L’Udps, le Mlc et l’Unc pris au piège

Jeudi 4 juin 2015 - 13:20

Ils sont allés tellement vite en besogne qu’ils se retrouvent pris complètement au dépourvu par la marche des choses. Le déplacement des princes de l’Eglise catholique vers le Palais de la Nation a provoqué un véritable tsunami sur la scène politique nationale.

Il nous revient que dans plusieurs états – majors politiques de l’Opposition, l’heure est à la révision complète de la stratégie. Le boycott du Dialogue commence à apparaître comme une voie suicidaire. D’autant plus suicidaire que la crédibilité de l’Eglise catholique au sein de l’opinion nationale pèse énormément dans la balance.

Mais aussi et surtout parce qu’au sortir de sa double audience avec le Chef de l’Etat, l’Eglise catholique, par ses bouches autorisées, a donné toutes les garanties sur la fiabilité du processus du Dialogue lancé par Joseph Kabila.

Il ne serait donc pas étonnant de voir dans les prochains jours, qu’à défaut de rejoindre le bal ouvert au Palais de la Nation, plusieurs acteurs de l’Opposition ne s’empêchent d’accourir vers le portail du Dialogue en gestation.

Comme nous l’avions révélé avec beaucoup de pertinence, les leaders religieux du Congo, l’Eglise catholique en tête, sont parvenus à arracher l’initiative de l’histoire aux opérateurs politiques. C’est eux qui dictent la nouvelle marche à suivre. Les politiques seront ainsi obligés de courir après les événements.

Remake

En effet, dans notre livraison d’hier, nous révélions, sous le titre très évocateur de “Dialogue l’Eglise catholique bouleverse tout, ce qui suit : On la connaît comme la plus grande frondeuse de la République. Elle a démontré sa capacité de mobilisation et son envergure au lendemain de la présidentielle de novembre 2011. Alors que l’Udps peinait à organiser la contestation, l’Eglise catholique a su s’imposer comme le canal le plus efficace de la contestation citoyenne.

La voir aujourd’hui, à l’heure des consultations en vue du Dialogue, prendre le contrepied, bouleverse tout sur la scène nationale. Là où, unanimement le gros des partis de l’Opposition radicale ont boudé le rendez-vous du Palais de la Nation, l’Eglise catholique a répondu plus que favorablement. Et à double titre. D’abord à travers la Cenco avant-hier, et ensuite, à travers le Cardinal hier.

Cette position de l’Eglise catholique, couplée à celle des autres sensibilités religieuses, dont l’ECC, l’Eglise kimbanguiste, le Réveil et les musulmans, complique tous les calculs des Opposants. Il serait hasardeux pour eux de rester sur le trottoir, lorsque tout le reste de la Nation, jusqu’à la Société civile et au pouvoir traditionnel, a accepté de se mettre en branle pour le Dialogue.

Le déplacement du Cardinal vers le Palais de la Nation est un pieu planté dans la stratégie du boycott choisi par l’Opposition politique. Surtout si les indiscrétions en notre possession parvenaient à se confirmer. A savoir que l’Eglise, à travers le Cardinal, pourrait jouer à la médiation dans le nouveau marathon politique en gestation.

Acté

L’équation se révèle d’autant plus compliquée pour les contestataires que la matière à discussion au Dialogue pointant à l’horizon apparaît comme l’une des plus nobles et soutenables pour l’opinion nationale. Justement, discuter autour de la crédibilisation du processus électoral et créer ainsi un climat d’apaisement avant les élections. C’est tout ce que recherchent ardemment les congolais de toutes les provinces. Il serait dès lors politiquement suicidaire de se mettre en marge de ce processus. Pour autant que le Chef de l’Etat a en plus décidé de mettre la communauté internationale à travers les différentes missions diplomatiques accréditées au pays et la Monusco dans le coup.

Sans conteste, le prétexte de glissement imputé au Dialogue en gestation, comme l’exigence d’une médiation internationale, va apparaître fantaisiste à terme.

Les Congolais auront vraiment du mal à comprendre que là où les confessions religieuses du pays, l’Eglise catholique en particulier, ont accepté d’accompagner les acteurs politiques au consensus sur le processus électoral, les opposants se déclarent non partants. Comment comptent-ils dans ce cas assurer l’alternance qu’ils appellent chaque jour de tous leurs vœux ?

Comme convaincre le peuple de leur sérieux lorsque tout le monde qui a été au Palais de la Nation, en commençant par l’Eglise catholique, ne jure que par le respect de la Constitution et de ses plus stricts délais liés au calendrier.

Pour une fois et contrairement à la tradition vécue en 1960 à la Table ronde, dans les années 90 à la CNS et en 2002 à Sun-City, l’histoire de la Rdc sera écrite et imposée par les religieux. Très distraits dans l’ensemble et sans vision conséquente, les politiques se verront obligés de suivre les hommes d’Eglise.
C’est acté.
Par LP

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