Les Forces Vives jugent le Dialogue sans objet

Jeudi 19 novembre 2015 - 14:34

Des délégués des forces vives de la Société civile, en synergie avec plusieurs partis et personnalités politiques, se sont donné rendez-vous hier mercredi 18 novembre 2015 dans la salle des conférences du Cepas, dans la commune de Gombe. C’était pour rendre publique une importante déclaration en rapport avec le processus électoral. On y a enregistré la présence des personnalités telles que Delly Sessanga, Vital Kamerhe, Ingele Ifoto, Samy Badibanga, Kalele, Pierre Lumbi, Endundo…par ailleurs signataires dudit document.

On a également reconnu les signatures de Moïse Katumbi, Pierre Lumbi du MSR, Fidèle Babala du MLC, Samy Badibanga du Groupe parlementaire UDPS et Alliés, Bokumuena Elisée de Funa, Jean-Lucien Busa, Ingele Ifoto, José Makila, Mbusa Nyamuisi RCD/KML, Martin Munkokole, Jean-Claude Vuemba du MPCR, Olivier Kamitatu de l’ARC, José Endundo du PDC,  Kyungu wa Kumwanza de l’UNAFEC, Lutundula du MSDD… 

Le commun dénominateur de ces activistes de la Société civile et de ces opérateurs politiques est qu’ils rejettent tout dialogue qui viserait à créer l’illusion d’un large consensus sur le glissement.

Ils disent non à toute tentative de révision, de changement, de manipulation ou d’interprétation irresponsable et tendancieuse de la Constitution à la veille des échéances électorales constitutionnelles en vue de remettre en question les précieux acquis du Dialogue intercongolais et les engagements de l’Accord- cadre d’Addis-Abeba.

Parmi les associations de la société civile engagées aux côtés des formations politiques, on a noté l’ACAJ, l’Asadho, Les Amis de Nelson Mandela pour les Droits de l’homme, Lutte pour le Changement, Action des Chrétiens pour les Droits de  l’homme, Association pour le Bien-être Social, Action contre l’Impunité pour les Droits de l’homme, Alternative Plus, La Concertation Nationale pour la Bonne Gouvernance, Lutte contre la Fraude, Lutte contre le Tribalisme Raciale en Afrique, Maniema Liberté, Observatoire National pour la Jeunesse, La Voix des Opprimés d’Isiro…

Il convient de noter que c’est Me Timothée Mbuya, directeur exécutif de l’ONG Justitia, qui a procédé à la lecture de l’appel des Forces Vives de la Nation.

Murka

  L’appel des Forces vives de la Nation

            Après avoir passé en revue la situation générale de la République Démocratique du Congo marquée par l’enlisement délibéré du processus électoral et l’instrumentalisation des Institutions de la République aux fins de conserver indéfiniment le pouvoir en évitant la sanction du souverain primaire;

            Assurés que cette politique manifeste de glissement organisé menace la paix, la sécurité et la stabilité du pays et de la sous-région en faisant peser un grave danger sur l’unité et l’avenir de la RD Congo;

            Prenant en compte les aspirations profondes et légitimes du peuple congolais à la liberté, à la paix et au développement ainsi que son attachement à l’Etat de Droit, à la Démocratie, et à l’unité nationale;

            Convaincus que la Constitution de 2006 est le condensé des solutions formulées par notre Histoire à nos contradictions, qu’elle ne peut être préservée qu’au prix d’un large rassemblement populaire et républicain, au-delà de tout clivage politique, social ou confessionnel, autour des idéaux de liberté, de justice et de prospérité partagée défendus par les pères de l’indépendance en 1960, renouvelés à Luluabourg en 1964, à la Conférence nationale Souveraine en 1990 et au dialogue intercongolais de Sun City en 2001;

            Réaffirmant notre attachement à la consolidation de la Démocratie notamment par l’enracinement d’un processus électoral permanent, crédible, libre et transparent;

Déterminés à nous en remettre de façon sincère et loyale à la volonté du peuple congolais, et à bannir toute initiative qui met en cause la tenue effective des élections en 2016, notamment la mise en place d’un Gouvernement d’Union Nationale issu d’un Dialogue et l’adoption par le Parlement d’une la loi organisant le référendum;

            Nous, organisations, associations de la Société Civile, Congolais de la diaspora, partis et personnalités politiques, signataires du présent appel,

  1. Exigeons, la publication immédiate du calendrier électoral réaménagé conforme aux échéances fixées par la Constitution;
  2. Sommons le Gouvernement d’exécuter avec une priorité absolue le budget alloué à la CENI par le Parlement à l’organisation des élections dans le cadre de ce calendrier;
  3. Invitons les partenaires au développement et les pays amis de la Rd Congo, à apporter leur concours financier et technique aux opérations électorales: l’enrôlement des nouveaux majeurs, la révision du fichier électoral, le vote et la contribution à la sécurisation des élections;
  4. Rappelons que le non-respect de la Constitution en ce qui concerne les délais des élections demeure de la responsabilité exclusive du Président de la République qui en est le Garant (selon l’article 69 de la Constitution), qui assumera seul devant les Congolais et l’Histoire les conséquences prévisibles, dommageables et funestes de sa politique;

De ce fait, nous;

  1. Condamnons fermement les restrictions des libertés publiques, notamment les libertés d’expression, de manifestation et des réunions, les arrestations arbitraires ainsi que les lynchages médiatiques dont sont victimes en cette période pré-électorale, les membres des organisations de défense des droits de l’homme, des partis politiques de l’opposition, et demandons ainsi la libération des différentes personnalités politiques, journalistes et activistes des droits de l’hommes détenus en raison de leurs opinions ou de leur ferme opposition à toute tentative de confiscation du pouvoir en violation de la Constitution en vigueur dans notre pays;
  2. Refusons tout dialogue qui viserait à créer l’illusion d’un large consensus sur le glissement et aurait pour conséquence d’entrainer tout le processus électoral dans une impasse hors du seul cadre légal et légitime: la Constitution et, affirmons qu’aucun dialogue ne pourra jamais légitimer un compromis quelconque sur des questions déjà fixées par la Constitution adoptée par 85% des Congolais;
  3. Dénonçons avec la dernière énergie les tentatives de dérive dictatoriale visant notamment à confisquer au souverain primaire le pouvoir de choisir librement ses dirigeants aux échéances fixées par la Constitution;
  4. Rejetons toute tentative de révision, de changement, de manipulation ou d’interprétation irresponsable et tendancieuse de la Constitution à la veille des échéances électorales constitutionnelles’ en vue de remettre en question les précieux acquis du Dialogue Intercongolais et les engagements de l’Accord Cadre d’Addis-Abeba;

            Prenant à témoin la Nation et la communauté internationale, nous en appelons:

  1. A la vigilance de la population pour que, dans le respect de l’article 64 de la Constitution, elle s’investisse à protéger et à assurer, en dernier recours, le respect de la Constitution, par la mobilisation de toutes les couches sociales et les organisations de la société civile pour barrer la voie à l’organisation d’un référendum en violation de la loi fondamentale pour changer de Constitution dans le but de supprimer l’alternance et de consacrer un pouvoir dictatorial ;
  2. Au rassemblement de toutes les forces politiques et sociales autour de la défense de la Constitution du 18 février 2006, creuset des valeurs républicaines de notre Histoire en ce qu’elle garantit l’instauration d’un Etat de droit, le pluralisme politique et l’alternance démocratique, gage de paix et de stabilité économique et de progrès social retrouvés, et à sceller cet engagement dans un pacte républicain par la signature d’un serment solennel de toutes les forces vives de la Nation déterminées à lutter ensemble pour la démocratie au service de la paix, de l’unité et du développement du peuple congolais.

Fait à Kinshasa, le 18 novembre 2015