UNAFEC ou une demi douzaine des députés l’ont désavoué lui et les ré¬solutions de son Congrès. Serein Kyungu donne à ses détracteurs rendez-vous aux élections prochaines.
Si il égratigne volontiers ses pairs de la Majorité, il ne manque pas d’occasion pour saluer la bravoure politique du Gouverneur Moïse Ka¬tumbi. Il est même fier de comparer son alliance avec Katumbi avec celle qu’il avait avec Etienne Tshiseke¬di, puis Ngunz-a-Karl Ibond et même récemment feu le bâtonnier Kisimba Ngoy. Comme pour rien arranger à cette cacophonie au sein de la Majorité présidenti¬elle, Christophe Lutundula, un autre cadre de la MP, plusieurs fois roulé dans la farine, décide de convoquer à l’Assemblée Nationale Evariste Boshab, le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, sur le proces¬sus électoral et le découp¬age territorial. Ça promet des chaudes empoignades. Le magister qu’exerçait Jo¬seph Kabila, à cause de la détention d’un pouvoir sans borne, sur sa famille poli¬tique a bel et bien vécue. La borne de la constitution qui lui interdit un 3ème mandat a ouvert de nouvelles per¬spectives pour la RD-Congo qui rêve d’un autre Congo, celui respectueux des droits humains notamment. Kyun¬gu lui a déjà pris ses dis¬tances avec ce régime dont l’image se détériore au jour le jour comme le démontre l’affaire Fosse commune de
Maluku.
MATTHIEU KEPA