Environ 12 000 personnes étaient attendues dimanche au stade du collège Mwanga à Goma, dans l'est de la RDC, pour la clôture du Festival Amani. Une deuxième édition marquée par la présence de l'Ivoirien Tiken Jah Fakoly qui appelle à l'unité et invite les artistes congolais à s'engager pour leur pays.
La magie du Festival Amani a une fois de plus opéré à Goma, dans l'est de la RDC. Comme lors de sa première édition, des milliers de festivaliers – environ 12 000 selon les organisateurs – sont venus bouger au rythme de la musique congolaise, rwandaise, mandingue, voire de l'hip hop ou du reggae, ce dimanche 15 février.
"Ce n'est qu'ici que l'on voit ça", s'est exclamé, samedi Marcel Kahere, un jeune de Goma parmi les 8 000 spectateurs présents dans le stade du collège Mwanga, lorsque le Malien Habib Koité a invité le Congolais Bill Clinton à monter sur scène pour "chauffer" la foule. Une foule qui était déjà bien envoûtée par le folk mandingue. Même si ce dernier n'est pas très populaire en RDC. "Mais le public a été très attentif et le message est passé : celui de l'échange et de la rencontre, et surtout de la tolérance", s'est félicité l'artiste malien, estimant que sa "mission [à Goma] est accomplie".
Ce n'est qu'au Festival Amani également que l'on peut voir un artiste du Rwanda venir saluer la mémoire d'un officier congolais. Dès le premier jour de la manifestation, Mani Martin a en effet rendu en chanson un hommage au colonel Mamadou (nommé général à titre posthume) qui a incarné la victoire de l'armée congolaise sur la rébellion du Mouvement du 23-Mars (M23), laquelle était soupçonnée notamment par les experts onusiens de bénéficier du soutien de Kigali. Ce que les autorités rwandaises ont toujours démenti.
"Les artistes ont un rôle très important à jouer"
Pour clôturer la manifestation, c'est au tour de Tiken Jah Fakoly de monter sur scène ce dimanche 15 février à Goma. Une première pour le célèbre reggaeman ivoirien qui n'avait jamais joué, jusqu'ici, dans l'est de la RDC.
"C'est l'occasion pour moi de venir apporter un message d'unité aux jeunes. Parce que dans l'unité, l'on peut gagner tous les combats", a-t-il confié à Jeune Afrique. Peu avant de recevoir à l'hôtel Ihusi, au bord du lac Kivu, sans protocole, un groupe de jeunes de Goma regroupés au sein d'un fan club Tiken improvisé. Sans doute parce qu'il manque de "Tiken", devenu le symbole des artistes engagés, dans la musique congolaise...
"Mon rôle, ce n'est pas de juger les gens, estime Tiken Jah Fakoly. Mais les artistes ont un rôle très important à jouer. Des grands noms de la musique congolaise pourraient faire changer des mentalités."
Le reggaeman ivoirien qui s'est depuis quelques années exilé à Bamako, a ainsi profité du Festival Amani à Goma pour passer un message aux artistes congolais que beaucoup, surtout dans la communauté congolaise à l'étranger, reprochent de jouer le jeu du pouvoir.
"Ça ne sert à rien d'avoir peur, a lancé l'auteur du Dernier appel (2014). Les artistes congolais peuvent beaucoup apporter dans l'éveil de conscience. Ils doivent prendre position pour faire avancer leur pays. Car ce n'est que de cette manière que l'on rentre dans l'histoire par la grande porte."
L'appel de Tiken Jah Fakoly aux artistes sera-t-il entendu ? Rien n'est moins sûr. Mais en attendant, le chanteur engagé ivoirien a accepté de participer à une chanson de Lexxus Légal. Une façon pour lui d'encourager ce rappeur kinois - l'un des seuls - qui n'hésite pas à dénoncer les travers de la politique dans son pays.
Par Trésor Kibangula, envoyé spécial à Goma