Le Professeur Nzongola Ntalaja a présenté son ouvrage intitulé « La faillite de la gouvernance et la crise de la construction nationale » le samedi 17 octobre 2015 au Centre Wallonie-Bruxelles, en présence des députés, sénateurs, professeurs, journalistes et intellectuels, tous amoureux du savoir.
Dans ce livre de 441 pages, l’auteur essaie d’expliquer pourquoi la RDC n’arrive pas, 50 ans après son indépendance et malgré ses immenses ressources naturelles et humaines, à satisfaire les besoins élémentaires de ses citoyens.
Doté d’immenses terres cultivables, d’une pluviosité abondante et d’innombrables lacs et rivières, le destinant à devenir le grenier de l’Afrique tout entière, le Grand Congo est incapable d’éradiquer la faim à l’intérieur de ses propres frontières.
Un pays qui a suffisamment de puissance hydroélectrique pour éclairer le continent africain du Caire au Cap, est incapable de fournir correctement le courant à la ville de Kinshasa, sa capitale, située à environ 300 km du barrage d’Inga.
Hormis ses faiblesses économiques, le professeur Nzongola épingle dans son ouvrage une troisième, qui choque particulièrement : c’est le fait que le pays de Lumumba, aux dimensions continentales, connait depuis 1996 l’humiliation d’être envahi et pillé par des Etats à la taille lilliputienne comme le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda.
Il identifie deux causes profondes de la défaillance de l’Etat congolais, notamment la faillite de la gouvernance par un Etat fragile et des services publics désorganisés et incapables de remplir leur mission de maintien de l’ordre public, de mobilisation des ressources financières indispensables à toutes les actions gouvernementales et de prestation des services essentiels.
Ce professeur d’Etudes Africaines à l’Université de Caroline, aux Etats-Unis d’Amérique, accuse également les dirigeants congolais, préoccupés selon lui par le gain facile, d’être réfractaires aux principes de la bonne gouvernance démocratique et développementaliste, sans lesquels la construction nationale et des institutions étatiques est impossible.
Pour y remédier, cet éminent professeur, qui avait pris une part active à la Conférence Nationale Souveraine (1991-1992), a appelé à l’éveil de la conscience de la population pour prendre en main son destin.
En se référant aux événements du 4 janvier 1959 et des 18, 19 et 20 janvier 2015, Nzongola a démontré que c’est la masse qui fait l’histoire et non les gouvernants ou les généraux. Le débat est ouvert car certains intellectuels pensent que des individus font aussi l’histoire : cas de Mobutu avec son coup d’Etat du 24 novembre 1965, d’Hitler en Allemagne, de Mandela en Afrique du Sud, de Mao en Chine, de Mussolini en Italie, de Napoléon en France, etc.
ERIC WEMBA