La rougeole fait rage au Katanga

Lundi 17 août 2015 - 10:58

Selon le Bureau de Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), la province du Katanga croule sous une épidémie de rougeole, qui ne fait qu’empirer.

Fin juillet, sept nouvelles zones ont été déclarées en épidémie, portant à 21 le nombre total des zones affectées, sur les 68 que compte la province. Le bilan est lourd et inquiétant, par le fait que depuis le 1er janvier 2015, plus de 20 000 cas de rougeole ont été enregistrés dans la seule province du Katanga.

Près de 320 personnes en sont mortes au Katanga, note OCHA. Les spécialistes en santé du Katanga attribuent cette situation à un cercle vicieux de facteurs, entre autres: la faible couverture des vaccins; la mobilité des personnes ,permettant à la maladie de se propager des zones de santé affectées à celles non affectées; l’inaccessibilité de certaines localités, soit à cause de l’état déplorable des routes, soit en raison de l’insécurité qui pousse des milliers de personnes à fuir leurs habitations, ratant ainsi les vaccinations et les soins.

La chaîne du froid, essentielle pour garantir l’intégrité des vaccins, s’avère défectueuse. Quand les enfants peuvent être atteints, certaines familles refusent la vaccination, en raison de croyances religieuses ou culturelles. En effet, le Programme élargi de vaccination (PEV), entité nationale chargée de la gestion des campagnes de vaccination, connait aussi certaines faiblesses.

Le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) est inquiète de cette dernière crise qui frappe cette province riche mais instable de la RDC, avec la violence interethnique au Nord-Katanga entre Lubas et Twas, qui a ainsi mobilisé le personnel nécessaire pour suivre la situation.

L’argent, nécessaire, mais pas le nœud du problème

Seulement sept des 21 zones de santé du Katanga touchées- 33% – bénéficient des activités vaccinales organisé par des ONG telles Alima et Médecins Sans Frontières, tandis que d’autres comptent se déployer dans les zones où il n’y a aucun acteur présent. Le constat est donc amer, regrette OCHA, surtout que la vaste majorité des zones touchées est délaissée.

Le « Cluster Santé » du Katanga, regroupant des spécialistes en santé des ONG et des agences onusiennes telles que UNICEF, OMS estime à plus de 2,4 millions de dollars US, le montant nécessaire pour financer des campagnes de vaccination et des actions dans le court et moyen-terme. Cependant ces agences disent que l’argent, certes nécessaire, n’est pas le nœud du problème.

Comme si la situation actuelle n’était pas déjà un casse-tête, plusieurs zones touchées sont aussi frappées par la malnutrition et le choléra.

L’urgence s’impose

L’UNICEF, OMS, et les ONG impliquées dans la réponse sont confiantes qu’elles pourront endiguer la crise actuelle. Cependant, la maladie revêtant un caractère endémique, le défi s’articule autour la stratégie à long terme.

Les acteurs du secteur santé estiment que le Katanga a besoin d’un paquet de solutions holistiques, durables et interconnectées, sous la houlette des autorités congolaises, tant centrales que provinciales, qui incluraient tant les agences humanitaires et les acteurs du secteur du développement.

Par Godé Kalonji Mukendi