Quand les eaux deviennent la pompe de discorde : Modeste Mutinga alerte

Mardi 21 octobre 2014 - 17:40

A travers son second livre, le sénateur prévient de l’imminence d’une nouvelle guerre qui semble se profiter. La bataille des eaux !

Après la publication du livre « République des inconscients », Modeste Mutinga vient de publier, le 18 septembre 2014, son deuxième ouvrage : « Le fleuve Congo et ses affluents : château d’eau convoité. La guerre de l’eau aux portes de la RDC ». L’auteur averti la classe dirigeante sur l’imminence d’une nouvelle guerre qui semble se profiler. Celle des eaux ! Le sénateur indexe, sans ambages, plusieurs demandeurs de l’eau du fleuve Congo. Il fait part d’un gigantesque projet de transfert des eaux de l’Oubangi, le plus grand affluent du fleuve Congo, vers le lac Tchad. A cet effet, une force armée dite de « sécurisation du lac Tchad » composée de 3000 hommes serait mise en place. Elle s’établira en République centrafricaine.

La planète bleue est peut-être dans une mauvaise passe. « La guerre de l’eau aux portes de la RDC », ce livre de Modeste Mutinga, donne des chiffres qui en disent plus long. Selon cet ouvrage, l’eau, élément indispensable à la vie et à la survie de l’homme et de tout l’écosystème, occupe 71% de la surface de la terre. Cependant, l’eau douce e représente que 2,8% de l’eau de la planète et les 97,2% restant sont constituées d’eau salée. Plus alarmant, la population mondiale s’accroit dangereusement. Actuellement, elle est estimée à 7 milliards d’âmes. Conséquence : le surcroit de la consommation d’eau.

D’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat –GIEC-, 60% de l population mondiale risque de vivre dans des zones à forte pénurie d’eau d’ici 2050. L’avenir de la planète s’annonce noir. Contraste avec ce tableau sombre, la RC-Congo, pays étendu sur une superficie de 2. 345.000 kilomètres carrés au cœur de l’Afrique, partageant 7.200 kilomètres de frontières avec 9 voisins, est, lui, bien gâtée par la nature. Elle est non seulement dotée d’une forêt tropicale considérée comme deuxième poumon du monde après la forêt amazonienne, à l’ère du réchauffement climatique. La RD-Congo a un réseau hydrographique de 39.000 kilomètres linéaires, comprenant le fleuve Congo -2ème en longueur en Afrique et 2ème du point de vue débit sur le plan mondial-, des nombreux affluents dont les rivières Ubangi, Kasaï, Aruwimi, Kwilu, Kwango … La RD-Congo a donc une place en ressource en eau douce dont les réserves représentent 60% au niveau africain et 25% au plan mondial. « C’est une aubaine certes, mais aussi une source de convoitise et des conflits potentiels », martèle le sénateur Mokonda Bonza.

« La guerre de l’eau aux portes de la RDC » veut attirer l’attention des dirigeants RD-Congolais sur l’appétence des pays voisins qui sentent leurs gorges se dessécher chaque jour.

L’ouvrage indexe ouvertement plusieurs demandeurs de l’eau du fleuve Congo et de l’énergie électrique qui en sera produite, notamment les pays du Sahel, l’Egypte, la Libye, le Soudan, les pays de l’Afrique australe. Il appuie ses hypothèses par des illustrations. « En avril 2012, quatre Chefs d’Etats réunis à Ndjamena, au Niger, avaient décidé d’entamer une étude de faisabilité portant sur le prélèvement des eaux de la rivière Oubangui, affluent de la RD-Congo partagé avec la République centrafricaine et la République du Congo ». Puis : « en mars 2014, la Commission du bassin du Tchad composée du Tchad, Cameroun, Niger, Nigeria, Libye et Centrafrique, a lancé une forte mixte multinationale de sécurité du lac Tchad, structure militaire de 3.000 hommes … ».

L’essai rappelle le projet Transaqua, un gigantesque projet de transfert des eaux de l’Oubangui, le plus grand affluent du fleuve Congo, vers le lacs Tchad. L’initiative est principalement soutenue par l’Union européenne –UE-, la Banque africaine de développement –BAD- et l’Union africaine –UA-. « Des parlementaires de la Commission des forêts d’Afrique centrale, réunis à Bata en Guinée, ont également pris l’engagement de convaincre leurs gouvernements respectifs sur le transfert des eaux de la RD-Congo pour alimenter le lac Tchad qui s’est littéralement desséché », fait savoir le sénateur Flor Musendu Flungu. Et d’ajouter : « lors d’une conférence sur l’eau d’un groupe de pays des bassins du Tchad et du Nil en mars 2014, en Turquie, ces pays n’ont abouti qu’à une seule solution : le transfert des eaux de la RD-Congo qui doivent alimenter simultanément les deux bassins à n’importe quel prix … ».

Hugo Robert MABIALA