Le Senat troublé par la détérioration de l’Enseignement supérieur et universitaire en RDC

Jeudi 12 novembre 2015 - 12:39

L’enseignement supérieur et universitaire se meurt en RDC. C’est le constat amer fait au Sénat, lors de la séance plénière d’hier mercredi 11 novembre 2015, qui s’est focalisée sur la question orale avec débat du sénateur Bya’ene Esongo Nelson adressé au Ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire, Théophile Mbemba Fundu Di Luyindu, relative à la suspension des enseignements du troisième cycle à l’Université Pédagogique Nationale (Upn).

Dans sa question orale, le Sénateur Bya’ene Esongo, déplore la grève illimité décrétée par les professeurs de l’Upn depuis le 14 Octobre 2015, à la veille de l’ouverture solennelle de l’année académique 2015-2016 sur toute l’étendue de la République.

Une grève, précise sa question orale, dont la base se trouve dans la décision du Ministre Théophile Mbemba de suspendre les enseignements du troisième cycle dans la quasi-totalité des filières organisées par l’Upn.

Selon le Sénateur, l’Upn est le premier Institut d’Enseignement Supérieur de la Rdc après l’indépendance qui compte aujourd’hui 322 professeurs Docteurs à thèse, formés dans les grandes Universités du monde. Elle dispose aussi d’un important patrimoine immobilier mis en valeur par des bâtiments qui lui garantissent une capacité d’accueil considérable.

De ces filières que le Ministre veut fermer sont sortis plus de 26 docteurs qu’il a nommés professeurs associés pour certains puis autorités académiques pour d’autres. Actuellement, 63 doctorants sont au terme de leur formation et préparent la soutenance de leurs thèses dans les 22 filières non éligibles, après des années d’énormes sacrifices.

Cette cruciale situation, selon le sénateur, remet en cause la vocation de l’Upn en tant que pépinière du rajeunissement d’un corps professoral vieillissant et outil de concrétisation de la Révolution de la modernité, vision du Président de la République et Chef de l’Etat, qui ambitionne de promouvoir un pool d’intelligence et un citoyen nouveau en vue de faire de la Rdc un pays émergent à l’horizon 2030.

questions ont été posées au Ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire dans ce dit document : 1. Une instruction académique, acte réglementaire valable pour une année académique, peut-elle modifier ou supplanter un décret-loi ? ; 2. Qu’est ce qui manque à l’Upn pour dispenser ces enseignements ? Est-ce les enseignants qualifiés ou les auditoires ?; 3. Allez-vous remettre en cause les diplômes de doctorats obtenus par les récipiendaires dans les facultés que vous suspendez ? Et par conséquent, frapper de nullité vos arrêtés de nomination de ces docteurs en qualité de professeurs associés et autorités académiques ? ; 4. Quel sort réservez-vous aux 63 doctorants qui sont à la fin de leur formation et préparent la soutenance de leurs thèses dans les 22 filières que vous voulez fermer à l’Upn ? Et qui assumera les conséquences socio-économiques qui en résulteront ? ; 5. Comment comptez-vous rétablir un climat d’apaisement et de cohésion afin de trouver un compromis pour que les professeurs lèvent leurs mouvements de grève et que nos enfants commencent réellement les cours ?

La réplique du Ministre

Dans sa réponse, le ministre a fait savoir que les enseignements du 3ème Cycle conduisent à la présentation d’une thèse de doctorat passant par l’obtention d’un diplôme d’Etudes Supérieures ou Approfondies (des/Dea), laquelle une fois défendue, permet à l’institution autorisée de décerner au récipiendaire le diplôme le plus élevé de la formation universitaire.

L’accès à ce diplôme ouvre aux détenteurs la porte au grade de professeur associé et dons à la carrière suivant la règlementation en vigueur à l’Esu.

Quant à l’Upn, en plus de la filière précitée, l’institution avait créé de manière peu orthodoxe l’Ecole doctorale avec des excroissances provinciales ne fournissant pas des garanties suffisantes quant à la qualification de la formation, la qualité des apprenants, les programmes assurés, les conditions scientifiques requises et le mode d’évaluation.

Par ailleurs, au lieau d’ouvrir son département de didactique des disciplines au sein de sa propre facultés de Psychologie et sciences de l’Education, l’Upn, affirme le ministre, a préféré le fonctionnement illégal en son sein d’une antenne de la chaire Unesco organisée par l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville, en délivrant des diplômes de doctorat avec une mention de cette université, alors que les enseignements se déroulaient à Kinshasa.

 » Tout en reconnaissant que l’Upn dispose d’un important corps professoral de qualité, tout observateur objectif et impartial était d’avis que les conditions d’organisation des enseignements du 3ème cycle devenait fort-préoccupantes à l’Upn et qu’il fallait un recadrage pour replacer cette institution qui constituait une référence nationale et africaine dans le domaine de la pédagogie appliquée, dans son véritable rôle d’Université Pédagogique Nationale « , a souligné Théophile Mbemba.

Il sied de signaler que le ministre de l’Esu est attendu ce vendredi 13 novembre 2015 pour répondre aux différentes préoccupations des sénateurs.

Par Carroll Madiya