Le CSAC recherche le juste milieu avec les annonceurs

Lundi 16 mars 2015 - 07:54

La réflexion avait été lancée fin octobre 2014 par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la Communication (CSAC). L’autorité de régulation des médias avait organisé deux journées pédagogiques à Africana Palace pour amener les acteurs et intervenants dans le domaine de la publicité à veiller à l’intégrité mentale, morale et psychologique du public jeune. Mais, près de cinq mois plus tard, les services de monitoring du CSAC sont formels : les engagements pris par les uns et les autres lors de ces assises ne sont pas respectés.

Que faire pour que la publicité des boissons alcoolisées dans les émissions télévisées, du reste une manne pour les médias audiovisuels, n’ait pas d’effets dévastateurs sur les jeunes ? Pour en débattre, l’autorité de régulation des médias a réuni jeudi dernier 13 mars, à son siège, les directeurs de programmes, les directeurs commerciaux, les responsables des agences ainsi que les producteurs des émissions musicales sponsorisées par les sociétés brassicoles.
A cette nouvelle séance pédagogique, la question principale est restée la même : que faire pour que la publicité des boissons alcoolisées dans l’audiovisuel congolais n’ait pas de conséquences néfastes sur le public jeune. La bière est un aliment, mais doit être consommée avec modération, a indiqué Jean-Pierre Eale. En posant le problème, le CSAC veut amener les intervenants dans le domaine de la publicité sur l’alcool à respecter la loi en la matière. Et pour cela, le CSAC a voix au chapitre. De par ses attributions constitutionnelles. Notamment un droit de regard sur le contenu des spots publicitaires proposés par les brasseurs et autres annonceurs et diffusés en boucle par les médias. Non sans dérapages. A l’instar des clips publicitaires dont certains sont anormalement longs.
Cependant, consciente du fait que les médias vivent de la publicité, l’autorité de régulation des médias a privilégié la pédagogie. " Il ne faudrait pas que dans la régulation, le Conseil supérieur de l’audiovisuel congolais amène les médias à disparaître ", a indiqué Gaudens Banza Tshiefolo, président de la sous-commission technique du CSAC. Selon ce dernier, les médias doivent aider le CSAC à exiger les avis de conformité. Les annonceurs doivent également avoir l’avis de conformité avant de diffuser.
Le président du CSAC, Christophe Tito Ndombi a rappelé que d’entre les rôles de différents intervenants dans la chaîne publicitaire, celui du diffuseur paraît essentiel. Car, c’est, en définitive, lui qui donne à une publicité sa publicité, c’est-à-dire son caractère public. C’est lui qui la rend publique. "Une publicité ne le devient que quand elle est rendue publique par un diffuseur. Bonne ou mauvaise, licite ou illicite, légale ou illégale, une publicité ne peut avoir un impact qu’à partir du moment où elle est diffusée", a-t-il fait remarquer.
En réponse à la question de Banza Tshiefolo, de savoir ce qui pousse les chroniqueurs à diffuser les publicités des boissons alcoolisées dans leurs émissions pendant la journée, Djoka Kabengele, présentateur de l’émission A-Pluriel sur Antenne A, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. " Ce sont ces brasseurs qui soutiennent la plupart des musiciens qui passent sur nos plateaux. Si notre musique vit encore, c’est grâce aux brasseries. On n’a pas une industrie de la musique en RD-Congo. Pour preuve, plusieurs de ces artistes musiciens sont sponsorisés par ces brasseurs. Donc, on est obligé de les suivre avec leurs sponsors", a-t-il expliqué.
Tout en reconnaissant les difficultés des chaînes de télévision de survivre sans la manne publicitaire, les animateurs du CSAC font remarquer que c’est possible de programmer des émissions de forte audience aux environs de 22 heures. En attendant, le haut conseiller Jean-Pierre Eale, vice-président de la sous-commission Conformité publicité au CSAC, propose de ramener le programme des émissions musicales sponsorisées par les boissons alcoolisées à 17h dans un premier temps. Reste à être entériner par la plénière pour être d’application.
Rapporteur du CSAC, Chantal Kanyimbo propose d’organiser dans un avenir proche une table ronde avec les annonceurs pour voir comment amener médias, brasseurs et autres à trouver le juste milieu en matière de tarification. Question d’aider les médias à ne pas faire le dumping. Didier KEBONGO