Le président de l‟ancienne rébellion exige du gouvernement de respecter ses engagements signés à Nairobi et de transformer du M23 en parti politique. Alors que Kinshasa se prépare à la nomination d‟un nouveau gouvernement de cohésion nationale élargi à l‟opposition, le M23 demande à être intégré dans le jeu politique congolais. Dans un communiqué, Bertrand Bisimwa, le président de l‟ex-rébellion, exige des autorités congolaises « une réponse favorable à la transformation du M23 en parti politique » conformément aux déclarations de Nairobi. Le M23 dénonce « la stratégie savamment conçue (du gouvernement, ndlr) pour empêcher la direction du M23 de retourner au pays ». L‟interpellation des ex-rebelles intervient à quelques jours d‟une probable annonce par Kinshasa d‟un nouveau gouvernement, censé associer des partis d‟opposition au nouvel exécutif congolais. Le gouvernement intégrera-t-il des membres de l‟ancienne rébellion dans ce gouvernement ? La réponse est annoncée « avant le 15 septembre » par Kinshasa. Pourtant, la composition du gouvernement de cohésion nationale a été mainte fois reportée, depuis son annonce par le président Joseph Kabila le 27 octobre 2013. Le M23 attendait 4.000 amnisties
La transformation du M23 en parti politique ne constitue pas la seule demande de Bertrand Bisimwa. Dans son communiqué, le M23 dénonce une nouvelle fois « les violations par le gouvernement de ses propres engagements », ce qui « énerve par conséquence l‟esprit desdites déclarations » précise le patron du M23. Au menu des griefs contre les autorités congolaises, le M23 revient sur la loi d‟amnistie et se demande pourquoi une liste de membres du M23 est exclue de cette loi. Bertrand Bisimwa rappelle que le « législateur n‟a pas prévu le concours d‟infractions amnistiables et non amnistiables comme une cause de non-éligibilité à la présente loi ». Le M23 dénonce ensuite les lenteurs dans l‟application de la loi d‟amnistie. « En sept mois, seuls 193 noms de membres du M23 ont été publiés sur les 4.000 attendus ». Enfin l‟ancienne rébellion demande la libération de tous les prisonniers « conformément aux déclarations du 12 Décembre 2013 à Nairobi ». Revenant sur l‟accord du 23 mars 2009, à l‟origine de la création du M23, Bertrand Bisimwa rappelle « qu‟environ 75% des engagements du gouvernement avaient été soit non-réalisés, soit mal-réalisés ou soit encore inachevés. A ce jour, Il n‟existe aucun calendrier connu pour la mise en oeuvre de l‟accord du 23 mars». Parmi ces dispositions de 2009, la rébellion du CNDP devait déjà se muer en parti politique selon les accords du 23 mars, mais cette transformation n‟a jamais vu le jour. L’avertissement de l’ex-rébellion Concernant le mécanisme de suivi du dernier accord-cadre signé entre Kinshasa et le M23 à Nairobi en février 2014, les rebelles et le gouvernement ne sont pas sur la même longueur d‟onde. Les ex-rebelles affirment que René Abandi, leur représentant, « n‟a jamais été associé à la préparation des réunions, ni invité à une séance de travail ». Côté gouvernemental, François Muamba, le coordinateur du mécanisme, a déclaré avoir souhaité la présence de René Abandi à la réunion, mais que ce dernier était « retenu à l‟étranger » et « qu‟il sera le bienvenu la prochaine fois ». En tout état de cause, les relations entre Kinshasa et les ex-rebelles ne cessent de se dégrader au fil des mois. Ce dernier communiqué de Bertrand Bisimwa constitue un avertissement au gouvernement, qui doit, selon lui, honorer ses engagements. Les ex-rebelles en appellent à la CIRGL, à la SADC et aux représentants spéciaux de la communauté internationale pour « sauver le processus de paix en RDC ». La demande de transformation du M23 en parti politique sera-telle entendue ? En cas de refus, quelle sera la réponse des anciens rebelles dont les Nations-unies craignent la réorganisation à l‟Est du Congo et dans les pays voisins ? La composition du nouveau gouvernement apportera sans doute un début de réponse.