Kinshasa : nouvelle chasse aux Vendeurs de rue

Lundi 20 avril 2015 - 10:38

Ces dernières semaines, Kinshasa revit dans la douleur et l’amertume, la triste et malheureuse expérience des opérations policières de chasse aux vendeurs de rue et autres marchands ambulants. En effet, les petits commerces installés aux coins des avenues dans tous les quartiers de Kinshasa, voient chaque jour, des hordes des policiers déchaînés arracher les articles de traite.
Des colonnes de policiers a pieds extorquent ces opérateurs économiques du secteur informel, habits et chaussures neufs ou de friperie, des boissons gazeuses, des biscuits et autres friandises. Au cours de ces opérations dites de salubrité, rien n’est épargné. Des jeeps sillonnant certaines artères lâchent des policiers qui sautent de leurs véhicules et emportent des bassins de pains ou des gâteaux, ou d’arachides, et même des sachets d’eau pure.

Ces scènes de brutalité se passent souvent devant des témoins indignés qui ne manquent pas de déplorer les méthodes policières empreintes de brutalité. Surtout que certains éléments des unités de la police y vont avec des coups de poings et de pieds, déchirant même les vêtements de ces «débrouillards» qu’ils embarquent dans leurs véhicules. Ces vendeurs ne pourront retrouver leur liberté que moyennant le paiement des amendes transactionnelles.
Dans leurs récriminations, certains témoins ont rappelé en vain, les assurances données en janvier dernier, par le gouverneur de la ville à ces vendeurs de rue et autres marchands ambulants.
Au mois de janvier dernier, après les vagues de protestation populaire contre le projet de loi électorale très controversé soumis à l’Assemblée nationale, émaillées par plusieurs incidents déplorables à travers toute la ville de Kinshasa, le gouverneur de la ville, mine de tristesse, un bandeau blanc noué sur le front, en signe de deuil, n’avait pas retenu ses larmes, devant des centaines de morts et de nombreux dégâts subis aussi bien par les containers de la police que par certains commerces des sujets expatriés.

Les Kinois espèrent voir leur gouverneur tenir ses promesses

Dans un message pathétique lancé en son temps, et qui reste gravé dans les mémoires de ses administrés en général, et des jeunes plus particulièrement, André Kimbuta avait d’abord compati aux malheurs des familles éprouvées, pour les morts enregistrés. Il s’était rangé du côté des opérateurs économiques étrangers qui avaient perdu beaucoup de biens, déplorant les actes de vandalisme perpétrés dans plusieurs coins de la ville et leurs conséquences sur des unités de production par la mise au chômage dé nombreux travailleurs.

Faisant des clins d’œil aux vendeurs de rue et marchands ambulants, ainsi qu’aux conducteurs de motos, le gouverneur de la ville les avait exhortés à reprendre leurs activités. Promesse formelle avait été faite qu’ils ne seraient plus tracassés. Car, il ne tolérerait plus que des policiers se lancent à leurs trousses, alors qu’ils se débrouillent pour nourrir leurs familles. Une façon de dire qu’il était contre des actes de vandalisme, mais tolérant à l’égard du commerce du secteur informel.

André Kimbuta visiblement affecté par les journées folles de janvier, n’était pas disposé à revivre ces événements malheureux. A cette occasion, il avait demandé aux jeunes opérateurs économiques du secteur informel de dénoncer tout acte de tracasserie policière pouvant susciter des remous dans la ville.

Les scènes des rafles des articles manufacturiers, des téléphones et des cartes prépayées, la casse des chaises en plastique et autres étals, les coups assenés aux commerçants de l’informel, ainsi que d’autres actes de brutalité, ne semblent pas cadrer avec les propos rassurants du gouverneur de la ville en janvier dernier.

Pour certains Kinois, André Kimbuta qui a toujours respecté ses promesses et tenu à ses engagements, ne devrait pas laisser ces opérations de salubrité de la police déraper et provoquer de nouveaux épisodes de frustrations au sein de la population kinoise. Cette dernière, comme on le sait, avait répondu favorablement en son temps, à l’appel au calme lui lancé par le gouverneur de la ville, en vaquant à ses activités, en dépit des appels journées aux journées « villes mortes » en cascade.

Par J.R.T.