Artiste comédien, Directeur artistique de l’Ecurie Maloba et Directeur du Festival international de l’Acteur, Jean Shaka Tshipamba (voir photo) est compté parmi ceux-là qui n’ont pas froid aux yeux pour dire la vérité. L’opinion lui reconnaît la « qualité » d’appeler le chat par son nom. Dans cet entretien eu dernièrement, il est revenu sur les frais que les artistes congolais payent au ministère de la Culture et des Artsavant de sortir du pays. « Droit de sortie », c’est sa nomenclature. Pour lui, ce fait justifie qu’on considère les artistes congolais comme des prisonniers.Et les artistes congolais doivent sortir de cette prison.
D’entrée de jeu, il a tenu à faire le parallélisme suivant :« Un prisonnier, avant de sortirde sa cellule, il lui faut un papier d’autorisation. Donc, il ne peut jamais quitter là sans une autorisation. Or actuellement, on peut dire que cette situation est comparable à celle des artistes congolais en général. Et cette décision est venuede notre gouvernement, il faut avant d’aller se produire à l’étranger acheter un papier avant de sortir, ça veut dire quoi ? »
Par ailleurs, il a regretté qu’à Kinshasa, « les gens m’appellent Artiste, mais pour ça, est-ce il me faut une carte biométrique ? » et de dire que cette carte, on l’exige à tous les artistes congolais pour une année, cela veut dire quoi ?Un artiste est-il artiste pendant une année seulement ou pendant toute sa vie ?Et alorspour ceux qui sont à Kasumbalesa au Katanga ou à Kasongo Lunda au Bandundu ? Doivent-ils venir à Kinshasa pour se faire enregistrer ?« On dirait que ces décisions ne s’arrêtent qu’à Kinshasa. Nous, les Kinois, nous regrettons le fait que nous ne gagnons pas beaucoup dans ce que nous faisons, mais on nous rançonne. »
Et puis une carte. « La carte biométrique, bio géométrique,… à une période, c’était les blancs nous ont amenés le concept contemporain avec une écriture contemporaine, tout était devenu contemporain ; théâtre, danse, musique,… on n’a pas pu respirer avec cette affaire mais pour le moment c’est Biométrique, tout le monde est là dedans. Tout est devenu biométrique, qu’on prenne aussi le fufu pour que ça devienne biométrique ».
Répondant à la préoccupation s’ils se sont constitués en un bloc pour aller le faire voir au nouveau ministre, il rétorque que « vous pensez que le ministre ne connaît pasce problème ?Il doit nous rencontrer et nous dire ce qu’il compte apporter dans ce secteur ».
Parlant du dernier atelier des artistes musiciens avec le nouveau ministre de la Culture et des Arts, il s’est lamenté sur le fait que beaucoup croient que la culture congolaise ne se résume qu’à la musique. Et d’ajouter que « là-bas, il y a l’argent dans l’affaire de Soneca. Je pense qu’il doit aussi rencontrer toutes les autres corporations des artistes. Et nous entendons voir ses projets pour les artistes congolais, surtout pour la culture congolaise en général ».
En guise de conclusion, il a dit sans mâcher les mots : « Il y aeu plusieurs états de lieux, plusieurs résolutions ont été écrites, des recommandations ont été faites, mais rien n’a été fait jusque-là. On est toujours au point de départ.Quand on pose la question sur le statut de l’artiste, on vous dira que c’est en voie d’être élaboré. »
(Onassis Mutombo)