Dans certains cercles de la communauté internationale, l’on continue de soutenir depuis plus de deux décennies, l’idée du démembrement du territoire de la République Démocratique du Congo. Certains « experts » pensent que cet Etat serait trop « grand » et trop « riche » pour laisser sa gestion aux gouvernants qui ne se montreraient pas à la hauteur de leurs responsabilités. La pauvreté ambiante depuis le départ du colonisateur belge en 1960 serait imputable à l’incapacité des congolais de créer des richesses dans un espace géographique gâté par la Providence en ressources naturelles. Ce schéma a failli être mis en œuvre pendant les années sombres des guerres de « libération » à répétition, entre 1996 et 2003, menées par de vraies-fausses rébellions congolaises instrumentalisées par les voisins du Congo, en l’occurrence l’Ouganda et le Rwanda, avec dans les coulisses des multinationales intéressées par les minerais et le pétrole. Mais, le sentiment fort de vouloir vivre ensemble perçu chez les populations congolaises, en dépit de leurs diversités ethniques et tribales, et même des divergences entre leaders politiques et seigneurs de guerre, a émoussé l’enthousiasme des partisans de la balkanisation.
A défaut de faire éclater la RDC en Républiquettes, le « Plan B » serait plutôt plaqué sur une nouvelle forme de « recolonisation », laquelle consisterait à occuper, militairement, des pans entiers de son territoire par des armées des pays voisins, et à exploiter ses ressources naturelles, contre la volonté de ses filles et filles ou avec la complicité de certains d’entre eux.
C’est dans cette logique qu’il faudrait expliquer les nouvelles velléités d’infiltrations militaires ougandaises et rwandaises sur le corridor Nord (Province Orientale) et Est (Nord-Kivu) du grand Congo.
Il y a deux semaines, les armées de l’Ouganda et du Rwanda se sont signalées concomitamment dans les territoires de Beni (Parc de Virunga) et de Nyiragongo. Repérés, leurs éléments se sont volatilisés dans la nature, après des échauffourées avec des troupes loyalistes congolaises. Le mardi 05 mai 2015, deux casques bleus tanzaniens de la Monusco ont trouvé la mort dans une embuscade attribué aux rebelles ougandais ADF. Mais, à l’analyse, il appert qu’il s’agirait d’un coup de militaires ougandais. Cela parait d’autant vrai que le même jour, un hélicoptère des Nations Unies a essuyé des tirs de la part d’une force suspecte. Et hier jeudi 07 mai 2015, des autochtones de Arum ont dû évacuer leurs villages à la suite du survol du territoire congolais par deux avions de chasse battant pavillon ougandais.
L’alerte d’Orlando Von Einsiedeln
Dans son film sur le Parc de Virunga, le réalisateur Orlando Von Einsiedeln a mis à jour les enjeux cachés de l’insécurité récurrente entretenue par des forces négatives à travers cet espace « vert » classé patrimoine universel. Il a démontré, noir sur blanc, que de forces occultes font tout pour rendre ingouvernable cette partie du territoire congolais, de manière à ouvrir, toutes grandes, les portes de l’exploration et de l’exploitation pétrolières, aux multinationales présentement bloquées par le véto de la communauté internationale, représentée par l’Unesco. Prisonnier de sa coopération avec cet organisme international, le gouvernement congolais n’ose pas cautionner la violation de l’interdit.
Mais, en suivant attentivement le scénario du film précité, tout patriote congolais digne de ce nom ne peut cacher son indignation face aux propos d’un employé d’une multinationale qui affirme que la « RDC est à recoloniser ». A son avis, l’unique alternative qui vaille la peine pour transformer les ressources naturelles congolaises en richesses réelles et engager le pays dans la voie de la prospérité, c’est de placer celui-ci sous la tutelle d’un autre Etat, même voisin.
C’est dire combien l’on est convaincu, dans certains milieux occidentaux, que les Congolais sont incapables d’impulser leur propre bonheur, en dépit de leurs fabuleuses ressources minières, forestières, pétrolières, énergétiques et autres.
Le Congo aux Congolais …
D’où, les Congolais devraient ouvrir l’œil et le bon. Il leur faut, ici et maintenant, faire une lecture correcte des guerres et rébellions qui n’en finissent pas de secouer leur pays, surtout dans ses parties Nord et Est, que certains « experts » considèrent comme le « coffre-fort » national. C’est bien beau de clamer, à longueur de journée, que le Congo devrait revenir aux Congolais. Mais si la défense de la patrie et de son territoire n’est pas organisée, si n’importe quelle armée étrangère ou force négative peut s’y permettre un safari militaire quand elle veut et où elle veut, la devise « Le Congo aux Congolais » risque de se muer en slogan creux.
D’où, les Congolais devraient cesser de rêver. Plutôt que de croire que la paix viendrait du ciel comme une manne ou que l’émergence pourrait être atteinte sous le coup d’une baguette magique, ils devraient montrer aux autres qu’ils sont capables de prendre totalement en charge Leur système de défense, de travailler dur, bien gérer et de planter le décor d’une émergence économique, industrielle, sociale profitable à tous, de manière équitable.
Par Kimp