Transco menacée par le syndrome de la faillite

Mardi 3 février 2015 - 13:30

Des échos de plus en plus alarmants proviennent des dépôts de Transco à Masina et Matete (City Train). Cadres et agents redoutent désormais le syndrome de la faillite, celui-là même qui, en son temps, avait signé la mort de I’OTCZ, de la STK, de la Sotraz, de la City Train. Pour le moment, c’est la STUC qui se trouve à l’article de la mort. S’agissant de Transco, les indicateurs financiers, très au vert durant les trois premiers mois du mandat éclair du Français Jacques Henriquet, virent progressivement au rouge.

Effectifs pléthoriques

Le virus du déficit de maintenance, qui avait mis fin à l’épopée des firmes précitées, s’est déjà mis à ronger un charroi dont le parc est estimé à 500 bus. A en croire de récentes statistiques d’exploitation, la moitié seulement assure quotidiennement le transport des personnes et des biens à Kinshasa. Ce qui commence à inquiéter sérieusement les observateurs, c’est l’absorption de plus d’un million cinq cent mille dollars américains, chaque mois, par l’enveloppe des rémunérations, soit près de 90% de recettes.

Les effectifs, évalués ce jour à plus ou moins 1.800 cadres et agents, sont jugés pléthoriques. Les embauches se feraient de manière désordonnée, sans tenir compte du caractère technique et commercial de la société et de l’état de sa trésorerie. Transformée en « maison de placement » des sans-emploi, Transco étouffe sous le poids d’un personnel en surnombre. Au bas mot, il ne reste que 10% en caisse pour faire face aux factures d’achat de pneumatiques et autres pièces de rechange.

En fin d’année dernière, le Premier ministre Matata s’est lui aussi inquiété de la situation exhortant les mandataires et le personnel à retrouver la voie de la performance.

Plus d’un million Usd pour de subvention mensuelle

Naturellement, la pléthore de cadres et agents ne pouvaient qu’entraîner des difficultés de trésorerie. Mais, la situation financière ne serait pas aussi catastrophique ‘qu’elle se présente si la gestion de la manne gouvernementale, en terme de prise en charge des carburants et des lubrifiants, était correctement assurée. On rappelle que mensuellement, le Trésor public débloque plus d’un million, de dollars américains en guise de soutien aux frais d’exploitation du trafic, compte tenu du taux modique de 500 Fc appliqué pour les billets de voyage, sur l’ensemble de son réseau.

Transco est l’une des rares entreprises de transport de la RDC à jouir d’un statut particulier consistant en disponibilité de subvention mensuelle.

En ce qui concerne cette facture, des experts du transport en commun estiment qu’elle est excessive. Pour environ 250 bus en service, les carburants et lubrifiants ne devraient pas engloutir plus de 500.000 (cinq cent mille) dollars américains. Un audit externe serait le bienvenu pour déterminer la hauteur réelle des besoins de Transco en produits pétroliers. Sans quoi, certains esprits risquent de croire à une opération maffieuse montée pour enrichir des particuliers.

Des « cimetières » en gestation à Masina et Matete

Selon les indiscrétions qui s’échappent des hangars techniques de Masina et de Matete, plusieurs dizaines de bus sont déjà mis hors jeu, faute de pneus et de pièces de rechange. Des membres d’équipages soutiennent que plusieurs bus en consignation au dépôt de City Train, à Matete, seraient déjà délestés de leurs pneumatiques, pour dépanner ceux en exploitation qui en manquent. Ainsi donc, certains bus pimpant neuf risquent de ne jamais prendre la route.

Comme à l’époque dé” l’OTCZ, Sotraz, STK, City. Train et ‘Stuc, des « cimetières » sont en gestation aux dépôts de Masina et de Matete. Si l’on y prend garde, ils vont continuer à accueillir de plus en plus de bus en panne ou cannibalisés.

L’expérience ratée de la RATP

D’aucuns pensent que l’erreur du ministre des Transports est d’avoir cru, trop tôt, que Jacques Henriquet, le premier DG de Transco, pouvait se retirer sans casse après trois mois de bons et loyaux services. Pourtant, son implication dans le lancement des premières lignes, à compter, du 30 juin 2013, n’était pas à banaliser. C’est en le voyant se pointer tôt le matin aux arrêts de bus, assister à l’embarquement des passagers, que Kinoises et Kinois avaient petit à petit renouvelé leur confiance à une entreprise publique de transport en commun, après les souvenirs amers de l’OTCZ, de la Sotraz, de la STK, de City Train et de la Stuk.

Mais, une fois que Transco s’est mise à faire concurrence aux fameux 207 « Esprit de mort », il a décidé de lui retirer le tablier, sans raison. Sans transition, la direction était confiée à un « expert » de la RATP (Régie Autonome des Transports de Paris). Ne connaissant pas la mentalité congolaise, le DG, son Directeur Technique et leurs experts, tous Français, étaient embarqués dans le dédale des «interventions» dans leur gestion, tant et si bien que la machine se grippait rapidement. Par ailleurs, le courant passait difficilement avec leurs employés congolais. Le 1er octobre 2014 est intervenue la fin de l’assistance technique de la RATP, qui a coûté à la République 2 millions Usd.

Mais, au lieu de décoller, Transco a poursuivi sa descente aux enfers. Surtout que le DG par intérim, nommé au poste de 2 octobre 2014, a mis fin aux contrats de tous les directeurs opérationnels venus du ministère des Transports pour les remplacer par des cadres dont l’expertise est sujette à caution. Comme signaux inquiétants de la mauvaise santé financière de Transco, deux grèves du personnel ont été enregistrées l’année dernière. Il n’est pas exclu que d’autres mouvements de mécontentement des travailleurs ne viennent encore assombrir le tableau. Au jour d’aujourd’hui, le nom de Jacques Henriquet se trouve sur les lèvres de plusieurs cadres et agents, qui pensent que son rappel aux affaires pourrait sauver ce qui peut encore l’être.
Kimp