Processus électoral bloqué, tensions en l’air, …Tous Ponce Pilate !

Jeudi 7 janvier 2016 - 08:28

Les germes de blocage du processus électoral se multiplient. La Céni apparemment dépassée, ne rassure plus. Incapable de produire un calendrier électoral réaménagé, elle s’en remet à la classe politique qui, à son tour, semble ne pas faire des élections une urgence. La médiation, menée en dernière minute par la CENCO pour débloquer la machine, est loin de produire des effets escomptés. A quelque niveau que ce soit, tous  porteront la responsabilité du blocage. Même si, pour l’instant, les uns et les autres tentent de se rejeter la balle. Comme Ponce Pilate en son temps.

Le Potentiel

 

Ils ont préféré sacrifier le peuple. Ils n’ont pas mis en avant les intérêts du pays qui les a vus naitre. A la place, ils se sont fait guider par leurs instincts égoïstes de sauvegarde des intérêts acquis. Ils ont multiplié les obstacles jusqu’à condamner à la dérive l’ensemble du processus électoral. La plupart d’entre eux ont opéré à découvert, n’hésitant pas à dévoiler clairement leur penchant.

Qui sont-ils ? Ils sont politiciens, acteurs de la Société civile ou partenaires au développement. En passant à la loupe chacun de leurs agissements, on découvre qu’une fois de plus, c’est le peuple congolais qui a été floué, s’il n’a pas été tout simplement le dindon de la farce. C’est encore lui qui paiera le plus lourd tribut d’un processus électoral en perte de vitesse. C’est aussi sur lui que repose le sauvetage d’un processus au point mort.

En improvisant une médiation à la faveur du processus électoral, les évêques catholiques ont lancé un message qui n’a pas été bien perçu dans l’opinion. L’intrusion des évêques est le signe d’un processus électoral en pleine déroute. La Conférence épiscopale nationale du Congo(Cenco) croit cependant à un sursaut collectif de dernière minute.

Si la Cenco n’est pas prête à faire pression pour libérer le processus électoral, elle a annoncé la « mise sur pied d’un Comité de suivi comptant huit membres: les six archevêques métropolitains de l’église-famille de Dieu en RD Congo, ainsi que le président et le vice-président de la CENCO ». La déclaration des évêques traduit tout le désarroi du clergé catholique. « La tâche dévolue à ce comité, ont-ils dit, est de maintenir le contact avec tous les protagonistes, de susciter et consolider la confiance mutuelle et d’encourager les initiatives visant à la relance du processus électoral ».

Le blocage se précise

Mesure-t-on la portée réelle de la déclaration de la Cenco ? Lorsqu’elle évoque tout haut la « relance » du processus, c’est autrement dire que les élections sont dans l’impasse. Elle n’est pas convaincue de l’organisation des élections en cette année 2016.

Que faire alors ? La Cenco n’a pas de solution dans l’immédiat. C’est la mission qu’elle dit avoir confiée au Comité de suivi. Princes de l’église, les membres de la Cenco n’ont de regards que «  vers le Très-Haut, le Dieu d’amour et de miséricorde », dont il implore « les grâces divines pour la réussite du processus électoral et pour la consolidation de notre jeune démocratie ».

Le denier message des évêques est marqué par le signe de la compassion en vue de l’apaisement. Les évêques sont conscients du danger qui guette le pays. Comme bien d’autres compatriotes, ils savent que la RDC va droit vers une confrontation à grande échelle qui risque de faire sauter tous les verrous mis en place depuis 1990 pour consolider la démocratie congolaise.

Pendant que les Prélats invitent tous les fils et filles de la RDC à un « sursaut patriotique », de part et d’autre, c’est-à-dire dans la Majorité tout comme dans l’Opposition, la tension est montée d’un cran. Les exemples sont légion. Depuis un temps, le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) aligne chaque semaine des séminaires pour sensibiliser sa base en vue de la conservation du pouvoir par tous les moyens. Dans sa démarche, le parti présidentiel tombe dans des approches excentriques quand il s’entraine à combattre le terrorisme (sic !).

Dans l’Opposition, le discours est également à la confrontation. Dans l’Ile de Gorée (Sénégal) où une frange importante de l’Opposition s’était retranchée, le ton n’est pas non plus à l’apaisement. En clair, tout le monde est sur le pied de guerre.

Quant au processus électoral, tous se rejettent la responsabilité. La Majorité, qui continue à croire au dialogue pour débloquer la machine électorale, a rendu responsable la Céni. Pas un mot à l’encontre du gouvernement qui ne sait pas mettre à la disposition de la Centrale électorale des fonds nécessaires pour son fonctionnement. Au même moment, l’Opposition, hostile au dialogue, n’accorde pas de crédit à l’actuelle Céni concernant l’organisation d’un processus électoral crédible. La Société civile, dans sa diversité et toutes ses disparités, peine à faire l’unanimité autour de l’attitude à adopter.

 

Bref, tous jouent au Ponce Pilate, étalant au grand jour leur irresponsabilité : ils sont  incapables de tirer le pays du gouffre dans lequel il est entrainé à petits pas.

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