Huit prédicateurs tanzaniens ont été enlevés le weekend dernier dans le Rutshuru, un territoire de l'est de la République démocratique du Congo où sévissent des groupes armés et où les kidnappings sont fréquents, a-t-on appris de source officielle.
"Huit prédicateurs tanzaniens musulmans ont été enlevés dans la localité de Kiseguro, à 20-25 km de Rutshuru-Centre", a déclaré à l'AFP le gouverneur de la province du Nord-Kivu, Julien Paluku. "Nous avons déjà saisi notre mission des Affaires étrangères pour qu'ils puissent saisir leurs homologues de la Tanzanie", a-t-il ajouté.
Ces enlèvements, près de la frontière avec l'Ouganda, ont été confirmés par Justin Mukanya, administrateur du territoire de Rutshuru, qui n'a pas été en mesure de préciser le nombre de personnes kidnappées.
"Il semble que ce sont des musulmans qui se baladaient dans le cadre de la prédication et qu'ils ont rencontré en cours de route des bandits non encore identifiés qui les ont enlevés", a précisé l'imam Masudi Kadogo, représentant de la communauté musulmane dans la province du Nord-Kivu.
Les enlèvements avec demande de rançon sont fréquents - et parfois assortis de graves violences physiques contre les otages - dans le territoire de Rutshuru, où plusieurs groupes armés sont actifs, dont les rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
M. Paluku a affirmé qu'il est "sûr" que ce sont les FDLR qui ont enlevé les Tanzaniens. Selon lui, les rebelles ont voulu lancer une "mise en garde" à l'attention de la Tanzanie, qui fournit des troupes à la brigade d'intervention de la Mission de l'ONU (Monusco).
Cette brigade, composée de quelque 3.000 soldats tanzaniens, sud-africains et malawites, est chargée de combattre les dizaines de groupes armés locaux et étrangers qui sévissent dans l'est de la RDC, instable depuis deux décennies.
M. Mukanya estime pour sa part que les auteurs des enlèvements sont des "jeunes" de la région. "Je suis en contact avec la société civile du coin, qui dit que les ravisseurs demandent une rançon mais qu'ils n'ont pas encore révélé de combien", a-t-il ajouté.