Journalistes et activistes toujours sur la sellette

Jeudi 14 juillet 2016 - 16:27

« De janvier à juin 2016, le Bureau Conjoint des Nations Unies pour le Droits de l’Homme (BCNUDH) a documenté 2.343 violations des droits de l’homme sur toute l’étendue du territoire de la RDC, ce qui représente une moyenne d’environ 390 violations par mois et une légère baisse du nombre de violations par rapport à celui enregistré lors de la période précédente allant de juillet à décembre 2015 (2.396 violations) », ont indiqué, hier mercredi 13 juillet 2016, les agents onusiens attribuant ainsi près de 65% de ces violations à des agents étatiques et 35% à des groupes armés.

 

A en croire en effet le responsable du BCNDH, Aranaz, les types de violations les plus documentées au cours du premier semestre 2016 sont les atteintes à l’intégrité physique (585 violations et 1.026 V victimes), suivies des atteintes au droit à la liberté et sécurité de la personne (730 violations et 1.997 victimes). Le BCNUDH a également documenté 106 victimes d’exécutions extrajudiciaires perpétrées par des agents de l’Etat.

 

Les provinces où le BCNUDH a enregistré le plus de violations des droits de l’homme entre janvier et juin 2016 sont celles du Nord-Kivu (37% du nombre total de violations), de l’Ituri (plus de 15% du nombre total de violations) et du Haut-Katanga (presque 7% du nombre total de violations). Il convient de noter que pour la première fois depuis au moins quatre ans, une province non affectée par le conflit se trouve parmi les provinces les plus touchées par les violations des droits de l’homme.

 

Dans les zones affectées par le conflit

Au cours de la période allant de janvier à juin 2016, le BCNUDH a enregistré un total de 1.504 violations des droits de l’homme dans les zones affectées par le conflit, dont 201 exécutions sommaires et extrajudiciaires (315 victimes). Ceci représente une hausse significative du nombre d’atteintes aux droits de l’homme par rapport à la période allant de juillet à décembre 2015 (1.141 atteintes).

 

Au moins 813 atteintes aux droits de l’homme, dont 138 exécutions sommaires (247 victimes), sont imputables aux combattants des différents groupes armés, soit 54% du nombre de violations des droits de l’homme perpétrées dans les zones affectées par le conflit.

 

Parmi ces 813 atteintes attribuables aux combattants des groupes armés, plus de 31% ont été commises par combattants des FRPI, près de 20% par les combattants des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et plus de 13% par les différentes factions des groupes Maï-Maï. Quant aux agents de l’Etat, ils ont été responsables de 691 violations des droits de l’homme dans les zones affectées par le conflit, dont 63 exécutions  extrajudiciaires (68 victimes), soit près de 46% du nombre total de violations commises dans les zones affectées par le conflit.

 

Restrictions de l’espace démocratique

Du 1er janvier au 30 juin 2016, le BCNUDH a documenté 428 violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales liées à des restrictions de l’espace démocratique sur l’ensemble du territoire congolais. Ce nombre correspond à une augmentation de 164% de ce type de violations par rapport à toute l’année 2015, au cours de laquelle le BCNUDH avait documenté 260 violations pour l’ensemble de l’année. Ceci confirme une tendance persistante à la restriction de l’espace démocratique. Ces violations des droits de l’homme, principalement commises au Haut-Katanga (81 violations), au Nord-Kivu (69 violations) et à Kinshasa (51 violations), sont essentiellement le fait d’agents de la PNC (214 violations), d’autorités politico-administratives (87 violations) et d’agents de l’Agence nationale de renseignements (ANR) (75 violations). Les membres de partis politiques (335 victimes) et d’organisations de la société civile (105 victimes), ainsi que les professionnels des médias (31 victimes), sont les principales victimes desdites violations. Les violations les plus rapportées sont les atteintes au droit à la liberté et à la sécurité de la personne (126 violations), suivies par les atteintes à la liberté de réunion pacifique (121 violations) et à la liberté d’opinion et d’expression (104 violations).

Les défenseurs des droits de l’homme sur la sellette Pendant la période sous analyse, dans le cadre de son programme de protection, le BCNUDH a traité au moins 81 violations des droits de l’homme à l’encontre de victimes, témoins et journalistes, dont 43 à l’encontre de défenseurs des droits de l’homme. Cette tendance met en exergue les difficultés liées à la nature du travail de plusieurs hommes et femmes qui œuvrent, individuellement ou en association dans la protection et promotion des droits de l’homme.

 

Au moins trois défenseurs des droits de l’homme ont été tués pendant le période sous analyse, tous ciblés par la nature sensible de leur travail, respectivement dans les provinces du Maniema, du Sud- Kivu et du Nord-Kivu.

Par Tshieke Bukasa