C’est la guerre autour d’Inga III. Le faramineux projet de barrage hydroélectrique en RD Congo est l’objet depuis quelques mois de vives tensions entre la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), les autorités congolaises et les trois conseillers chargés de l’étude du projet. Objet du courroux de l’institution de Washington : les honoraires perçus par le cabinet d’avocats américain Orrick, la banque d’affaires Lazard et la société de conseil en ingénierie Tractebel. Dans l’extension du contrat que viennent de signer les parties, ils varieraient selon les sources de 18 millions à 24 millions de dollars (de 14 millions à 19 millions d’euros) pour la période 2011-2018, soit environ 1 million de dollars par société par an.
U niveau loin d’être exorbitant vu la complexité du dossier, mais que la Banque mondiale juge disproportionné par rapport à la pratique habituelle. La directrice générale, Sri Mulyani Indrawati, s’en est d’ailleurs fait directement l’écho mi-octobre auprès du Premier ministre et du ministre des Finances congolais, lors des dernières assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. D’autres sources prêtent toutefois à l’institution d’autres intentions moins louables : renforcer son poids dans ce dossier majeur, en choisissant d’autres conseillers. Orrick – et notamment son patron Afrique, Pascal Agboyibor – serait dans la ligne de mire. Le cabinet a sans doute le désavantage d’être également un conseil régulier de la Gécamines, dont la gestion des dossiers miniers a été régulièrement épinglée par les institutions de Bretton Woods.