Le calendrier électoral n’est plus une priorité pour la Céni. De l’avis de son président, il ne sert à rien d’en publier un quatrième pour l’instant, alors que les trois premiers n’ont jamais été appliqués. Jouant au Ponce Pilate, Corneille Nangaa rejette toute la responsabilité sur les acteurs politiques qui doivent l’aider à dégager un consensus. Entre-temps, il promet de poursuivre ses consultations sans se préoccuper de la tenue d’élections générales en 2016. Combien de temps prendront-elles ? Pareille approche ressemble à un aveu d’impuissance dans le chef de la Céni.
« Le problème, ce n’est pas le calendrier ; on peut en publier un même ce soir, mais il sera non appliqué ». C’est en ces termes que le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Corneille Nangaa Yobeluo, a répondu, hier mercredi 16 décembre, à une question de la presse sur la date de la publication du calendrier électoral. Nangaa assistait ainsi à la publication du rapport d’observation pré-électorale de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).
Depuis le chaos observé avec les élections de 2011 et la mise en place d’un nouveau bureau à la Céni l’année suivante, trois calendriers électoraux ont déjà été rendus publics sans qu’aucun scrutin ne se soit organisé. Un premier calendrier avait été publié en 2012 et aussitôt rejeté ; un deuxième calendrier publié en mai 2014 par l’abbé Malumalu, alors président de la Céni, avait lui aussi été rejeté parce qu’il était « trop partiel » et ne reprenait que les élections municipales et locales. Après des pressions exercées sur la Céni au début de cette année, un troisième calendrier électoral global avait été publié, le 12 février 2015, regroupant tous les scrutins. Aussitôt publié, les acteurs politiques l’ont également boudé puisque « trop global », contraignant et budgétivore. Depuis, un nouveau président a succédé à l’abbé Malumalu et la Céni n’a toujours pas proposé de nouveau calendrier électoral, en dépit de sa volonté exprimée de poursuivre le processus électoral.
« Avec trois calendriers non exécutés, la Céni se sent mal à l’aise d’en publier un quatrième », a lâché le tout nouveau président de la centrale électorale visiblement embarrassé. Faut-il publier un calendrier partiel, faut-il reprendre un calendrier global? Corneille Nangaa et son équipe se trouvent dans l’impasse. Ils ne savent plus quel chemin suivre, ni à quel saint se vouer.
Comme pour se dédouaner, le président de la Céni s’en est remis aux bonnes grâces des acteurs politiques qui devraient l’aider à dégager un consensus. Mais l’on sait que les politiques peinent à se mettre d’accord sur la tenue ou non du dialogue politique qui devrait, selon une récente ordonnance du président de la République, baliser le chemin de l’avenir du processus électoral en cours. « Si le dialogue ne s’organise pas, nous allons dans ce cas poursuivre avec les consultations que nous avions déjà amorcées », a-t-il rassuré.
Quand ces consultations avec la Majorité, l’Opposition et la Société civile auront-elles lieu et dans quel cadre ? Là encore ni échéance, ni mode opératoire. Les réunions tripartites entre Céni, Majorité et Opposition sont une option, mais aussi lecadre du dialogue entre les forces vives de la nation proposé par le chef de l’Etat Joseph Kabila.
Des questions en appellent d’autres
Derrière le simple fait de publier un calendrier électoral se cachent d’autres questions qui attendent réponses. Dans le lot, ce sont des questions liées à l’enregistrement de nouveaux majeurs, l’extirpation des morts du fichier électoral et l’enrôlement des Congolais de l’étranger. « Une bonne élection part d’un bon fichier électoral », a affirmé le président de la Céni.
Mais en fait de révision du fichier électoral, va-t-on faire une révision partielle ou totale ? L’autre question c’est celle du découpage territorial qui pose une grave difficulté sur la livraison des cartes d’électeurs et la cartographie.
Quant au budget des élections, il faut qu’une option soit levée avec le gouvernement avant que la Céni publie le calendrier électoral, a indiqué Corneille Nangaa. L’autre contrainte, c’est une nouvelle loi électorale qui devrait intégrer les Congolais de l’étranger admis désormais à voter. Combien de temps prendront toutes ces opérations dont le coût, en termes de logistique et de finances ne serait pas proportionnel à la planification budgétaire du gouvernement ? Pas de délai, se défend le président de la Céni qui indique que tôt on s’engage, plus on peut y arriver.
La Cenco publie son rapport d’observation pré-électorale
Rich Ngapi
La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), par le truchement de sa Commission épiscopale Justice et Paix (CEJP), a publié, mercredi 16 décembre 2015, le rapport d’observation préélectorale effectuée du 29 août au 5 décembre 2015. C’est en vue de l’amélioration du processus électoral et la consolidation de la démocratie en République démocratique du Congo que la Cenco.
Le 2èmesecrétaire général adjoint de la Cenco, l’abbé André Masinganda a lu la synthèse de ce rapport en présence du président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Corneille Nangaa, de celui du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), Tito Ndombi et tant d’autres officiels y compris des diplomates accrédités à Kinshasa.
A travers l’observation électorale, la Cenco vise à favoriser l’acceptation du verdict des urnes aux élections urbaines, communales, locales, provinciales, législatives et présidentielle prochaines par les électeurs, les candidats, les partis politiques et par la communauté internationale, grâce à la formation et au déploiement d’observateurs électoraux compétents dans les circonscriptions électorales, centres et bureaux de vote.
Pendant l’année 2016, la Cenco se prépare donc à observer les élections présidentielle et législatives nationales (prévues constitutionnellement en 2016) et d’autres scrutins parmi ceux qui ont raté jusque-là, à savoir élections urbaines, municipales, locales et provinciales.
Au regard de l’importance et des enjeux des scrutins attendus pendant cette année, la Cenco prévoit de déployer sa mission d’observation, pendant toute l’année 2016, soit de janvier 2016 à janvier 2017, 600 observateurs long terme ; et 30 000 observateurs court terme à chaque scrutin sui sera organisé. « Cette stratégie sera raffinée après la publication du calendrier réaménagé que la Cour constitutionnelle a enjoint à la Céni de publier dans son arrêt rendu le 8 septembre 2015.
Le président de la Céni a, au nom de ses collègues membres de l’assemblée plénière, salué l’effort fourni par les observateurs électoraux de la Cenco pour le travail abattu durant les quatre mois d’observation citoyenne du processus électoral en RDC.
Selon Corneille Nangaa, l’observation d’un processus électoral vise exactement à renforcer la confiance du public vis-à-vis du processus électoral ; encourager l’élaboration et la mise en place des règlements et pratiques électorales équitables ; réduire les cas de frustration et de violence électorale, décourager la fraude électorale et faciliter l’acceptation des résultats.
Pour bien encadrer l’observation électorale en RDC, la Céni a accrédité jusqu’ici 12 095 observateurs électoraux long terme à Kinshasa ; 2 000 au Kongo Central ; 300 dans la Tanganyika ; 432 au Haut Lomami ; 172 dans le Lualaba, 2 198 au Haut Katanaga et 90 au Sud-Kivu, essentiellement de l’Eglise catholique.
Par Le Potentiel