Tshisekedi met Kinshasa K.O.

Jeudi 28 juillet 2016 - 10:23
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La tradition a été respectée hier mercredi 27 juillet 2016. Comme c’est le cas depuis l’époque de Mobutu, le retour d’Etienne Tshisekedi à Kinshasa, après deux années passées en Belgique, et plus précisément à Bruxelles, pour des raisons de santé mais aussi de marketing politique, s’est transformé en un double carnaval : motorisé et pédestre. De mémoire de Kinois, on n’a jamais vu pareille mobilisation populaire.

Après une longue attente, entrecoupée d’une chaude alerte vers 13 heures, laquelle faisait état du détournement de son avion vers Brazzaville et de son blocage dans cet aéroport, pour des raisons non expliquées, cet aéronef, s’est finalement posé sur la piste de l’aéroport international de N’Djili à 14 heures 10. Il s’agissait donc d’une fausse alerte.

Alors que la quinzaine de personnes autorisées à l’accueillir sur le tarmac étaient en place et que la quarantaine d’autres installées au Salon d’honneur attendaient pour faire autant, Tshisekedi ne sortait toujours pas de l’avion. On s’est mis à spéculer sur son état de santé, d’autant plus qu’en décembre 1996, de retour de France, après une opération de la prostate, le président Mobutu s’était évanoui dans son avion, avant d’être réanimé par ses médecins traitants.

Hier à Ndjili  à la tête du Comité d’accueil, se trouvaient le Secrétaire général Bruno Mavungu, le Secrétaire général adjoint et porte-parole Bruno Tshibala, le Secrétaire national aux Relations extérieures, Félix Tshiskedi, etc. Il a fallu près d’une heure de flottement pour voir enfin apparaître Etienne Tshisekedi, accompagné de son épouse. Renseignement pris, son entourage a laissé entendre que le président de l’UDPS tenait à obtenir du commandant de la police ville de Kinshasa, le général Kanyama, des garanties que son cortège ne serait pas contraint à une « marche forcée », comme ce fut le cas lors de son retour à Kinshasa en novembre 2011, la veille de la fin de la campagne électorale pour la présidentielle et les  législatives nationales, à son retour de Matadi.

C’est une fois assuré que son « bain de foule » ne serait pas perturbé, a-t-on appris, qu’il a daigné sortir de l’avion et recevoir les salutations de ses « alliés » du Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement ». On a reconnu, dans ce groupe, les Mwando, Fayulu, Sessanga, Vuemba, Olenghankoy, Franck Diongo Ingele Ifoto, Clément Kanku, Lisanga, etc.
Le vieil opposant a marché quelques mètres en descendant de son jet pour monter dans le véhicule apprêté pour  le conduire vers sa résidence. Une manière pour le sphinx de Limete de montrer qu’il est encore apte à continuer sa lutte pour l’avènement de la démocratie dans son pays. Sorti de l’aérogare, Tshisekedi a communié avec l’immense foule  qu’il attendait depuis le matin dans la concession et les alentours de l’Aéroport  International de Ndjili.
« De ma mémoire de Kinois, je n’ai jamais vu une telle mobilisation pour un homme », a témoigné un habitant  de Tshangu. De l’aéroport jusqu’à sa résidence, le cortège du chef de file du « Rassemblement » a progressé à la cadence lui imprimée par la foule à pieds. Par conséquent, le parcours de Ndjili-aéro à Limete a duré 4 heures, soit de 16 heures à 20 heures.
A pratiquement chaque « point chaud », le « Lider Maximo » était obligé de s’arrêter pour saluer des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants massés le long de son parcours, pour  vivre en live son retour au pays. La circulation était paralysée sur les huit bandes du boulevard Lumumba, la foule ayant décidé de se déployer sur toute la largeur de la route. Etiienne Tshisekedi a ainsi traversé, au pas de tortue, le Camp Badara, Mikondo , Kingasani ya Suka , Pascal, Bitabe , Ndjili quartier 1, Pont Matete , Echangeur , Limete… acclamé au passage  par des dizaines des milliers de Kinoises et Kinois.
C’est pratiquement à 20 heures qu’Etienne Tshisekedi  est arrivé dans sa résidence de Limete, où l’attendait une foule compacte de combattants et sympathisants qui n’avaient pas pu faire le déplacement de L’aéroport de N’Djili. Plongés dans l’obscurité, ils avaient pris la précaution de se munir de bougies allumées pour éclairer tout le périmètre de sa résidence. Le décor était simplement féérique.
Tshisekedi  et  son épouse, Marthe Kasalu, ont retrouvé leur résidence dans une ambiance de carnaval. Dehors, la foule ne cessait de scander « Tshisekedi président !!!»,  un message qui avait valeur de plébiscite pour que le vieil opposition puisse conduire la Transition, au cas où l’élection présidentielle n’aurait pas lieu en décembre 2016, avec pour mission principale d’organiser les élections dans le délai constitutionnel.

Kinshasa, ville semi-morte

La capitale de la République Démocratique du Congo a présenté hier le décor d’une ville semi « morte », avec des artères comme Poids Lourd, 30 Juin, Triomphal, Université, 24 novembre, Huileries, Kasa-Vubu…
offrant un trafic étrangement fluide alors que d’ordinaire, excepté les week-end, elles connaissent d’interminables embouteillages. Les commerces ont tourné au ralenti, la plupart de marchands et d’acheteurs ayant choisi soit de se rendre à l’aéroport international de N’Djili, soit de rester chez eux.
Craignant de vivre le calvaire du transport en commun, de nombreux résidents de Kinkole, Nsele, Maluku, N’Djili, Kimbanseke, Masina, Limete, Matete, Lemba, Limete, Kingabwa ont préféré ne pas sortir de leurs communes. Il a été constaté les absences de nombreux fonctionnaires et agents des sociétés tant publiques que privées de leurs postes de travail.
Dès les premières heures de la matinée, tout Kinshasa a commencé à vibrer au rythme des fanfares, sifflets, tambours, klaxons annonçant les mouvements des foules vers l’aéroport international de Ndjili.
Partis de Ngaliema, Mont-Ngafula, Selembao, Bandal, Kintambo, Ngiri-Ngiri, Makala, Bumbu, Ngaba, Lingwala, Kinshasa, Barumbu, Kasa-Vubu, Limete, Matete, Lemba, etc. Des résidents des communes de N’Djili, Masina et Kimbanseke, riverains du boulevard, se sont mis à se positionner le long de cette voie à partir de 9 heures. Dès 10 heures, c’était le ballet des motos, voitures, taxi-bus, taxi-bus, bus pris en location par les combattants de l’UDPS ou les militants des partis alliés tels que le MSR, les Fonus, l’Ecide, le MPCR, etc. A midi, le boulevard Lumumba était pratiquement bloqué par la foule.
Pour passer, il fallait recourir à l’assistance de la police.
Tout s’est terminé sans incident majeur. Le général Kanyama et ses troupes de la Police Nationale Congolaise méritent d’être félicités pour le professionnalisme dont ils ont fait montre.     Eric Wemba

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