Kinshasa durcit la délivrance des visas

Jeudi 9 avril 2015 - 09:53

Après l’arrestation de militants de mouvements citoyens à Kinshasa mi-mars, les autorités congolaises ont renforcé les contrôles pour l’obtention des visas d’entrée en RDC. Résultat : de nombreux dossiers sont bloqués dans les ambassades.
Depuis le 18 mars, les demandes de visas pour entrer en République démocratique du Congo (RDC) ont été renforcées. Selon nos informations, le ministère des Affaires étrangères exige désormais de ses ambassades de communiquer l’ensemble du dossier au ministère pour qu’il soit visé par la Direction générale de Migration (DGM) et l’Agence nationale de renseignement (ANR) avant d’autoriser la délivrance du visa. Un diplomate, sous couvert d’anonymat, nous a indiqué que les motifs d’attribution des visas sont maintenant « plus sévères ». De nouvelles mesures sécuritaires qui paralysent les services consulaires, notamment à Paris, où les dernières demandes traitées par l’ambassade parisienne datent du 30 mars. Des demandes bloquées « particulièrement géantes pour les voyageurs qui ont déjà achetés leur billet d’avion ou qui ont des rendez-vous d’affaires » souligne ce diplomate, qui estime cependant que « ce types de mesures ne pourra pas durer très longtemps ». Selon notre source, la circulaire ministérielle concerne l’ensemble des ambassades congolaises (Europe, Afrique, Asie, Amériques… ).
Conséquence des tensions politiques à Kinshasa
A l’origine de ce renforcement sécuritaire dans la délivrance des visas congolais, l’arrestation mi-mars de militants de mouvements citoyens pro-démocratie sénégalais, burkinabè et congolais lors d’une conférence de presse à Kinshasa – voir notre article. Les autorités congolaises accusaient les membres de ces mouvements, d’activités « subversives et insurrectionnelles » sur le territoire congolais. Si les militants de Y’en a marre et Balai citoyen ont été rapidement libérés et expulsés, les activistes congolais sont toujours en détention. Une violente controverse avait alors opposé Kinshasa et les organisations des droits de l’homme sur les motifs du voyage des membres de Y’en a marre et Balai citoyen en RDC. Le gouvernement affirmait que les activistes avaient « menti » lors de leur demande de visa. Le renforcement des demandes de visas par Kinshasa seraient donc la conséquence directe de l’arrestation de ces militants. Après la chute de Blaise Compaoré au Burkina et les violentes manifestations contre la loi électorale en janvier à Kinshasa, le pouvoir entend « contrôler fermement » toute forme de contestation politique… même non-violente, comme celle prônée par Y’en a marre, Balai citoyen, Filimbi et la Lucha.
Afrikarabia/LRP