Les intérêts d’une poignée de citoyens prennent les dessus
Qui avait dit que l’histoire des peuples ne se répète pas ? Pourtant ce que les Congolais sont en train de vivre depuis un certain temps confirme la reproduction aujourd’hui de tristes événements ayant douloureusement marqué le pays dans le passé !
En effet, entre 1960 et 1964, une rébellion féroce avait razzié plus de la moitié du territoire de la République, ponctuée de sécessions et de mutineries de tous genres ayant entraîné d’énormes pertes en vie humaines et la destruction systématique des infrastructures de base dont nombre de provinces continuent de ressentir les effets jusqu’à ce jour.
La mémoire collective retiendra pour longtemps les cas du Bandundu, de la Province Orientale, du Maniema et de certaines régions névralgiques du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de deux Kasaï.
Un véritable brûlot…
A ce jour le Katanga qui pensait à l’époque avoir acquis le statut d’un îlot de tranquillité dans un océan de tempête à cause de sa sécession est devenu un véritable brûlot dans ses parties septentrionale et Centre-Est, avec quelques poches mal éteintes dans sa partie méridionale !
Dans la foulée, les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu et dans l’Ituri en Province Orientale sont devenues à leur tour de véritables boucheries humaines par l’ampleur de tueries à répétition qui y sont perpétrées après la cuisante défaite du M 23.
Dans l’entretemps la ville de Kinshasa et plusieurs agglomérations urbaines et semi-urbaines de régions de l’arrière-pays sont devenues de hauts lieux où règne la peur à cause du retour en force de la dictature et de la violation internationale de la neutralité de forces armées, de la police et de sécurité qui sont désormais utilisées à des fins répressives contre les politiques de l’opposition, les leaders des organisations de défense de droits de l’homme, les journalistes et de paisibles et honnêtes citoyens qui ne partagent pas le point de vue du régime en place sur plusieurs questions immédiates d’intérêt national !
Le pays est en danger !
En fait du retour en force de la dictature au pays, il y a lieu d’épingler l’interdiction des partis politiques d’opposition de s’implanter et de fonctionner en provinces où seul le PPRD a voix au chapitre.
Il y a lieu de signaler aussi l’interdiction de parler de prochaines échéances électorales, de la fin du mandat de Joseph Kabila et de l’article 220 de la Constitution qui lui barre la route vers un troisième mandat présidentiel !
Le retour en force de la dictature en RDC s’accompagne aussi des mœurs politiques de l’époque de l’indépendance qui consistaient à fabriquer des opposants au régime et à les faire disparaître sans procès équitable en transitant par des camps militaires qui ne sont pas du tout des lieux appropriés de garde à vue, encore moins de détention !
Nous en voulons pour preuve l’enlèvement, il y a quelques jours, de certains membres de » Sauvons la RDC » avant d’être internés au camp militaire Colonel Kokolo pour rappeler aux Congolais la pénible histoire de quatre conjurés de la pentecôte 1966 arrêtés par Mobutu, jugés et condamnés au camp Kokolo avant d’être exécutés publiquement au Pont Kasa Vubu à Kinshasa !
Que faut-il faire ?
Comme l’a indiqué dernièrement Vital Kamerhe au cours de son adresse à l’occasion du nouvel an, le pays est réellement en danger suite à ce retour impromptu de la dictature abhorrée par l’ensemble du peuple congolais.
Que faut-il faire donc ?
La République et la Démocratie actuellement en construction au prix d’énormes sacrifices sont-elles ainsi condamnées à être sacrifiées sur l’autel des intérêts égoïstes d’une poignée de citoyens ? L’interrogation ainsi formulée s’adresse à tous les Congolais qui observent la scène politique nationale et les assauts répétés de la majorité au pouvoir qui reste attachée à ses ambitions démesurées alors que l’époque ne s’y prête plus !
Par Kambale Mutogherwa