Les Kinois n’ont jamais été aussi fiers d’être Congolais que ce mercredi 4 février 2015. A quelques heures du match entre les Léopards de la République démocratique du Congo et les Eléphants de la Côte d’Ivoire, la population s’arrache autocollants, écharpes, drapelets, drapeaux... pour soutenir, à distance, le Onze national sur la pelouse de Bata (Guinée équatoriale). En attendant le démarrage du match à 20h00, heure de Kinshasa, l’effervescence est au zénith. Reportage sur cette ambiance qui a regnée dans la ville avant le derby.
Juchés sur des bus roulant à vive allure sur le Boulevard Lumumba, des dizaines de Kinois, drapelets aux couleurs nationales en mains, chantent à cœur joie des refrains de soutien aux Léopards. Stimulés par la récente victoire de l’équipe nationale sur les Diables rouges du Congo Brazzaville (4-2) le samedi 31 janvier dernier, lors des quarts de finale, ils croient de plus en plus aux performances de leur Onze national qui, dans la phase des poules, se contentait juste des matchs nuls. Klaxons, sifflets, cris de joie… traduisent l’optimisme des Congolais à l’approche de ce duel qualificatif.
Au crépuscule de la journée, des dizaines de jeunes, en route vers la Gare centrale, entament des pas de course en fredonnant un refrain devenu populaire à Kinshasa : "Ibenge, coachez !!! Coachez !!! "… A l’honneur certes de l’entraineur de l’équipe nationale, Florent Ibenge, dont la prestation, aussi bien au sein du Onze national qu’à l’As V.Club n’a cessé de récolter un franc succès dans les compétitions internationales… à la surprise générale.
"BATTRE LES IVOIRIENS N’EST PAS UNE MINCE AFFAIRE"
Très confiants à la sélection nationale, ravivés par le sentiment patriotique, les Kinois s’attendent désormais à une victoire face aux Eléphants de la Côte d’Ivoire, voire à une victoire à la finale de la CAN. "C’est bien beau d’être optimistes, mais il nous faut être réalistes, car battre les Ivoiriens n’est pas une mince affaire", commente Jean-Paul K., vautré dans un taxi.
Dans la rue cependant, l’optimisme donne lieu à une effervescence hors du commun. Au parfum de l’euphorie générale, les vendeurs kinois se sont mobilisés pour s’approvisionner en articles qui exaltent la fierté nationale : autocollants, écharpes, portemonnaies, drapelets, drapeaux... aux couleurs nationales. Commandés dès la veille dans les bureautiques de la place et dans quelques marchés locaux, ces insignes de l’emblème national s’écoulent comme de petits pains, en ville comme à la cité.
AUTOCOLLANTS, DRAPELETS… EPUISES COMME DE PETITS PAINS
Dans les bureaux, supermarchés, écoles, universités, les autocollants sont visibles partout : sur les édifices, les portes, les mobiliers, les marchandises, les joues et vêtements des occupants… Sur les grandes artères de la ville, véhicules et motos arborent des autocollants et des drapelets, leurs conducteurs tout fiers, brandissant, leurs joues estampillées d’autocollants tricolores en forme de cœur.
"J’ai commandé des centaines d’autocollants hier soir dans une bureautique de l’immeuble Botour, affirme Issambou, un petit vendeur du centre-ville. A peine que je les ai récupérées très tôt ce mercredi, ils ont tous été achetés. Tous les efforts menés à partir de midi pour nous approvisionner de nouveau ont été vains. Le stock est épuisé".
Tout le long de la journée, la ville a connu une ambiance de carnaval, marquée par des klaxons par-ci et concerts de sifflets par là. Rivant leurs regards vers Bata, les Kinois, fiers d’être Congolais, ont tenu à montrer qu’ils sont de cœur avec les Onze national. Et comme le week-end dernier, ils s’attendaient à fredonner en chœur leur amour patriotique, en empruntant une formule devenue célèbre : "Nous sommes tous Léopards". Yves KALIKAT