Paul Kagame candidat à sa succession : La Constitution foulée au pied en Afrique centrale

Mardi 22 décembre 2015 - 12:11

Après que le peuple rwandais ait  » massivement  » voté  » Oui  » (98%) au référendum organisé sous la supervision du président Kagame, et destiné à ratifier la Constitution révisée en novembre par le Parlement, la porte est désormais ouverte au président rwandais dont le second et dernier mandat prévu par la Constitution prendra fin en 2017. Mais certainement, il va briguer un troisième mandat.

Divers articles de la Constitution de 2003 ont été modifiés. Les changements notables cependant portent sur les articles 101 et 172 qui autorisent au président Kagame, âgé de 58 ans, à se maintenir au pouvoir durant 17 ans supplémentaires.

L’article 172 précise, en clair, que cette disposition n’entrera en vigueur qu’après un nouveau septennat transitoire entre 2017 et 2024, précisant que le président sortant y sera éligible, de même qu’aux deux quinquennats suivants. Tout compte fait, Paul Kagame trônera à la tête du pays jusqu’en 2034. Il sera alors âgé de 77 ans. Va-t-il pour autant perdre le goût du pouvoir, alors vert galant ?

Au Congo Brazzaville, le régime Sassou au pouvoir depuis trois décennies, a également emprunté la même voie que le Rwanda. Un référendum a été organisé, malgré les protestations de l’Opposition, et le  » Oui « , naturellement, l’a massivement remporté. Il sera autorisé à passer outre les dispositions constitutionnelles qui limitent le nombre de mandats à deux et l’âge à 70 ans.

Ayant consommé les deux mandats et dépassé l’âge limite, le président Sassou était, pourtant, constitutionnellement non partant dans la prochaine course au pouvoir.

En République démocratique du Congo, l’Opposition ne cesse de dénoncer les velléités visant à franchir les limites fixées par la Constitution.

C’est ce qu’on appelle glissement. Pour preuve, l’Opposition met en avant le refus délibéré du gouvernement de financer la Ceni, organe technique chargé d’organiser les élections. Les provinciales sont visiblement oubliées à dessein, alors que les candidats s’étaient déjà manifestés avant de payer leurs cautions. Le fichier électoral n’est toujours pas actualisé, les nouveaux majeurs non enregistrés, et le calendrier global réaménagé n’existe toujours pas.

Pendant ce temps, le Sénat, fin mandat, fin mandat depuis 2011, continue à siéger. Ces paramètres démontrent à suffisance, selon l’Opposition, que le gouvernement congolais rechigne à organiser les élections dans les délais constitutionnels, afin de donner libre cours au glissement.

Au regard de ce qui se passe dans les trois pays, les Etats-Unis d’Amérique ont multiplié des appels fermes au respect strict de la Constitution. Il en est de même de quelques partenaires occidentaux. Car personne n’entend procéder à l’alternance, pourtant un principe sacré en démocratie.

Par GO

 

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