Un des vestiges touristiques en RD Congo

Vendredi 21 août 2015 - 06:59

Des artistes congolais redonnent la vie au Théâtre de la Verdure au Mont Ngaliema

Vue de l’amphithéâtre

L’Amphithéâtre du Théâtre de la verdure aux hauteurs du Mont Ngaliema, à quelques encablures du fleuve Congo s’inscrit depuis un temps en lettre d’or comme un vestige de l’industrie culturelle et touristique en RD Congo. Cette volonté culturelle brise ce patrimoine culturel de ses cendres. Il fallait attendre une quarantaine d’années pour voir un collectif d’artistes congolais regroupé au sein de la structure Watoo Bala-Bala retrousser les manches pour procéder à la réhabilitation de ce site culturel abandonné au pied du cimetière des pionniers bâtisseurs. Aujourd’hui, cet espace accueille plusieurs manifestations culturelles parmi lesquelles le Festival d’humour Toseka.

En collaboration avec l’Institut des musées nationaux du Congo, les artistes se sont engagés à relancer la vie culturelle dans cet espace. Et pour sa revalorisation, dans un premier temps, il a fallu une volonté culturelle et patriotique dans l’espoir avant tout de voir certains bailleurs de fonds se mettre dans la danse.

L’histoire retiendra qu’une quarantaine d’artistes de Watoo Bala-Bala, avant de monter sur la scène, ont décidé d’entreprendre des travaux manuels consistant au sarclage des herbes sauvages qui gouvernaient ce lieu chargé de mémoire, érigé par le président Joseph-Désiré Mobutu

L’ombre du Marechal Mobutu

Sous la deuxième République, ce président, coiffé de la toque à la peau de léopard, accueillait ses convives dans cet amphithéâtre. On se souviendra qu’à l’occasion d’une fête nationale à l’époque, le spectacle sur l’épopée de Lianja joué par le théâtre national a été présenté le 25 novembre 1975 dans ce cadre devant plusieurs chefs d’Etat africain, en l’occurrence, le président sénégalais, Léopold Sédar Senghor. Ce site fait partie des infrastructures du jardin de l’Institutdes musées nationaux du Congo.

Pour Ados Ndombasi, président de Watoo Bala-Bala, l’amphithéâtre des verdures, c’est un corps pourvu d’un squelette et de la chair, il suffit juste de lui redonner vie, c’est-à-dire lui insuffler le souffle vivifiant. Le rêve d’Ados Ndombasi a été concrétisé après quelques mois. A ce jour, le théâtre de verdure constitue un haut lieu de rendez-vous culturel qui contribue aux échanges de valeurs culturelles. Cette zone militarisée au pied de Camp Tshatshi a vu petit à petit les visiteurs et autres touristes s’approprier ce patrimoine culturel.

Un lieu mythique pour la promotion de la culture

Cet amphithéâtre surplombe la ville de Kinshasa. Il a une dimension touristique dans la mesure où une fois dans le jardin, les visiteurs ont une vue panoramique sur Kinshasa et sur sa voisine Brazzaville. Dans une dimension environnementale, ce site procure du bien-être en parcourant sa verdure qui l’entoure aux airs frais émanant du fleuve Congo, à l’essence des herbes sauvages. Il a aussi une dimension historique parce que cet amphithéâtre constitue un avant-goût avant d’accéder dans le musée qui renferme des trésors anciens de la République. D’après le professeur Ibongo, de son architecture, cet amphithéâtre reflète la culture gréco-romaine qui rappelle les arènes où les gladiateurs s’affrontaient à titre compétitif.

A ce jour, les artistes pluridisciplinaires se croisent les talents en toute convivialité. En parcourant le jardin de ce site, les visiteurs découvrent les imposantes statues de Léopold II sur son cheval, mais aussi de Henry Morton Stanley. Et l’amphithéâtre est surplombé par le cimetière des pionniers bâtisseurs toutes nationalités européennes confondues. L’humanité retiendra que ce site constitue le dernier poste colonial suivant la route de caravane et le premier pour Kinshasa.

La question sécuritaire à l’ordre du jour

En parlant de l’aspect sécuritaire, le maître des lieux, le professeur Joseph Ibongo apaise l’opinion, particulièrement les potentiels visiteurs attirés par la richesse culturelle de ce site.

L’orateur soutient que toutes les dispositions ont été prises pour rendre l’accès au public plus aisé. Toutefois, il ressort de certains constats que l’Institut des musées nationaux du Congo et la Bibliothèque nationale du Congo souffrent d’une carence de visiteurs, causée par la présence dans ces deux sites culturels des militaires fortement armés. Les exigences sécuritaires sont de rigueur en ce lieu, car la présence des hommes en armes autour de ces lieux touristiques dissuade les gens de passer par là.

Pour le professeur Ibongo, concernant l’accès au public, un travail de sensibilisation a été déjà enclenché auprès des autorités militaires et policières à tous les échelons jusqu’à la présidence de la République sur l’importance de ce site pour la population.

La jeunesse congolaise souffre d’un sérieux problème de ses repères historiques. Au-delà des livres d’histoire, la jeunesse peut se renseigner dans les vitrines du Musée, mais également par laculture.

Pour la petite histoire, le collectif « Watoo Bala-Bala » a vu le jour en 2004. Et quant à Ados Ndombasi, il est connu dans le monde culturel sous plusieurs casquettes : metteur en scène, comédien et opérateur culturel. Il a joué dans plusieurs scènes et dans plusieurs pièces en Afrique et en Europe dans différents festivals. Il a mis en scène entre autres « Prophètes sans dieu » ; « L’enfer, c’est les autres », « Les larmes du ciel », etc.

Saint Hervé M’Buy