Icône congolais du 9ème Art (la bande-dessinée), Asimba Bathy se signale bientôt dans l’écriture avec la publication d’un livre intitulé « Kisangani 1964 ». Œuvre à la fois historique et autobiographique de 210 pages, elle sera publiée aux Editions du Crayon Noir en 2016. A en croire l’auteur de l’ouvrage que Le Phare a abordé, l’un de grands épisodes de l’intrigue relate l’errance dans la forêt, pendant deux ans, du jeune enfant d’à peine 8 ans qu’il était.
En effet, convient-il de rappeler, Kisangani, autrefois Stanleyville, est la ville martyre de la RDC controlée en 1961 par Antoine Gizenga qui prit la tête d’un gouvernement sécessionniste de celui de Kinshasa. En 1964, la ville est occupée par les guerriers Simbas qui prennent la population en otage. Stanleyville est reprise au cours de «l’opération Dragon rouge» menée par le 1er régiment paracommando de l’armée belge après l’échec d’une tentative de négociation menée par le ministre belge des Affaires étrangères, Paul-Henri Spaak. Crimes, massacres, enlèvements et tous genres de violation des droits humains ont caractérisé cette époque que l’auteur de « Kisangani 1964 » essaie de livrer à la postérité dans sa version de l’histoire.
« Kisangani, terre de la composition à la «je t’aime moi non plus’ reçoit sur son sol les aventuriers de Jean Schramm, les Diaboss, les gros bras de l’ancien colonisateur et les soldats locaux pour faire face aux Simba.
La poudre parle le seul langage qu’elle est capable d’articuler. La fumée monte, l’hémoglobine coule…
Nous allions à l’école chaque matin en enjambant les morts. L’odeur de putréfaction était devenue notre parfum quotidien et nous étions contraints de nous y habituer malgré nous. Pendant la récré, nous mangions devant ce théâtre de corps en décomposition. Les vendeuses de beignets qui nous approvisionnaient quotidiennement dès 10 heures du matin ou 15 heures viennent au rendez-vous, tous les jours, au même endroit et aux mêmes heures, sans se décourager. Il fallait faire avec.
Rivalisant de dextérité avec les mouches, les chiens, devenus les maîtres de la situation à leur manière, se sont offert une orgie à ciel ouvert. A pleines dents, ils croquent la chair humaine avec un appétit indescriptible. La fête commençait par leurs anciens propriétaires » peut-on lire dans cette œuvre qui s’annonce accrochant.
Bédeiste et caricaturiste de renom, Asimba Bathy est diplômé en Humanités scientifiques. Il entre en publicité à l’Académie des Beaux-Arts en 1979 et accumulera divers brevets qui feront de lui un professionnel réputé de la communication par voie de presse. Il soutient ou lance alors divers magazines et collabore à différents journaux de Kinshasa. Coordonnateur de l’association BD-KIN-Label, il a été primé en 1980 au Concours de BD sur la protection de l’environnement organisé par le journal CALAO, et obtient de nombreux prix dont, en 1983, le 1er prix du concours d’affiches sur la Quinzaine du cinéma européen. Il a signé sa participation à l’album de BD «Congo 50» pour commémorer les 50 ans d’indépendance du Congo le 30 juin 2010.
Infographiste designer, il a réalisé aussi des courts épisodes de dessins animés. Il a travaillé comme journaliste et metteur en page au journal culturel Disco magazine, puis pour des tabloïds d’informations générales Salongo, Mambenga 2000, Epanza Makita, Les Stars, Le Soir du galibot, Liberté, Le Terminus, Le journal du citoyen ainsi qu’au journal satirique Le Boa éventré. Il est le créateur d’autres organes comme Le Journal (informations générales), Alléluia ! (informations religieuses) et Un Journal pas Comme les Autres (spécialisé dans le théâtre). Il est également le père de logos de plusieurs journaux paraissant à Kinshasa ainsi que du logotype d’AfriBD. Sa première BD est « Panique à Kinshasa », sortie en février 2014.
Tshieke Bukasa