LA TURQUIE EXPLIQUE AU MONDE COMMENT FAIRE DES AIDES HUMANITAIRES

Lundi 30 mai 2016 - 08:57
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La Turquie donne ces temps-ci une leçon d’humanité au monde. Le nom du cours est l’humanité… Le lieu est Istanbul… Sa durée est de deux jours… Des dizaines de chefs d’État et de gouvernement des pays les plus riches et les plus pauvres du monde, les institutions d’aide affiliées aux Nations Unies ainsi que les grandes organisations d’aide humanitaire se sont réunis en Turquie pour le premier Sommet d’aide humanitaire.

L’ordre du jour de la réunion était l’évolution des travaux d’aide humanitaire dans le monde, ayant encore d’importantes lacunes. Les leaders mondiaux ont pu rencontrer directement les personnes menant elles-mêmes les travaux d’aide dans ce domaine. La question à laquelle nous cherchons la réponse est " quelle a été notre erreur ? "
Lors d’une réunion à laquelle les États-Unis s’étaient tenus présents, le président Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, avait discuté avec le président américain Georges Bush sur les aides pour l’Afrique. " En tant qu’États-Unis, nous faisons des aides de milliards de dollars au Soudan. D’après ce que je sais, vous n’acheminez même pas la moitié de notre aide du point de vue financier. Mais le Soudan et les pays avoisinants parlent sans cesse de vos aides et de la différence que vous avez mise en évidence. Comment réussissez-vous cela ? " avait demandé le président Bush à Erdogan.
La réponse d’Erdogan, Premier ministre à l’époque, fut très courte : " Nous aidons à la manière turque ". Actuellement la Turquie relate ce modèle d’aide au monde. "L’aide de type turc " est un des sujets les plus évoqués parmi les organismes d’aides dans le monde. Sa caractéristique la différenciant des autres aides est que " l’âme " y est inclue. Quand vous vous mettez à la place du pays que vous aidez, quand vous percevez sa souffrance comme la vôtre, ou son problème comme le vôtre, l’aide prend alors une toute autre ampleur. Par exemple, disons qu’un organisme d’aide américain a décidé de venir en aide à un pays en Afrique et qu’il a constitué un budget pour cela. Ou bien disons qu’une institution affiliée aux Nations Unies vient en aide à ce pays. Premièrement, elle enverra là-bas une équipe précurseur. Cette équipe effectuera une étude sur place pendant une durée qui ne sera pas courte. Or le problème est évident. Ce pays manque soit d’eau potable, soit de nourriture, ce qui engendre en parallèle des problèmes de santé. Par la suite, un office de travail est fondé pour l’équipe qui viendra en aide. Ces offices sont situés généralement dans les zones les plus sécurisés de la région.
C’est pourquoi, ils sont très chers. Par ailleurs, des agents de sécurité sont embauchés pour protéger ces offices. Ce n’est qu’après que l’équipe d’aide se rend dans le pays. Les salaires de l’équipe d’aide et leurs frais de déplacement sont très élevés. Des 4x4, parfois même des blindés, sont loués pour ces équipes. Elles ont des chefs cuisiniers pour leur office. Cette liste peut encore être prolongée. Et au final, seulement une petite partie du budget débloqué pour l’aide se transforme réellement en " aide ".
Pour ce qu’il est de l’aide de type turc, son fonctionnement est le suivant : Un budget est débloqué pour l’aide à un pays. Le personnel d’aide qui a reçu ce budget se rend dans ce pays, il dort là où le peuple local dort et mange ce que le peuple mange. Il utilise les mêmes moyens de transport que le peuple et retourne dans son pays en achevant le plus tôt possible ses travaux. Durant cette période, il est sans cesse en contact avec le peuple local et écoute ses problèmes. C’est justement la différence de la Turquie…
Lors du Sommet humanitaire mondial organisé à Istanbul, les problèmes vécus par les organismes d’aide ont été exposés. " 80% des problèmes auxquels sont confrontés les êtres humains sont de source humaine. Une grande partie de ceux-ci provient de calculs politiques. Changez votre attitude pour que les êtres humains souffrent moins. Nous pouvons lutter contre les destructions générées par les catastrophes naturelles mais les destructions causées par vous, continuent durant des siècles comme des germes d’hostilités", a-t-il été dit aux dirigeants des pays.
Les débats ayant eu lieu lors du sommet ont été reflétés dans le rapport final qui sera traité par la suite lors des réunions des Nations Unies. Espérons en particulier que les 5 pays ayant droit de véto, prennent en charge ce rapport et ne soient pas confronté aux souffrances générées par des intérêts politiques. Que le drame vécu depuis 5 ans en Syrie serve de leçon à tout le monde. La Libye et l’Irak sont des pays où le chaos continue de régner. Le Yémen est face au danger d’un démembrement. Le Soudan a été divisé pour des motifs qui ne sont même pas crédibles. La Somalie est sur le point d’être fractionnée. Sur les documents, tout cela peut se transformer en statistiques " succès / défaite", mais ce sont des développements qui engendrent des souffrances à des millions de personnes. C’est d’ailleurs l’importance de ce sommet, attirer l’attention encore et encore à ces réalités… Et cela est énormément important…