Neuf soldats congolais, dont trois officiers, ont été tués dans une embuscade tendue par des rebelles hutu rwandais dans l'est de la République démocratique du Congo, a-t-on appris mardi de source militaire, alors que l'armée est engagée dans une offensive censée éradiquer ces miliciens.
L'attaque menée par les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) a eu lieu lundi après-midi dans l'est du district de Masisi, au Nord-Kivu, a indiqué le général-major Léon Mushale, commandant de la 3e zone de défense, qui couvre le nord-est du pays.
Parmi les morts figurent le colonel Raphaël Bawili, commandant des Forces armées de la RDC (FARDC) pour tous le district de Masisi, ainsi qu'un lieutenant-colonel et un capitaine, a précisé l'officier, lors d'une conférence de presse à Goma, capitale du Nord-Kivu, indiquant que neuf autres soldats avaient été blessés.
"Cette embuscade a été réalisée par l'ennemi parce qu'un certain nombre de Congolais continuent de collaborer avec lui", a déclaré le général.
"Nous n'avons pas encore éradiqué les FDLR mais ils sont en train d'être neutralisés par nos forces et nous demandons à la population de ne pas collaborer avec l'ennemi", a-t-il ajouté.
Les FDLR sont des rebelles hutu rwandais dont un certain nombre de chefs et de combattants les plus anciens, recherchés par la justice internationale pour leur rôle présumé dans le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda, sont présents dans l'est de la RDC depuis cette année-là.
Opposés au président rwandais Paul Kagame, dont la prise du pouvoir à Kigali en juillet 1994 mit fin au génocide, les FDLR sont accusés de commettre régulièrement de nombreuses violations graves des droits de l'homme en RDC, où ils ont pris racine au fil des ans.
L'armée congolaise a annoncé avoir lancé fin février une offensive destinée à libérer le territoire national de ces rebelles disséminés au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et dans le nord de la province du Katanga.
A la suite de frictions avec la Mission de l'ONU au Congo (Monusco), qui entretient une brigade spéciale de 3.000 hommes autorisée à faire usage de la force de façon offensive afin de neutraliser tous les groupes armés qui sévissent encore dans l'est de la RDC, Kinshasa a décidé de lancer cette offensive sans le soutien des Casques bleus.
Selon le général Mushale, l'offensive lancée fin février a permis de "neutraliser" plusieurs centaines de miliciens des FDLR, dont les effectifs étaient estimés autour de 1.500 à 2.000 combattants au début de l'opération.
Jusque-là, l'armée a gagné du terrain face aux FDLR sans véritables combats, les rebelles ayant adopté une stratégie consistant essentiellement à fuir devant l'avancée des troupe gouvernementales. Le général Mushale a affirmé que 13 rebelles avaient été tués depuis le début des opérations et a refusé de donner le nombre des pertes enregistrées au sein de l'armée.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a renouvelé fin mars pour un an le mandat de la Monusco. Jugeant qu'il y avait "une certaine faiblesse dans les opérations" contre les FDLR, le chef de cette mission onusienne, Martin Kobler, a déclaré le 1er avril qu'il souhaitait parvenir à un accord avec les autorités congolaises pour permettre à la Monusco de reprendre "le plus vite possible" sa coopération avec l'armée congolaise.