KAGAME RESTE JUSQU’EN 2034 !

Mercredi 18 novembre 2015 - 06:05

C’est hier que le Sénat rwandais a validé la nouvelle Constitution après que l’Assemblée nationale a fait de même il y a un mois.

On peut tomber à la renverse. On peut aussi perdre son latin. Incroyable mais vrai ! Paul Kagame, l’homme qui règne en maître absolu sur le Rwanda depuis 1994 s’offre encore, sans coup férir, 17 ans de pouvoir sans partage. Son nouveau mandat court donc jusqu’en 2034, presqu’à la moitié du siècle en cours. C’est ce qui ressort des termes de la nouvelle Constitution de ce pays, adoptée à l’unanimité hier à Kigali par le Sénat après que l’autre Chambre parlementaire, l’Assemblée nationale a fait de même il y a un mois. 
C’est bien une Présidence à vie qui ne dit pas son nom. Il s’agit-là d’un recul démocratique qui constitue un mauvais signal pour les autres dirigeants africains enclins à pérenniser leur pouvoir. La nouvelle Constitution du Rwanda n’est pas impersonnelle, comme doit l’être toute loi fondamentale. Elle est taillée à la mesure de Paul Kagame. 
La nouvelle Constitution rwandaise rabat la durée des mandats de 7 à 5 ans renouvelable une fois, en tout dix ans. Mais il y a un article tout à fait personnel dans les dispositions finales, qui ne concerne que le Président sortant, donc Paul Kagame lui-même. Lui, il est autorisé à se présenter encore sur la mandature de 7 ans, ce n’est qu’après que la nouvelle Constitution entrera en vigueur avec la durée de 5 ans renouvelables une fois. On n’a jamais vu cela en droit. Sauf naturellement au pays des mille collines.

PILLAGES SYSTEMATIQUES DES RESSOURCES NATURELLES DE LA RDC
L’homme qui continue à convoiter les ressources naturelles de l’Est de la RDC et qu’il a systématiquement pillées soit par des rébellions de pacotille ou par sa propre armée, trônera à Kigali jusqu’en 2034. Dès lors, les Congolais sont tenus de ne pas du tout dormir sur leurs lauriers. 
On connaît la doctrine de Paul Kagame et de son ancien mentor Museveni Kaguta sur la RDC. C’est de créer des conditions nécessaires pour que Kinshasa perde son autorité sur la partie la plus riche du Nord-Kivu, attenante à ces deux pays. Comme ils ont échoué dans leur stratégie de balkanisation mise en branle depuis 1997, ils ont changé le fusil d’épaule. Ils mettent en œuvre des moyens militaires pour rendre ingouvernable la même partie du Nord-Kivu qu’ils convoitent. 
Ils y provoquent le chaos en armant secrètement des groupes armés locaux et étrangers. C’est ce qui explique la présence de la multitude de milices qui pullulent au Nord-Kivu où ils sèment mort et désolation. 
Ces groupes disposent du même type d’armement lourd que le M23. Or, comme on le sait, le M23, c’est l’affaire du Rwanda et de l’Ouganda dans une moindre mesure. Ce sont ces deux pays qui ont alimenté ce mouvement Tutsi pro-rwandais en armes.

UNE CONTREE ADULEE PAR KAGUTA MUSEVENI
Ce sont les mêmes armes neuves qui sont entre les mains des Ougandais des ADF qui ont installé le chaos à Beni, Beni-Territoire, une contrée adulée par Kaguta Museveni. Ce qu’ils y commettent comme cruautés dans la population n’est pas encore connue dans l’EI. 
A peine qu’ils venaient d’être démantelés de leur bastion de Kamango, au bas du massif Ruwenzori et non loin de la frontière ougandaise, ils se sont rapidement reconstitués et disposent même des canons antiaériens qu’ils ont utilisés pour tirer sur un hélico-d’attaque de la Brigade d’intervention de la Monusco. Il n’y a que l’Ouganda qui peut secrètement apporter cet appui aux ADF. 
Sur l’axe Rutshuru-Masisi-Walikale, proche de la frontière rwandaise, on retrouve également le même type d’armement que le M23. Donc, ces armes ne peuvent venir que du Rwanda pour créer le chaos sur cette partie de la RDC, la plus riche où l’or est exploité à fleur des champs. 
Même les FDLR ont le même type d’armement que le M23. Le Rwanda utilise les FDLR pour les mêmes motivations afin de rendre la région ingouvernable. La preuve, c’est qu’aucune rébellion Tutsi pro-rwandaise, créée soi-disant pour empêcher l’extinction de cette communauté de la RDC par les FDLR n’a combattu ces dernières. Ils ont au contraire coopéré sur le terrain sur plusieurs plans et commercé ensemble. C’est le cas plus récemment du CNDP de Laurent Nkunda et du M23 de Bosco Ntanganda. 
Comme on le voit, l’heure où Kagame va cesser de considérer l’Est de la RDC comme son champ là où il va se servir à satiété, n’est pas encore arrivée. C’est dans cette perspective qu’il faut placer les 17 nouvelles années que lui ont octroyées la nouvelle Constitution du Rwanda. Un homme averti en vaut deux. KANDOLO M.