Tournant décisif pour Pierre Mountouari qui met à profit son passage à Paris pour se relancer dans la production musicale. Deux experts sont retenus pour cette nouvelle aventure.
Ils deviendront les piliers de sa nouvelle entreprise : un éditeur pour la reprise et la mise à nouveau de sa réalisation discographique et un tourneur pour le circuit éventuel de sa participation aux grands festivals européens.
Il a fallu attendre plusieurs années pour que Pierre Mountouari sorte enfin des oubliettes. Soucieux de reconstruire sa carrière musicale mis en berne depuis plusieurs années, le célébrissime chanteur congolais, Pierre Mountouari fait ici son grand retour qui doit rapidement devenir un retentissant succès artistique et commercial.
Le contact avec le monde des musiques populaires "exotiques" qui ont longtemps fait sa gloire est désormais rétabli et le résultat sera d'emblée appétissant et magnifique, si l'on tient au sérieux des conclusions qui ont abouti à la mise en place de l'une des entreprises les plus originales dans le domaine du travail musical d'aujourd'hui.
Pierre Mountouari, une icône qu'on ne présente plus
C'est assez brillamment, dans l'orchestre Sinza Kotoko en 1968 (auparavant Super Tumba en 1964) qu'est arrivé Pierre Mountouari qui va jouer un rôle de premier plan dans l'affermissement du groupe, avec le succès des titres comme « Vévé », « Ma Loukoula », « Mavoungou », etc.
Il devait ensuite s'affirmer comme le musicien le plus important de l'ère post-soukous. Rapidement considéré comme l'un des meilleurs jeunes chanteurs ténor.
Son prix de meilleur chanteur amateur obtenu à l'issu d'un concours au Ministère de la culture le pousse au devant de la scène. Pierre Mountouari devait surtout construire sa personnalité au contact avec de géants de la rumba.
Pendant cette époque probatoire, Pierre Mountouari enregistre un grand nombre de disques chez Pathé Marconi avec Sinza Kotoko. Avec ce groupe, il est médaillé d'or du Festival panafricain de la jeunesse en 1973 à Tunis.
Fin de l'expérience Sinza Kotoko
L'aventure avec Sinza Kotoko s'achève en 1973, lorsqu'il forme son propre groupe « Les Sossa », (1973-1975) suivi d'une carrière solo qui commence en 1979 quand il signe son entrée au label Safari Ambiance à Paris.
Puis, entraîné par les expériences nouvelles, menés en collaboration avec l'antillais Jacob Devarieux, et le guitariste Ignace Nkounkou « Master », dans le sillage des grands noms comme Tanawa et Sammy Massamba.
Pierre Mountouari crée au cours de son séjour français, une révolution avec des titres comme « Aissa », « Saile », « Missengue ».... qui ont fait le tour du monde.
Au beau milieu de son explosion, le chanteur congolais de grand renom retourne au bercail en 1988.
Le résultat sublime d'équilibre et d'intelligence, est la concentration sur le développement des jeunes talent congolais, en particulier le lancement de sa fille Michael Mountouari dans un riche répertoire complètement inattendu : « Kimbangou », « Sénégalais », « Ma Yolande », « Abia » et tant d'autres qui fait du duo « Pierre et Michael » une teinte pastel caractéristique.
L'autre témoignage important, enregistré en 1994, est la nomination de Pierre Mountouari, comme meilleur chanteur-compositeur au Festival kinois « Ngwomo Africa ».
Entre 1993 et 1999, Pierre Mountouari est demeuré un jalon important dans la production et la distribution phonographique. Un travail élaboré où la structure a laissé une large place à la publication. Pierre s'est imposé comme le chanteur le plus populaire dans l'Afrique de l'Ouest particulièrement, et connait jusqu'à présent la célébrité qu'il mérite.
Mais, Pierre Mountouari a bien raison de se relancer pour maintenir la flamme qui continue à s'allumer dans cette partie de l'Afrique (Sénégal, Mali, Guinée, Nigéria, Togo, Bénin....) alors qu'elle s'est éteinte dans son propre pays.
D'où, Pierre Mountouari n'a pas tord de se reconstruire musicalement, dans la production discographique et surtout dans la reprise des tournées artistiques. Des valeurs congolais dans le domaine, pour ne citer que le prestigieux Cyriaque Bassoka et son grand réseau d'adresses est à privilégier.
Pierre Mountouari, qui vit depuis longtemps à Pointe-Noire, est tenancier d'un bar-dancing qui regroupe tous les soirs les amoureux de la bonne musique. Tout comme il apporte son savoir faire comme conseiller artistique dans les structures culturelles de la Préfecture du Kouilou.
Disons qu'il est demeuré disponible à tous ceux qui ont eu besoin de ses services. Il fait ainsi constamment la preuve d'une invraisemblable intuition pour découvrir ou pour lancer à ses côtés de jeunes artistes qui devraient devenir les grands de la musique congolaise. Bravo Pierre... !
Par Clément Ossinondé