Kinshasa : une ville sans signaux routiers !

Mercredi 13 mai 2015 - 11:48

Depuis 2010, la capitale de la République Démocratique du Congo, s’est véritablement engagée sur la voie de la modernité. Vocable que les dirigeants aiment bien employer au point d’en faire un programme gouvernemental.

Et il ne serait pas exagéré d’affirmer, à propos, que quelqu’un qui a quitté « Kin » il y a dix ans éprouverait de sérieuses difficultés pour retrouver les repères de la ville. Les grandes artères (boulevards Lumumba, du 30 juin et Sendwe, l’avenue ex-24 novembre, route des Poids Lourds, etc.) ont été agrandies ; des arbres qui longeaient lesdites voies n’existent plus. Des immeubles poussent comme des champignons partout voire dans les quartiers périphériques. Des hôtels 3 et 4 étoiles qui étaient rares hier à Kinshasa sont aujourd’hui érigés presque dans tous les quartiers de la ville.

Mais hélas ! La circulation routière continue de poser problème non seulement pour les voyageurs, mais également et surtout pour les automobilistes, en dépit de l’élargissement de la plupart des grandes voies.

A la base : il n’y a pas de signaux indiquant le sens à prendre par les automobilistes. Les voies à double sens ou à sens unique n’existent que dans l’imaginaire des éléments de la police de circulation routière qui ne se gênent pas d’arrêter les conducteurs au motif d’avoir violé le Code de la route ! Oubliant que dans un monde voulu moderne, le conducteur roule sur la base des signaux et n’a pas besoin qu’on le lui signale par un quelconque agent. C’est aussi ça la modernité. Sinon toutes les voies agrandies ou modernisées ne serviraient à rien, si la signalisation n’accompagne guère cet effort !

En plus, Kinshasa, la capitale, est appelée à se mettre au diapason du monde comme cela se passe dans toutes les grandes villes modernes.

Par exemple : l’avenue Kasa-Vubu à 80% sens unique, permet toutefois le double sens sur le tronçon allant du boulevard du 30 juin à la jonction de l’avenue Rwakadingi. Mais, il n’y a rien qui l’indique ! Idem pour l’avenue Kasaï dont le double sens est autorisé du boulevard jusqu’à l’avenue du Commerce, toujours rien ne l’indique.

Les exemples font légion en plein centre-ville avec des avenues de la Paix, du Port, Tchad, Mutombo Katshi, Ebeya, Bas-Congo… Bref, il est difficile pour un automobiliste de rouler sans porter entrave au code de la route sur ces artères.

En plus, il n’y a pas que les expatriés ou les Congolais qui éprouvent des difficultés pour rouler normalement à Kinshasa.

Boulevard du 30 juin : aucun feu ne fonctionne normalement

Les automobilistes connaissent les mêmes déboires au niveau des feux de signalisation sur les grandes artères réaménagées. Sur le boulevard du 30 juin par exemple, aucune signalisation ne fonctionne comme il se doit. ! Une situation non seulement susceptible de provoquer des accidents avec la mentalité de la plupart des chauffeurs des véhicules à usage commercial, mais également à la base des embouteillages monstres en plein centre-ville. C’est encore pire quand il n’y a pas d’éléments de la PCR (police de circulation routière) pour régler à la manière traditionnelle la circulation.

Nécessité d’une réglementation spéciale pour les motocyclistes

Concernant la circulation des personnes, les Kinois ont salué l’achat par le gouvernement Matata des bus modernes pour le transport en commun. La société TRANSCO a été créée avec des bus neufs de marque Mercedes. Il faut ajouter à cette promesse gouvernementale de faire disparaître progressivement des vieux véhicules en circulation dans la capitale, l’achat des bus dits « Esprit de vie » dont la gestion a été confiée aux privés.

Cependant, la ville est actuellement butée à un véritable casse-tête avec des conducteurs taxis-motos qui envahissent pratiquement toutes les artères, y compris celles du centre-ville, ou encore des voies d’intense circulation où ces engins de fortune ne devraient pas être autorisés.

Si on a déploré plus loin la difficulté pour les automobilistes de rouler normalement à cause du manque de signaux routiers, les conducteurs éprouvent de sérieux problèmes face aux motocyclistes. Le Code de la route n’existe pas pour ces derniers. On roule comme on veut, tous les dépassements voire ceux à droite à quelques millimètres près sont autorisés ! Pas de voies à sens unique ou de bandes sur lesquelles la moto ne doit pas rouler. Se croyant maîtres de la route, pour eux, tout est permis ! Et cela se passe au vu et au su des agents de l’ordre, particulièrement ceux commis à la régulation de la circulation routière.

Ce qui est curieux, c’est le fait de voir que les Kinois qui regardaient il y a quelques deux décennies avec moquerie des taxis-motos dans les villes de l’Afrique de l’Ouest, s’accommodent aujourd’hui de ces moyens de circulation presque rudimentaires, pour ne pas dire à hauts risques dans une ville où la plupart des automobilistes ne conduisent qu’avec les pieds et non la tête !

La modernisation des routes appelle également à celle defs feux de signalisation. Sinon ce serait comme se construire une belle villa avec de vieux mobiliers à l’intérieur !

Dom