La République démocratique du Congo (RDC), passe comme on le sait, pour un pays aux multiples ressources, aux nombre desquelles, la culture, vue sous un angle global, dont la musique de quelque nature qu’elle soit, mérite, aussi tout de même, d’être prise en compte.
Rien qu’à considérer la musique, en elle-même, elle constitue une valeur inestimable. Pour prendre l’exemple de la musique produite par nos jeunes talents, bien exploitée, elle serait riche et variée. Et ceci, par rapport à la diversité culturelle et multiplicité ethnique des Congolais. Chaque tribu et ethnie ayant sa propre culture et sa propre musique. Cette musique appelée traditionnelle ou folklorique est un créneau qui comprend plusieurs sonorités et polyphonies qui ont, assez souvent, marqué l’oreille des musicologues, singulièrement occidentaux, mais qui curieusement, laisse indifférente une bonne partie de nos jeunes talents qui exercent la musique. Leur préférence va beaucoup plus dans ce que d’aucuns appellent futilité, pendant qu’ils ont juste à côté d’eux, une source intarissable où ils peuvent facilement puiser la substance de base, dont ils ne peuvent tout juste donner qu’une petite touche du modernisme pour que la sauce soit succulente et consommable par tout un chacun même hors de nos frontières.
C’est un aspect des choses que quelques musiciens, que nous pouvons appeler avant-gardistes avaient déjà saisi la portée. Parmi lesquels, nous pouvons citer entre autres Tshala Mwana, les Bayuda du Congo, le groupe Songwe qui eux, ont choisi comme créneau, la valorisation de la musique kasaïenne, en associant, bien entendu, des sonorités modernes qui n’ont, en somme, rien enlever de son authenticité. Pour l’ex-province de l’Equateur on peut citer Boketshu et Mabele Elisi, chez les Atetela, il y a le groupe Omako. C’est quelques noms pris dans le volet, ont compris à temps que leurs musiques traditionnelles étaient une véritable mine d’or. Une composante non moins négligeable qui s’inspire aussi de cette musique dite traditionnelle est celle où l’on trouve des noms et groupes comme Nyoka Longo et son ensemble Zaïko Langa-Langa qui eux puisent dans la culture kongo, précisément au groupe Konono. L’inspiration puisée de ce groupe est si profonde au point que même le rythme, les pas de danse et les cris s’apparentent à ce folklore. Et, c’est avec ce tempo, que l’orchestre Zaïko fait le plein. Dans ce lot, on peut également citer Papa Wemba qui de temps à autre fait un clin d’œil au folklore Atetala, tribu dont il est originaire. Il faut dire aussi que cela ne lui va pas mal. Il en est de même pour Werrason qui puise dans la richesse culturelle de l’ex-province de Bandundu.
Si déjà, à ce point, le résultat que ce travail de recherche donne est excellent, qu’en serait-il, s’ils s’y mettent à fond ? En tout cas, pour beaucoup, c’est en vain qu’ils se donnent la peine de se compliquer l’existence alors qu’il aura suffit tout simplement de côtoyer, les principaux animateurs de nos musiques traditionnelles jouées ici même à Kinshasa, ou alors approfondir la recherche, en faisant un tour dans l’arrière-pays, pour mieux se ressourcer.
Un musicologue noir américain de passage au pays, à l’époque Zaïre, dans le cadre des recherches de nouvelles sonorités, avait pour ce faire sillonner le pays. Et pour mener à bien ses recherches, il organisait à ses frais partout où il passait des festivals de musique traditionnelle. Profitant aussi de l’animation politique qui était en vogue, ce chercheur a regagné son pays avec des valises pleines de sonorités traditionnelles congolaises.
Nous avons retenu de son adresse avant de quitter notre pays qu’il serait heureux d’entendre un jour dans un support discographique, une reproduction modernisée parmi les éléments qu’il avait enregistrés. Aussi, avait-il mentionné que rien qu’avec cette musique, il y avait de forte chance de gagner beaucoup d’argent, aux USA, à l’occasion d’une tournée bien organisée dans plusieurs Etats. L’Américain étant passionné de tout ce qui a un caractère exotique, s’agissant particulièrement de la musique. En démontre le succès qu’a récolté la chanson de Tabu Ley tirée du folklore yansi et Chico Mawatu qui fait tabac aux USA toujours avec ce folklore congolais.
Un voyage Afrique-USA-Afrique
S’il faut donner un sens au voyage de recherche effectué par ce Noir américain dans notre pays, se serait pour dire qu’il était venu puiser de sonorités à introduire dans la musique américaine. Une fois retravaillé, elles font le retour en Afrique sous un tempo made in USA. Et, c’est ce même tempo de chez nous retravaillé qui fait courir, sans le savoir nos jeunes.
Nous prendrons à titre illustratif, le rythme RNB ou RAPP qui n’est pas bien loin de la complainte de la tribu Yansi chantée, accompagnée par la musique instrumental. Ces deux sonorités sont pratiquement identiques. Alors allez-y comprendre quelque chose. Nous avons tout, sauf qu’il nous manque simplement le bon sens pour arriver à canaliser et à capitaliser notre musique traditionnelle.
Maurice Bakeba