Le chanteur Youssoupha se produira le 4 juillet 2015 devant la mairie de Clichy-Sous-Bois en banlieue parisienne, dans le cadre des 10 ans de Paris Hip-Hop. Son album « Négritude », un disque très politique, est l'une des perles rap du moment.
Interrogé par metronews.fr sur la sortie de son nouvel album « Négritude », trois ans après « Noir Désir », le chanteur affirme qu'il aime « prendre le temps » :
« On est dans une époque où on demande aux artistes de faire la course. Moi, j'ai besoin de vivre des choses. Et puis avec +Noir Désir+, j'ai remporté mon premier succès populaire (plus de 100.000 exemplaires vendus, ndlr). Quoi qu'on en dise, ça change les gens. Pas forcément en mal. Mais, j'ai vécu des émotions, des situations enrichissantes et nouvelles. Sur la chanson +Mement+, je dit: +Avant je mangeais aux Restos du cœur, maintenant je traîne aux Enfoirés+. Puis, +Je suis trop ghetto pour le showbiz, mais je suis trop riche pour traîner dans un hall ».
Pour Youssoupha, la négritude - un courant fort, porté par des écrivains noirs comme Césaire ou Senghor - est « une identité, une différence » dont il a pris conscience en France, lui qui est né et a grandi à Kinshasa en RD Congo.
« C'est en arrivant ici que j'ai découvert les Portugais, les Algériens, les Polonais, les Italiens et les Français de souche. Ces différences m'ont enrichi. Et je trouve bizarre qu'aujourd'hui ce pays essaie de les gommer, de standardiser les gens par l'assimilation » dit-il.
Et le fameux débat sur l'identité nationale, thème récurrent de Nicolas Sarkozy, l'interpelle : « Moi, je trouve que ma différence enrichit la France et la différence des autres m'enrichit moi. La négritude, elle nous tire vers le haut ».
L'artiste abhorre le snobisme. Il affirme que son album n'est pas « le disque de l'année, c'est déjà le disque de l'année prochaine ».
« C'est une manière de faire un pied de nez aux tendances du moment. Il y a sans cesse des sons qui cartonnent mais si je ne sais pas les faire, je ne les fais pas. Quitte à ne pas être à la mode. Je préfère qu'elle se fasse sans moi. Parce que, de toute façon, on revient toujours aux classiques, quels que soient les genres musicaux », assure-t-il.
Répondant à la question sur sa participation au festival Paris Hip-Hop au moment où de nombreux rappeurs se classent au sommet des ventes, le rap étant devenu un genre musical grand public.
« Le rap underground, c'est mort. Quand effectivement les albums se classent n°1, qu'on fait des Zénith, des Bercy, des tournées, il faut ouvrir les yeux. Souvent les institutions ne le prennent pas suffisamment en compte. On est encore parfois traités de manière marginale. Même nous les rappeurs nous croyons encore +alternatifs+ alors qu'en réalité on s'adresse au plus grand nombre « explique l'artiste.
« MARION MARECHAL-LE PEN ECOUTE LA MUSIQUE DE SON EPOQUE »
A propos de Marion Maréchal-Le Pen (Petite fille de Jean-Marie Le Pen, ndlr) qui déclarait dans une interview parue dans « Charles » être fan de Youssoupha, il répond: « Elle écoute la musique de son époque, celle des jeunes de son âge. Certains me disent que c'est un coup de com. Mais elle est peut-être fan de rap ».
Le fils de Tabu Ley Rochereau rajoute rigolard: « Peut-être même que c'est sa posture Front national qui est un coup de com. Qu'en réalité elle sort avec un renoi (Un noir, ndlr) et qu'elle n'ose pas le dire à son grand-père! ».
Et s'il se trouvait face à elle, il ira lui parler, dit-il : « Je serais curieux de savoir ce qu'elle fait du rap, ce qu'elle aime du rap. Parce que ça ne servirait à rien qu'on parle politique ».