Un journaliste de la télévision nationale congolaise (RTNC) a été abattu vendredi soir dans un bar de Goma. Il vient rallonger la longue liste des journalistes assassinés en République démocratique du Congo (RDC) : une dizaine depuis 16 ans, selon Journaliste en danger (JED).
Goma deviendrait-elle la cible privilégiée des attaques contre les journalistes ? Ce vendredi, c’est un journaliste de la Radio Télévision nationale congolaise (RTNC) qui a été assassiné dans un bar du quartier Keshero de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. Selon les témoignages recueillis sur place par Radio Okapi et l’AFP, « deux hommes ont fait irruption dans le débit de boisson (et) se seraient directement dirigés vers table qu’occupait le journaliste. L’un des assaillants a ouvert le feu et lui a tiré dessus. » Robert Chamwami Shalubuto était âgé de 42 ans et travaillait pour la télévision nationale depuis 1997.
La RDC mal classée pour la liberté de la presse
Ce journaliste n’est pas le seul à avoir été victime d’une attaque ciblée dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Le 25 octobre dernier, un autre journaliste de la RTNC, Philémon Gira, avait également été attaqué par des hommes armés. Ce journaliste avait survécu à ses blessures, mais avait dû être amputé de la jambe. La République démocratique du Congo (RDC) occupe une triste place dans le classement mondial de la liberté de la presse en 2014 : 151è place sur 180. Selon Journaliste en danger (JED), une ONG congolaise, une dizaine de journalistes ont été abattus depuis 16 ans, essentiellement dans l’Est du pays, en proie à des conflits à répétition depuis 20 ans. Mais les restrictions à la liberté de la presse ne s’arrêtent pas là en RDC. En novembre 2014, le ministre des médias, Lambert Mende a suspendu 5 radios et 1 télévision « sans qu’aucune procédure judiciaire ou réglementaire n’ait été mise en œuvre contre ces médias », souligne Reporters sans frontière (RSF).
82 journalistes interpellés en 2014
Les autorités ont également procédé à des « suspensions de masses » cette année. 61 médias accusés « de ne pas disposer d’autorisation » ont été interdits. Une décision « hors de toute procédure légale » , qui envoie un message inquiétant aux journalistes. Reporters sans frontière et JED notent qu’entre 2013 et 2014 : « 82 journalistes ont été arrêtés ou interpellés par les forces de l’ordre alors qu’ils exerçaient leur métier. Soixante de leurs confrères ont été battus ou menacés, parfois directement par les forces de l’ordre, sans qu’aucune enquête ne soit ouverte pour retrouver leurs agresseurs ». Toujours selon ces ONG : « 50% des atteintes à la liberté de la presse sont le fait des personnes identifiables dans l’armée, la police et les services de sécurité qui jouissent d’une totale impunité ». La liste des assassinats de journalistes non élucidés reste enfin impressionnante : « Bapuwa Mwamba, tué par balles en 2006 à Kinshasa, Mutombo Kayilu, poignardé près de Lubumbashi en 2006, Patrick Kikuku, tué à Goma en 2007, Patient Chebeya Bankome, abattu à Béni en 2010, Kambale Musonia, assassiné à Kirumba, dans le Nord-Kivu, en 2011, Guylain Chandjaro en Ituri en 2013, Kennedy Germain Mumbere Muliwavyo à Beni en 2014 ».
Christophe RIGAUD