Le gouverneur de Kinshasa a interdit la manifestation contre la possible modification de la Constitution permettant à Joseph Kabila de rester au pouvoir. Certains organisateurs ont préféré annuler la marche, d’autres non. La grande manifestation des opposants à la réforme qui permettrait au président Joseph Kabila de briguer un troisième mandat a tourné court samedi 13 septembre à Kinshasa. Vendredi soir, alors que les autorités de la capitale avaient été prévenues il y a plusieurs semaines, le gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta a demandé aux organisateurs de ne pas manifester et de reporter leur marche ultérieurement. En cause, un autre rassemblement qui se tenait le même jour dans la capitale et qui empêchait la police de sécuriser les deux manifestations. Samedi se tenait en effet le meeting de Pierre Lisanga, leader du Front populaire, qui lui aussi protestait contre toute tentative de révision constitutionnelle. Dès vendredi soir, une partie des organisateurs de la marche souhaitent annuler la manifestation. D‟autres paraissent plus déterminé, estimant que les recommandations du gouverneur ne sont qu‟un prétexte pour dissuader les manifestants de descendre dans la rue. Manifestation dispersée par la police Le samedi matin, les quelques dizaines de manifestants qui se trouvaient dans le centre de Kinshasa pour rejoindre la point de départ de la marche, ont été rapidement dispersés par une centaine de policiers présents dans le quartier, selon des témoins. L‟UNC, l‟un des partis organisateurs de la marche aux côtés de l‟UDPS, a déclaré qu‟il y avait des blessés. Les autorités congolaises ont affirmé en fin de soirée, samedi, que 8 personnes avaient été interpellées, dont un député de l‟opposition, sans en préciser l‟identité. Vital Kamerhe, le président de l‟UNC et Bruno Mavungu, le secrétaire général de l‟UDPS, ont annoncé vouloir organiser une nouvelle manifestation dont la date n‟a pas encore été fixée. Couac dans l’opposition
Ce rendez-vous raté a tout de même créé des dissensions à l‟intérieur de la plateforme de l‟opposition, composée entre autres de l‟UNC, de Vital Kamehre, de l‟UDPS d‟Etienne Tshisekedi, de l‟Ecidé, du MPCR et du RCD-KML. Dans la soirée de vendredi, plusieurs messages ont rapidement circulé pour annoncé « l‟annulation » de la marche. D‟autres parlant de simples « rumeurs d‟interdiction ». Mais samedi matin, sur le site internet d‟un journaliste de la diaspora installé à Bruxelles, Cheik Fita, le président de la société civile, Christopher Mutamba, apportent d‟autres explications à « l‟annulation » de la marche. Selon lui, il y aurait une certaine « cacophonie au sein des forces de l‟opposition ». Pointée, l‟attitude de Vital Kamrehe, le patron de l‟UNC qui « participerait à la manifestation comme s‟il était déjà en campagne ». Le président du Pareso, Rigobert Kuta, a également annoncé samedi matin que son mouvement ne participerait pas à la marche « afin d‟éviter toute récupération politicienne ». Vital Kamerhe, un « frondeur » qui inquiète Ces divergences n‟entachent pas pour le moment l‟unité de la plateforme UNC-UDPS, deux des trois principaux partis d‟opposition et les multiples partis (ou micro-partis) qui la composent. Dans le flot de ces petits partis ou des organisations civile, il y aura toujours des voix dissonantes. Mais certains peuvent craindre le leadership de tels ou tels chefs de partis. Et il est vrai que depuis quelques mois, Vital Kamerhe prend l‟ascendant sur le mouvement de contestation contre la révision constitutionnelle… au détriment de l‟UDPS. Le parti d‟Etienne Tshisekedi, 82 ans et malade, peine à tourner la page du vieux sphinx de Limete. Son fils, Félix, n‟a pas encore repris officiellement les rênes du parti, qui se divise toujours autour de la succession du chef. La place est donc vacante pour un leader plus jeune, ce qui fait pour le moment l‟affaire de Vital Kamehe. Mais le patron de l‟UNC a toujours du mal à se faire passer pour « l‟opposant numéro 1 » à Joseph Kabila, lui qui a été son directeur de campagne en 2006 et ancien secrétaire général du PPRD, le parti présidentiel. Pour beaucoup d‟opposants, le virage à 180° paraît toujours suspect. La dernière sortie du président de l‟UNC à Washington sur la nécessité de garantir un statut au d‟ancien Chef d‟Etat à Joseph Kabila si ce dernier voulait quitter le pouvoir, a ravivé les soupçons de connivence entre le président et son ancien conseiller. Ce dernier épisode démontre qu‟il faudra encore un peu de temps à Vital Kamerhe pour gagner ses galons d‟opposant aux yeux des autres partis d‟opposition.