Les derniers tours de chauffe … avant la convocation du dialogue nationale !

Lundi 14 septembre 2015 - 12:09

Le dialogue national finira-t-il un jour par être organisé ? Poser la question, c’est déjà y répondre. Mais le moins que l’on puisse dire aujourd’hui est que l’on se trouverait au stade de derniers tours de chauffe...pour une idée qui avait été lancée en juin par le chef de l‘Etat, Joseph Kabila. Résumé

Peut-être a-t-elle perdu un peu de sa chaleur depuis que l’idée avait été avancée par Joseph Kabila, mais c n’est pas pour autant qu’elle s’est complètement dégonflée comme ballon de Baudruche. Loin de là. Le dialogue national demeure toujours à l’ordre du jour quand bien même il y en a qui ne le trouvent pas nécessaire comme c’est le cas dans certains milieux, notamment de l’opposition.

UN DÉPART TIMORÉ
Timides frémissements. On n’a pas droit à un démarrage sur des chapeaux de roue, mais plutôt à un départ timoré. Initiées en effet par le président de la République, les consultations peinent à démarrer. Ce qui semble poser problème, c’est en fait la forme, même de ces rencontres que l’on prend comme un dialogue national.

Évidemment, on ne se bouscule pas au portillon, en ce début du mois de juin. Constat de tout premiers jours: il n’y a pas de trace visible des principaux intéressés alors que les confessions religieuses étaient pourtant attendues par le président Joseph Kabila pour le début des consultations prévues dans le cadre du dialogue ainsi annoncé.

Du côté des acteurs politiques, pas d’engouement non plus. Les principaux partis d’opposition préfèrent décliner l’invitation. Les diplomates, eux, répondent au rendez-vous. Entretemps, dans l’opinion on aimerait après tout avoir des précisions sur la forme d’un tel forum avant de pouvoir s’y engager ; bien de gens ne sachant pas très bien à quoi s’en tenir.

SANS L’OPPOSITION
C est sans l’opposition politique que s’ouvrent fin juin les consultations avec les forces vives de la nation, les gros calibres de l’opposition ayant, en ce qui les concerne, décidé du moins de les boycotter. Pouf le parti de Joseph Kabila’, le PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie), ce dialogue pourrait être l’occasion de faire un grand pas en avant. Il revêt une grande importance dans la mesure où, dit-on, « nous avons besoin, entre autres, du renforcement de la cohésion nationale et d’un processus électoral apaisé ainsi que d‘élections plus que libres qu‘avant.

Au niveau de l’opposition, en effet, la plupart boudent ces consultations. Il en est ainsi de la plateforme regroupant des partis tels que l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) et le Mouvement de Libération du Congo (MLC). Ces regroupements rappellent qu’ «un dialogue a déjà eu lieu, lors des dernières consultations nationales, que des recommandations ont déjà été formulées ». Par conséquent, concluent-ils, « il n y o donc rien à dire de plus ». Ce qui est, pour eux, le plus important aujourd’hui, c’est de centrer l‘intérêt du pays et de la population sur le cycle électoral, qu‘il faut tenir de manière apaisée et qu’il faut pouvoir aérer dans son calendrier, plutôt que réunir. un second forum.

L’UDPS, le parti d’Etienne Tshisekedi, refuse lui aussi de prendre part à ce dialogue. Elle s’était déclarée en faveur de discussions, mais précise que « celles-ci devraient avoir lieu sous 1‘égide de la communauté internationale et ne pas être initiées par le président Kabila lui-même. Le dialogue tel qu’on l’entend à l’UDPS, c’est une initiative dès le départ de la communauté internationale. C’est dans ce cadre-là que ce parti « s ‘est inscrit pour participer, et non pas un dialogue initié par Joseph Kabila qui lui-même fait partie du problème ».

A l’UPDS, on refuse donc de participer à un dialogue initié par le président Kabila, qui, d’après le parti d’Etienne Tshisekedi, «est très mal placé pour être à la fois juge et partie. Voilà pourquoi nous avons demandé et attendu la médiation ou facilitation internationale pour arriver à ce dialogue ». Un point, un trait … A apparemment.

LES CHOSES SE PRECISENT

On ne pouvait pas en rester à l’état. Les lignes ont, en fait, commencé à bouger depuis lors; du moins c’est ce qui semble transparaître dans l’opinion. Autant l’exigence d’un médiateur international, susceptible de participer au dialogue proposé par le président Kabila, se précise de plus en plus, autant les tractations entre le pouvoir en place et le camp Tshisekedi ne sont plus à mettre sur le compte de « on dit »...

Dans tous les cas, quel que soit le bout par lequel on voudrait prendre l’actuel «frémissement », il faudra tout de même se dire que 1‘on se trouve à 1 ‘heure de « derniers tours de chauffe » … avant la tenue effective du dialogue national. Il n’y a qu’à très bien décrypter les signes du temps.
Marcel LUTETE