Kinshasa : après la pluie, vient le beau temps ?

Jeudi 14 mai 2015 - 08:58

Des passants qui n’ont d’autres choix que de faire le détour ou de se tremper dans l’eau boueuse. C’est l’image de la forte pluie qui s'est abattue sur la ville de Kinshasa, capitale de la RD Congo, jeudi 7 mai 2015 et qui a provoqué des inondations dans plusieurs quartiers.

Au centre-ville, plusieurs artères principales ont plongé sous les eaux, rendant la circulation difficile. Reportage.

Sur l’avenue qui relie le Boulevard du 30 juin à l’avenue Tombalbaye, juste devant la paroisse Notre-Dame de Fatima, dans la commune de la Gombe, il n’est plus possible de circuler sans se tremper les pieds dans cette vaste mare d’eau. Des véhicules qui empruntent ce tronçon sont quasiment submergés.

Coincés aux bouts du tronçon, les employés des entreprises environnantes (Snel, Ogefrem, ex-OCPT…), les étudiants de l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication (Ifasic) et bien d’autres passants n’ont d’autres choix que de faire le détour ou de se tremper dans l’eau boueuse.

Traverser la mare d’eau sur le dos

En cette fin d’après-midi, plusieurs piétons préfèrent carrément prendre une moto pour « franchir le Rubicon ». D’autres encore, faute de mieux, recourent aux nombreux adolescents qui se proposent de transporter les passants sur leurs dos, afin de leur épargner de se salir les pieds avec l’eau de pluie.

A 500 FC la course, des adolescents se proposent de transporter les passants sur leurs dos, afin de leur épargner de se salir les pieds avec l’eau de pluie.

Curieusement, la traversée de ce petit parcours, long d’environ 10 mètres est taxée à 500 FC (environ 0,50 USD). Soit le même tarif exigé pour effectuer une course en ville en moto ou en taxi, en empruntant des distances beaucoup plus longues.

Par dignité, plusieurs clients potentiels déclinent l’offre. Mais, les plus pressés mordent carrément à l’hameçon et se laissent percher sur le dos de ces dizaines de jeunes qui, profitant de la panique générale, racolent leurs éventuels clients aux bouts du tronçon.

« Les caniveaux sont bouchés »

Non loin de là, sur le boulevard du 30 Juin, la principale artère du centre-ville, la même scène est au rendez-vous. Les inondations semblent omniprésentes, malgré les larges caniveaux qui jonchent cette route.

Selon le Directeur général de l'Agence Congolaise des Grands Travaux (ACGT), le maître d'œuvre de la modernisation de cette infrastructure, la forte pluie en est une des raisons, mais la principale est que « les caniveaux sont bouchés ».

« Quand nous avions modernisé le boulevard du 30 Juin, nous avions surdimensionné les caniveaux avec une sortie principale vers le fleuve. Nous avions même ajouté sur l'avenue du haut commandement de nouveaux caniveaux vers la rivière Gombe », a révélé à Top Congo FM Charles Médard Ilunga, le DG de cette entreprise publique.

« Lorsque nous avons fini les travaux de modernisation, nous avons livré le boulevard à l'Office de Voirie et Drainage (OVD). C'est lui qui a la charge de son entretien », précise le numéro un de l’ACGT. « Aujourd'hui, regrette-t-il, tous ces caniveaux sont bouchés. Cela est certainement dû à l'incivisme des populations ».

Ces ordures qu’on jette partout…

Tirant les leçons de ses propos, des observateurs avertis exhortent les Kinois à apprendre à jeter leurs ordures dans les endroits appropriés et non plus n’importe où.

Certains ne se gênent d’ailleurs pas à balancer leurs déchets ménagers et des bouteilles en plastiques dans les caniveaux et les rivières environnantes, s’attendant à les voir couler aisément vers le fleuve.

Les caniveaux du centre-ville étant bouchés, les véhicules ont dû nager sur le Boulevard Lumumba.

Par conséquent, lorsque la pluie intervient, l’eau n’arrive plus à couler sur le lit des rivières et dans les rigoles, bouchée certainement par ces nombreux déchets. L’eau finit par déborder et par envahir les routes environnantes, poussant les piétons à jouer aux funambules sur les rares supports qui émergent comme des icebergs.

« A cette allure, commente un comédien, on ne saura plus dire à Kinshasa qu’après la pluie, vient le beau temps ».